Abonnés

International - Luka Matkava (Black Lion), le grand espoir de la Géorgie qui a failli se tourner vers le MMA

  • Luka Matkava cumule déjà quinze sélections avec la Géorgie.
    Luka Matkava cumule déjà quinze sélections avec la Géorgie. Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
Partager :

À vingt-deux ans, Luka Matkava est déjà le titulaire indiscutable au poste d’ouvreur pour la Géorgie et le Black Lion. Grand espoir du pays, le numéro 10 aurait pu suivre une carrière de combattant MMA…

Le rugby plutôt que le MMA. En pleine adolescence, Luka Matkava s’est longtemps questionné sur son avenir sportif. D’un côté, Jon Jones, champion du monde des mi-lourds de l’UFC, de l’autre, Quade Cooper, l’ancien ouvreur fantasque de l’Australie et des Queensland Reds. "Ils sont toujours mes deux idoles ! J’ai eu du mal à choisir, mais finalement j’ai préféré suivre la même voie que Cooper. J’ai d’abord joué demi de mêlée dans ma jeunesse avant de basculer à l’ouverture. Ce poste me convenait mieux" sourit le jeune d’ouverture géorgien. Pari gagnant. Loin d’être un golgoth assoiffé de sang au milieu d’un octogone (Matkava mesure 1,78m pour 85kg), le diamant du Black Lion a sans doute mieux fait de manier la balle ovale plutôt que d’enfiler les gants. Avec quinze sélections au compteur, Luka Matkava a déjà grillé toutes les étapes et trône aujourd’hui sur le fauteuil de numéro 10 titulaire de la Géorgie. Indiscutable ouvreur du Black Lion, l’équipe phare du pays, le natif de Tbilissi est l’un des nouveaux joyaux du Caucase.

Ses jambes de feu, son long coup de pied et sa féroce défense crèvent l’écran à chaque rencontre des Lelos ou du Black Lion. Loin d’être le plus bavard de ses coéquipiers, l’ouvreur à la fine moustache noire préfère taper face aux perches du stade Mikheil Meshki de Tbilissi, avant de défier Clermont, plutôt que de s’extasier devant la presse. Comme un symbole, l’un de ses coups de pied à failli atterrir sur la tête d’un confrère, alors en discussion avec Levan Maisashvili, ancien sélectionneur des Lelos. Un trait de personnalité typique du personnage. "Quand j’étais petit, j’étais à la fois plein d’énergie mais très silencieux. Parfois même grincheux (rires). J’étais assez bagarreur, c’est pour cela que je voulais rejoindre l’UFC. Mais mon frère jouait également au rugby et à cette époque, je le suivais n’importe où il allait, mais quand il a arrêté, j’ai continué !" confie le jeune ouvreur. Titulaire lors de la dernière Coupe du monde, Luka Matkava a toujours le goût amer d’une élimination précipitée dès la phase de poules, tout comme son ancien sélectionneur Levan Maisashvili.

Levan Maisashvili a lancé la carrière internationale de Luka Matkava.
Levan Maisashvili a lancé la carrière internationale de Luka Matkava. Icon Sport - Icon Sport

L’un des symboles de la nouvelle Géorgie

S’il peste encore contre l’arbitrage, notamment lors de la rencontre face aux Fidji, l’ex-boss des Lelos voit un avenir brillant pour Luka Matkava. Lancé sous les ordres de Maisahvili en 2020, en même temps que Davit Niniashvili, l’ouvreur a impressionné son sélectionneur par son mental. "Sa résilience est impressionnante. C’est un garçon dur au mal, il peut terminer des matchs avec dix, quinze ou vingt plaquages. C’est très rare pour un demi d’ouverture. Il se sacrifie chaque week-end. Ce n’était pas facile, pour moi, de le faire rentrer au pays de Galles lors de cette fameuse victoire à Cardiff (N.D.L.R : la Géorgie s’était imposée 13-12 face au XV du Poireau en 2022, une première dans l’histoire du pays), mais il a finalement tapé le coup de pied de la victoire à vingt-et-un ans. Ce n’est pas anodin et c’est le symbole de son mental. Il est l’un de nos plus grands espoirs aujourd’hui" clame Maisashvili.

"Il est un peu différent des ouvreurs que nous avons eu par le passé. Il est performant en attaque, en défense et au pied. C’est un profil que nous n’avions pas avant. Mais son plus grand axe de progression reste sa technique. Il doit travailler ses skills pour être encore meilleur et diversifier son jeu". Luka Matkava fait partie d’une génération émergente dans le Caucase : celle des trois-quarts fins, rapides et calibrés pour le haut niveau. À l’instar de l’ouvreur, Davit Niniashvili, Tedo Abzhandadze ou Akaki Tabutsadze, certes un peu plus âgé, sont les nouvelles menaces d’une sélection en pleine mutation. "Je suis très content que le rugby géorgien évolue et se tourne davantage vers les arrières. Nous avons toujours eu la réputation d’être très forts physiquement et de compter presque exclusivement sur nos avants. Mais nous sommes en train de trouver le bon équilibre et c’est prometteur" affirme Matkava, vite suivi par son ancien sélectionneur.

Davit Niniashvili est également l'un des grands espoirs géorgiens.
Davit Niniashvili est également l'un des grands espoirs géorgiens. Icon Sport - Icon Sport

"La Géorgie sera toujours réputée pour son jeu féroce, avec la puissance de nos avants. Ce sera toujours notre force. Mais le rugby moderne nous oblige à équilibrer notre jeu, parce que nous n’avons pas eu des résultats satisfaisants avec notre style de jeu traditionnel, surtout face aux grandes nations. Mais sans des avants puissants, nos trois-quarts ne pourront pas sourire (rires)".

Son axe de progression ? Jouer face aux grands !

Malgré sa montée en régime depuis plusieurs années, la Géorgie doit encore apprendre. Les résultats du dernier Mondial l’ont encore prouvé. Trop forts pour le Rugby Europe Championship, ex-Tournoi B, et pas assez étoffés pour batailler dans le Tournoi des 6 Nations, les Lelos sont dans un entre-deux assez inconfortable. Si elle parvient à arracher quelques test-matchs face aux nations historiques du ballon ovale ces dernières années (France, pays de Galles, Écosse, Afrique du Sud…), la Géorgie en veut plus. "Le principal axe de progression de Luka ? Jouer plus de matchs à très haut niveau, face aux grands de ce sport. Mais cela ne dépend pas de lui. On a un grand écart avec les nations du Tier 1. Lorsque nous affrontons une grande nation en novembre, nous devons attendre juillet pour avoir une nouvelle opportunité. Ce n’est pas normal. Mais je ne me fais pas de soucis pour lui, il a tout pour réussir !". Levan Maisahvili va maintenant regarder son protégé sous les ordres de Richard Cockerill, fraîchement nommé à la tête de la Géorgie et du Black Lion. Le petit prince du rugby géorgien est maintenant attendu pour mettre le feu dans l’Europe du rugby.

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?