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Toulouse, l’air morose

Par Jérémy Fadat
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    Toulouse, l’air morose
Publié le Mis à jour
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Moins de 48 heures après la défaite subie à Montpellier et le traumatisme de l’élimination européenne, les troupes stadistes ont repris le chemin d’Ernest-Wallon. Dans l’amertume et la grisaille. Et à quatre jours d’un nouveau rendez-vous vital, à Castres… Sensations qui pourraient annoncer un rebond.

Et maintenant ? C’est la question qui brûle chaque lèvre endolorie du côté de Toulouse. À peine assommés par le désastre de dimanche à Montpellier, les joueurs stadistes doivent se relever, repartir à la guerre. Mardi matin, le champ de bataille d’Ernest-Wallon laissait pourtant poindre ses ruines. Sous la grisaille hivernale, refroidie par un vent glacial, l’atmosphère était pesant. Lourd. Presque morose. À quatre jours de son déplacement à Castres, la troupe de Guy Novès est encore en deuil. Celui d’une compétition européenne, si chérie au cœur du club le plus titré de l’Hexagone, si bien embarquée voilà deux semaines, tellement bien gâchée en l’espace d’une double désillusion majuscule. Mardi, l’entraînement matinal était ouvert mais à 10 h 30, personne n’avait mis le pied dehors… Louis Picamoles, forfait pour le stage du XV de France mais qui a effectué quelques tours de terrain la veille, s’en est allé en civil. Croisant au passage Patricio Albacete, puis Alexis Palisson, opéré récemment du genou et venu visiter le staff médical. Visages fermés, sourires gênés. Par courtoisie, le manager Guy Novès, arrivé à son tour aux alentours de 11 heures, a aimablement salué la presse et la poignée de supporters présents. Ils étaient beaucoup moins qu’à l’accoutumée. Moins d’une dizaine. Les temps sont rudes. Et ces rares fidèles n’ont même pas eu droit à voir les hommes fouler les pelouses d’entraînement d’Ernest-Wallon. « C’était récupération et soins », s’est contenté Florian Fritz en quittant les lieux. Suivi des piliers Census Johnston et Gürthro Steenkamp, lesquels, embarrassés, refusaient de s’exprimer sans l’accord des coachs.

David : «Le moral dans les chaussettes»

Finalement, c’est Yann David qui est s’est pointé le premier pour poser des mots sur les maux. Le sentiment général, près de 48 heures après la catastrophe héraultaise ? «Forcément, après un si mauvais résultat, on a le moral dans les chaussettes. On a perdu de peu, le match nous a échappé en deuxième mi-temps. Ce qui explique cette disqualification prématurée.» David aurait dû parler d’élimination mais le lapsus est révélateur. Avant la réception de Bath, il y a dix jours, le Stade toulousain était qualifié pour les quarts de Champions Cup. Ou si peu s’en faut. « On a connu des périodes meilleures, souffle Jean-Marc Doussain. C’est dur à encaisser. » Et à analyser. Mais l’heure des représailles attendra la séance video. Pour l’instant, il faut panser les plaies. Soigner. Réveiller. Car le traumatisme est profond. « On avait d’autres ambitions », avoue Gaël Fickou. Il faut les revoir à la baisse, tellement au rabais. La Coupe d’Europe pour pleurer, le championnat pour souffrir. Décidément à la peine sur tous les fronts, les Stadistes ne sont que septièmes en Top 14. L’état d’alerte est déclaré depuis longtemps, celui d’urgence est désormais décrété. « On est en danger tous les week-ends depuis un moment, tempère Doussain. On ne l’est pas plus aujourd’hui qu’hier.» Sauf qu’il n’y a plus qu’une prise pour vivre. «Le groupe demeure fort et soudé, c’est une certitude, confie David. On va mettre toutes nos forces sur le championnat. Il ne nous reste que ça. Il faut relever la tête.»

Doussain : «On avait le fil conducteur, on l’a perdu»

Ce mardi, les joueurs toulousains s’exprimaient tels des soldats déjà à terre. Entre instinct de survie et quête du désespoir. Ils doivent pourtant retrouver l’espérance. «On va aller puiser dans nos ressources, assure David. Il y a une grosse remise en question mais on garde espoir. Rien n’est fini.» Et c’est alors un compte à rebours vital qui vient de s’enclencher pour le club. « Il faut gagner le plus de matchs possibles et être en phase finale, résume Fickou. Mais on n’a plus vraiment de droit à l’erreur. » Première étape : retrouver la foi. «La défaite à Montpellier est peut-être due à un manque de confiance, glisse Doussain. Le fil conducteur, on l’avait il y a quelque temps mais on l’a perdu petit à petit. Au moins dans le contenu, on doit faire un match plus que correct à Castres. » Pierre-Antoine, rendez-vous de samedi. Capital. Déjà battu deux fois à domicile sur la scène nationale, le Stade a l’obligation de réagir hors de ses terres. « Ce sera un match sous tension, reconnaît David. On doit y aller le plus libéré mais le plus rigoureux possible. » C’est l’avenir d’un monument qui se joue dans les semaines à venir. Actuellement, il n’est même pas qualifié pour la prochaine Coupe d’Europe. Un cataclysme économique… D’où une crainte chronique et sévère ? « On se concentre entièrement sur le championnat », évacue David. Quand ils n’ont plus que ça… « Maintenant, ça peut basculer, confesse Fickou. Il faut faire en sorte que ça bascule vers le haut. » Mardi après-midi, à défaut d’un destin, les Toulousains ont retrouvé le terrain.

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