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Glas : «J’avais le cul entre deux chaises»

Par Emilie Dudon
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    Glas : «J’avais le cul entre deux chaises»
Publié le Mis à jour
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Stéphane Glas, l’entraîneur des trois-quarts de Montpellier, est le seul survivant de l’ancien staff. Il a vécu des moments difficiles en fin d’année 2014 mais, après avoir voulu partir, il a promis qu’il restait au club jusqu’en fin de saison… Retour sur une période délicate.

Quel est votre sentiment après le succès de notre équipe contre le RCT ?

Il ne faut pas se le cacher : si nous avions perdu cette rencontre, nous aurions joué le maintien dans les semaines à venir. Alors, même si nous avons encore besoin de points, s’imposer contre Toulon, qui est la grosse équipe du championnat, fait beaucoup de bien. C’est un gros soulagement. ça n’a pas été un grand match de rugby mais ce qu’on a fait, on l’a bien fait.

S’il est difficile de déjà parler d’effet White. Qu’est-ce qui a changé cette semaine ?

Jake a amené sa propre méthode. Pour tout vous dire, on n’a pas eu le temps de faire énormément de choses entre mardi, mercredi, jeudi et vendredi. Mais les joueurs ont été très à l’écoute de ce qu’il a dit et de ce qu’il a demandé. D’abord compte tenu du passé et du palmarès de l’homme mais aussi parce qu’un match très important les attendait.

Sentez-vous qu’un nouveau cycle est enclenché ?

J’espère qu’on a mangé notre pain noir et que c’est fini… ça fait quand même deux mois qu’on est dans la galère, qu’on gagne pas ou peu. J’espère que cette victoire va nous permettre de basculer. Je crois que les joueurs ont pris beaucoup de plaisir lors de ce match, dans le combat notamment, et qu’ils vont reprendre confiance. Parce que la différence entre grand joueur en confiance et un grand joueur qui doute est énorme. Il faut maintenant enchaîner avec le déplacement à Oyonnax pour valider ce succès.

Que change cette modification de staff pour vous ?

Pas grand-chose. Je garde mes prérogatives. Les entraînements sont un peu longs… Jake m’a demandé ce que je voulais faire et il m’a dit ok quand je le lui ai expliqué.

Vous avez vécu une fin d’année difficile à titre personnel. Dans quel état en ressortez-vous ?

Ce n’est pas évident… Quand tu débutes une aventure avec certaines personnes, tu préfères la terminer avec elles aussi. Ceci dit, il fallait vraiment se recentrer sur le rugby. Ces derniers temps à Montpellier, on a beaucoup parlé d’extra-sportif, d’entraîneurs, de bons ou de mauvais résultats, de pas mal de choses qui étaient faites en coulisses. Et on ne parlait plus beaucoup de rugby. Ces derniers jours, les choses se sont passées très vite. Jake est arrivé avec Shaun lundi, le premier entraînement a eu lieu mardi, on jouait le samedi. On n’a pas encore eu le temps de parler d’autre chose que de rugby et de la préparation de ce match contre Toulon. Il fallait réaliser une grosse semaine de travail parce que cette victoire était capitale. Elle fait un peu basculer les choses, et moi avec. C’est un peu dur à vivre mais je suis concentré sur le travail qui ne manque pas, alors ça va.

Vous sentez-vous dans la peau d’un rescapé ?

Je suis le rescapé dans cette histoire, oui… Après le départ de Mario (Ledesma, N.D.L.R.), j’avais demandé au club de me libérer. Je voulais être solidaire parce que je me demandais pourquoi seulement lui devait payer les pots cassés.

Vous avez eu le sentiment que Mario Ledesma était le bouc émissaire de cette histoire ?

Nous avions des mauvais résultats mais pourquoi lui plutôt qu’un autre ? C’est comme ça… Une décision avait été prise et il fallait agir en conséquence.

Et vous étiez donc prêt à partir ?

Oui j’étais prêt à partir. J’en ai beaucoup discuté avec le président. J’ai une très bonne relation avec M. Altrad et il m’a dit qu’il ne voulait pas que je m’en aille.

Cela aurait été une décision forte…

Je ne sais pas… Je ne pense pas que ce soit si fort que ça. Je trouvais simplement que ce qui arrivait à Mario était un peu injuste. Mais j’ai discuté avec M. Altrad, qui m’a dit qu’il ne me laisserait pas partir. J’ai pris deux jours pour réfléchir et j’ai décidé de rester.

Qu’est-ce qui vous a convaincu ?

Le fait que le président m’ait dit qu’il avait besoin de moi jusqu’à la fin de la saison, qu’il ne savait pas comment faire autrement car il n’y avait personne sur le marché. Encore une fois, nous avons une bonne relation alors… D’un côté, je ne voulais pas lâcher Mario mais d’un autre côté, je ne voulais pas lâcher M. Altrad. C’était une position extrêmement délicate et difficile à vivre pour moi. J’avais le cul entre deux chaises, pour parler clairement. D’autant que les résultats ne suivaient pas alors ça n’arrangeait pas les choses.

