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"La gloire aux insouciants" : l'édito du vendredi, avant France - Angleterre

Par Léo FAURE
  • Nicolas Depoortere, Damian Penaud, Léo Barré, Nolann Le Garrec et Georges-Henri Colombe (XV de France)
    Nicolas Depoortere, Damian Penaud, Léo Barré, Nolann Le Garrec et Georges-Henri Colombe (XV de France) Icon Sport - Sandra Ruhaut
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Ils ont 20 piges, à peine plus et ne s’en soucient guère. La vie devant eux, la carrière aussi, et l’insouciance qui va si bien à leur âge, dont on ne voudrait pour rien au monde qu’ils se départissent.

Ils ont le talent, c’est sûr, mais pas encore l’expérience et on s’en fout pas mal. C’est justement sur le refrain de cette inconséquence douce que la jeunesse bleue a redonné de belles couleurs aux plumes du coq, dimanche dernier à Cardiff.

Parce qu’ils sont encore jeunes et heureux, parce qu’ils sont encore peu marqués par les choses et les échecs de la vie, Barré, Le Garrec, Meafou, Depoortere ou Colombe incarnent ce souffle nouveau qui rend à l’air de Marcoussis une humeur légère. Alors, par pitié, ne leur parlez pas de pression, de responsabilités et des conséquences, ils s’en foutent pas mal. Ne les lancez pas sur les méandres de ce funeste quart de finale : ils ne l’ont pas vécu si ce n’est comme vous, comme nous, K.-O. debout et devant la télé. Incrédules face à l’impensable. De ce jour noir du rugby français, cette jeunesse porte les stigmates du spectateur, celles dont on s’accommode finalement ; pas le traumatisme ad vitam aeternam de l’acteur, celui qui a vu glisser entre ses doigts le rêve d’une vie.

Ne leur contez pas les risques et l’importance de ce match, ce France-Angleterre, ce crunch, ce choc et l’horizon éventuellement terne d’une quatrième rencontre consécutive à domicile sans victoire : vous allez les dénaturer, eux et leur rugby positif.

L’Angleterre arrive, c’est un fait, et elle fait à nouveau peur. Comme les choses vont vite : si désespérante depuis deux ans, assise sur l’inconfort d’une Coupe du monde validée par le résultat (3e place) mais dépréciée par un contenu parfois famélique, encore vacillante en ce début de Tournoi où sa fragilité l’emportait sur l’enthousiasme, il lui aura suffi d’un match pour retrouver de son éclat. Et la crainte qu’elle inspire. Une victoire face à l’Irlande et un scénario à tension, de ceux qui vous gonflent le cœur.

Cela place le défi pour les Bleus, jeunes pour certains, et qui suivent une trajectoire similaire : le choc du Mondial, les mauvaises gueules de bois et les lendemains difficiles, un début de Tournoi raté sur la forme et sur le fond. Puis des changements, de nouvelles têtes, de nouvelles aspirations offensives, une victoire probante et historique à Cardiff. Voilà qu’on se reprend à les aimer comme il se devait. Il aura suffi d’une étincelle. Tout va si vite.

Alors, s’il y a bien une chose qu’on voudrait dire à ces Bleus et leurs plus jeunes âmes, à l’aube de la bataille féroce qui s’avance et s’annonce au Groupama stadium de Lyon, c’est que leur jeunesse sera leur plus bel atout. Qu’il ne sera pas question les concernant d’une guerre, d’une sauvagerie, d’une revanche que les Anglais se promettent à eux seuls sur l’humiliation d’il y a un an à Twickenham. Il sera seulement question d’un jeu, celui de rugby. Celui qui les amuse depuis enfant.

Qu’ils profitent encore un peu de cette fraîcheur. Un match au moins. Un jour, au soleil tombant de leur carrière, ils se poseront pour regarder derrière eux. Ils se souviendront de ces jours heureux, ceux qui leur semblent aujourd’hui si normaux. Ils se diront que c’était bien et que ce jour-là, un 16 mars 2024 à Lyon, ils ont finalement accompli quelque chose de rare dans une vie : ils ont battu l’Angleterre.

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