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Duels aériens : l’issue de secours

Par Nicolas Zanardi
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    Duels aériens : l’issue de secours
Publié le Mis à jour
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Dans un jeu de plus en plus fermé, les duels aériens semblent constituer l’unique échappatoire pour glaner de bons ballons d’attaque. Mais comment se mettre en situation de les gagner ?

C’est régulièrement le cas lors des Tournois précédant le Mondial. Exceptée cette dernière journée, au contexte si particulier de course au point-average, l’édition 2015 aura été particulièrement axée sur la défense. Le point d’orgue en demeurant la victoire des Gallois sur l’Irlande avec 250 plaquages et 36 % de possession de balle… Des statistiques qui ont fatalement renforcé l’opinion de l’entraîneur des Blacks Steve Hansen, lequel déclarait voilà quinze jours craindre que le rugby à XV devienne ennuyeux. « Toutes les mêlées ou presque se terminent pas une pénalité, sur tous les regroupements ou presque les ballons sont ralentis. Ce n’est pas seulement un problème européen, c’est un problème global sur lequel les arbitres doivent se pencher. » Des propos auxquels un autre Sudiste, l’inénarrable David Campese, n’a pas manqué de réagir. « Hansen n’est pas fou : aujourd’hui, le jeu ressemble à du mauvais XIII car tous les ballons sont ralentis dans les regroupements. Pour moi, la seule solution, c’est de rétablir le « bad rucking », afin de châtier les joueurs qui traînent dans le camp adverse. » Le propos aurait de quoi faire sourire, si l’on veut bien se rappeler quel genre de joueur était David Campese, mais soulève un vrai point de vue. Reste que le rugby, dans sa quête d’image propre, a renoncé à ce genre d’agissements depuis le règne de l’arbitrage vidéo, et qu’il faut bien faire avec. Voilà pourquoi, plutôt que le jeu à la main, c’est désormais le jeu aérien qui détermine bien souvent le sort d’un match. Incapables de jouer devant ou dans le premier rideau défensif, les équipes se résignent désormais à jouer par-dessus, lui conférant une importance stratégique. C’est bien sûr vrai sur les renvois (lire ci-contre) mais plus encore dans le jeu courant. Si bien que de chasseurs d’essais, les ailiers sont devenus chasseurs d’hommes, dans le but d’imposer de la pression à la retombée des « bombes » ou de récupérer des ballons, dernières bonnes munitions offensives dans le jeu moderne puisque les seuls permettent d’évoluer face à une défense sur le reculoir et désordonnée.

Avantages près des lignes : la meilleure solution ?

Mais ces litanies de coups de pied de récupération ne sont-ils pas préjudiciables au spectacle ? « Chaque équipe a le droit de jouer avec ses forces, se défendait le sélectionneur de l’Irlande Joe Schmidt. C’est le charme du rugby à XV et c’est ce qui fait sa richesse. » Le seul essai d’Irlande — Angleterre se trouvant d’ailleurs inscrit par le centre Henshaw à la réception d’un énième « boxkick » du demi de mêlée Conor Murray dans l’en-but…

Hasard ? Sûrement pas. Autrefois enclines à ne jamais se séparer du ballon au pied dans les zones de marque, les équipes modernes ne dédaignent plus aujourd’hui utiliser cette solution dans les situations d’avantage signalé par l’arbitre. Cela afin de ne pas perdre cet avantage en tenant le ballon mais aussi dans l’idée de marquer sur un coup de dé, plus ou moins à l’image des treizistes sur sixième tenu… Cela est d’ailleurs vrai au niveau international aussi bien qu’en club : Toulouse ayant fait plier Montpellier de la sorte en exploitant les oublis de Ranger, quand Castres avait marqué par Max Evans face à Lyon après un par-dessus dans l’en-but de Kockott. Le début d’une mode ?

Coups d’envoi : la quête du un contre un

Certes, tous les coups d’envoi n’ont pas vocation à être bottés pour être récupérés. N’empêche que dans la stratégie et la conduite d’un match, il demeure indispensable de pouvoir le faire lorsque cela est nécessaire… Voilà pourquoi il faut toujours être capable de placer un joueur en position de jouer un duel aérien. Pour ce, le premier préalable concerne la répartition des avants sur le terrain, afin de faire planer un maximum d’incertitudes. Un choix qui varie selon les équipes, certains choisissant de placer quatre avants de chaque côté du botteur, d’autres évoluant à 7+1, voire en 6+2. Le rôle du botteur étant par ailleurs de maîtriser sa frappe mais aussi d’alterner les zones de façon à éviter les blocs de saut, afin de désorganiser la défense. Face à l’Irlande par exemple, Chouly (placé en défense en bord de touche, côté des trois-quarts) avait été constamment visé par Sexton et mis sous pression par le grand ailier Bowe. « Nous avons hésité à décrocher un avant pour lui servir de soutien, nous avait confié à l’issue du match Yannick Bru. Mais si nous l’avions fait, Sexton aurait visé la zone où celui-ci manquait. » Une quadrature du cercle qui n’aurait pu être résolue que par un changement d’attitude de Chouly. Si, par exemple, celui-ci avait reculé jusqu’à se placer directement en touche avant le coup d’envoi, de façon à sauter non pas en reculant, mais en avançant…

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