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Ligue fermée : une vraie source d’inspiration

Par Jérémy Fadat
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    Ligue fermée : une vraie source d’inspiration
Publié le Mis à jour
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La concurrence sportive toujours aussi vive au sein de l’élite est un atout indéniable. Mais c’est aussi une source d’inquiétude et d’instabilité. Du coup, la NBA et les autres systèmes de franchises américaines, sont des sources d’inspiration pour les dirigeants français.

La puissante économie du sport américain fait depuis longtemps rêver les dirigeants des clubs du Vieux Continent. Outre-Atlantique, les sports majeurs ont abandonné le système pyramidal que l’on connaît en Europe, qui permet à un club amateur, grâce à ses simples résultats sportifs, de gravir les échelons jusqu’à s’inviter à la table des professionnels. Un système de ligue ouverte où la compétition sportive l’emporte sur la concurrence économique, laquelle domine dans les ligues fermées nord-américaines. Un système qui a de plus en plus de supporters parmi les dirigeants européens car il permet aux propriétaires des franchises de mieux maîtriser leurs charges, d’anticiper leurs déficits (avec notamment la possibilité de revente de la franchise ou son déplacement géographique pour trouver un bassin économique plus prospère), contrairement aux clubs européens qui finissent souvent les saisons dans le rouge. Pourtant, Alain Tingaud, vice-président de la LNR, assure qu’une ligue fermée n’est pas à l’étude : «Cela ne correspond pas à l’état d’esprit du rugby et je ne suis pas certain que l’on y gagne en termes de qualité rugbystique. Si l’on regarde le Super Rugby, c’est un système très consanguin, et je ne crois pas qu’il ait des partisans chez les présidents des clubs français. En revanche, une ligue européenne fermée pourrait voir le jour car c’est une compétition qui demande des budgets conséquents et tout le monde ne pourra pas y accéder.» Une éventualité déjà à l’étude chez les plus grands clubs de football européen qui permettrait de conserver le système actuel de développement des clubs et des joueurs.

Un championnat protégé

En effet, le système américain qui régit le football US, le basket, le baseball, le hockey, le soccer, etc. délaisse complètement le sport amateur et notamment la formation. Les ligues professionnelles puisent leurs nouveaux joueurs dans le monde scolaire et universitaire. Fermer le Top 14 reviendrait à remettre en cause tout le système hexagonal, abrogeant un autre principe pyramidal de notre système où l’on peut débuter à l’école de rugby et atteindre l’équipe première au sein d’un même club. Néanmoins, le président de la Ligue de football professionnel (LFP) Frédéric Thiriez a fait un pas supplémentaire vers la mise en place d’une ligue fermée en évoquant «un championnat davantage protégé, en resserrant l’élite», «un renforcement de la licence club», alors qu’il venait de briser les rêves du club amateur de Luzenac de rejoindre le monde professionnel. Il ne cache pas sa volonté de protéger les entreprises commerciales de spectacle que sont les clubs de football professionnels. Il réclame un abaissement des charges et réfléchit à des options permettant d’accroître les recettes. Des mesures qui entraîneraient le renforcement des positions des «insiders», c’est-à-dire les clubs professionnels en place, au détriment de potentiels nouveaux entrants, ce qui reviendrait à égratigner « la glorieuse incertitude du sport ».

La draft : parfait pour équilibrer les niveaux

C’est pourtant le suspense sportif qui permet aux sports américains de générer une telle économie. En effet, les patrons des franchises et des ligues ne veulent surtout pas remettre en cause «la glorieuse incertitude du sport». Au contraire, ils cherchent à éviter à tout prix les longues périodes de domination, que ce soit au cours d’une saison avec des séries de victoires importantes ou sur plusieurs années. Le manque de suspense entraîne un désintérêt des fans qui ne viennent plus au stade pour supporter leur formation face à une petite équipe. C’est pourtant ce qui se passe en Europe où les grands clubs utilisent leurs revenus pour attirer les meilleurs talents et accroître leurs ressources en billetterie. Un système assumé par Toulon, par exemple. Mais selon les économistes, l’inégalité sportive nuit à la compétitivité financière du championnat. Une ligue fermée ne peut exister sans régulation, sans un turnover régulier au niveau des meilleures franchises de la compétition. Les États-Unis, modèle du libéralisme économique, ont privilégié au sein de leurs ligues professionnelles un système jugé socialiste de l’autre côté de l’Atlantique, avec la volonté de présenter des équipes de niveau égal. Pour cela, la logique de recrutement des jeunes joueurs favorise les équipes les moins bien classées, c’est le système de la draft, permettant ainsi à la franchise des Chicago Bulls (basket), dont le palmarès était vierge depuis sa création en 1966, de recruter Michael Jordan et de gagner six titres NBA dans les années 90. Une position dominante qui s’est logiquement effritée en raison des règlements des sports américains. Il est certain qu’avec un tel système, le Stade toulousain n’aurait pas disputé vingt demi-finales de championnats consécutivement.

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