Il y a ensuite eu la mise à pied de Fabien Galthié la semaine dernière. Comment l’avez-vous vécue ?

C’était dur de voir partir Fabien aussi mais j’avais promis à M. Altrad qu’il pourrait compter sur moi jusqu’à la fin de la saison… Encore une fois, je me suis retrouvé dans une position difficile. Mais que voulez-vous que je vous dise ? Les choses sont ce qu’elles sont. Des nouveaux entraîneurs sont arrivés. Je connaissais Shaun pour avoir joué avec lui au Stade français et il parle français en plus. Jake, de son côté, m’a été présenté mardi matin et on s’est concentré sur le boulot. C’est quelqu’un de très ouvert et, même si Fabien et Mario ne sont plus là, j’ai un bon feeling avec lui. Vraiment.

Honnêtement, c’est mieux que Jake White soit arrivé pour prendre la place de numéro un […] Je suis plus à l’aise. »

Stéphane GLAS, Entraîneur des arrières du MHR

Vous êtes le seul rescapé de l’ancien staff et Mohed Altrad vous avait proposé de prendre le rôle de numéro un à un moment. Ne sortez-vous pas renforcé de cette période de turbulences ?

Honnêtement, c’est mieux que Jake White soit arrivé pour prendre la place de numéro un. C’est bien d’avoir fait venir quelqu’un d’expérience, qui a l’habitude de jouer « le pompier de service ». Il a quand même été champion du monde, possède un grand palmarès, alors c’est l’homme de la situation vu le contexte difficile. À partir du moment le président voulait du changement, autant que ce soit avec lui.

Vous êtes plus à l’aise de cette façon ?

Je suis plus à l’aise, en effet. Comme je vous l’ai dit, je reste dans ce que je sais faire. Vraiment, il était important que quelqu’un comme Jake arrive.

Avez-vous plus de libertés dans votre travail ?

Je n’ai travaillé qu’une semaine avec Jake… Mais c’est vrai qu’il est très cool. Après, j’avais quand même une certaine liberté avec Fabien. Et puis, nous avons eu des résultats pendant deux ans et demi ! L’équipe a disputé un quart de finale de Coupe d’Europe il y a deux ans, un quart de finale de championnat, une demi-finale directe. Ce n’était jamais arrivé dans l’histoire du MHR. Peut-être que Fabien était en fin de cycle avec le club.

Son départ était-il une bonne solution selon vous ?

J’avais toujours espoir que ça aille mieux. Même quand Mario est parti d’ailleurs…

Mais s’il y avait une fracture avec les joueurs…

(il coupe) Mais moi, je ne suis pas joueur, il faut leur demander à eux. La fracture, je ne l’ai pas vue. Vraiment. L’a-t-on mis à pied pour un souci avec les joueurs ou pour les résultats ? Pour l’instant, c’est pour les résultats. Moi, je ne suis pas au courant d’un problème avec le groupe. Beaucoup de gens m’en parlent mais aucun joueur n’est venu me voir en me disant qu’il n’en pouvait plus de Fabien et qu’il fallait faire quelque chose. Après, je suis coach alors je n’étais peut-être pas la personne qu’ils seraient allés voir, même si j’ai une très bonne relation avec eux.

Est-ce ce relationnel avec le groupe qui vous a sauvé selon vous ?

Je ne sais pas. Peut-être. Mais il aurait aussi fallu trouver quelqu’un derrière moi. Peut-être le président a-t-il pensé à me virer à moi aussi à un moment ?

L’an passé, le MHR avait aussi connu un enchaînement de défaites sans vivre une crise comme celle-là. Comment l’expliquez-vous ?

Je ne sais pas. Ce que je peux regretter, c’est qu’on n’était pas non plus à la place de Castres quand tout a explosé. À la même époque l’an dernier, on n’était pas mieux que huitième. De notre défaite à domicile contre Castres en novembre à notre victoire à Toulouse à la mi-février, nous avions passé trois mois et demi très longs… Chaque fois qu’on recevait, on avait une pression énorme parce qu’on savait que si on perdait, on jouerait le maintien. Alors pourquoi les choses ont-elles été différentes cette saison ? Je ne saurais pas vous dire.

Alors que le MHR se déplace à Oyonnax samedi, vous êtes annoncé pour former un duo avec Olivier Azam à l’USO la saison prochaine. Qu’en est-il ?

Il faut remettre les choses dans leur contexte : la première chose, c’est que ma compagne vit à Lyon. La deuxième chose, c’est que j’ai reçu un coup de fil d’Oyonnax, en effet. J’ai longuement discuté avec l’un des présidents. La troisième chose, c’est qu’on ne s’est pas vus avec les dirigeants oyonnaxiens. Compte tenu du match qui doit se jouer samedi, nous avons décidé d’attendre que le début d’année passe pour nous rencontrer. Je n’ai pas envie de les voir avant une rencontre de cette importance, et eux non plus d’ailleurs. Pour l’instant, c’est statut quo. Il me reste encore un an de contrat avec le MHR, que je peux dénoncer.

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