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Hommage - Quand Loretta fait revivre Christophe Dominici avec un livre bouleversant

Par Marc Duzan
  • Jeudi prochain, les éditions Michel Lafon publient "Sans Lui", un livre bouleversant où Loretta Denaro, la veuve du grand "Domi", rend hommage à l’ancien ailier du XV de France. Jeudi prochain, les éditions Michel Lafon publient "Sans Lui", un livre bouleversant où Loretta Denaro, la veuve du grand "Domi", rend hommage à l’ancien ailier du XV de France.
    Jeudi prochain, les éditions Michel Lafon publient "Sans Lui", un livre bouleversant où Loretta Denaro, la veuve du grand "Domi", rend hommage à l’ancien ailier du XV de France. DR
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Jeudi prochain, les éditions Michel Lafon publient "Sans Lui", un livre bouleversant où Loretta Denaro, la veuve du grand "Domi", rend hommage à l’ancien ailier du XV de France.

Au sujet de celui qu’elle appelle "amore mio"*, Loretta Denaro dit ceci : "Pendant treize ans, j’ai partagé la vie d’une tornade que le mot "impossible" faisait vibrer, un homme qui voyait grand, qui rêvait haut, qui rêvait beau." À l’origine de cet amour inconditionnel, il y a déjà cette rencontre que l’Italienne date de mai 2007 et qu’elle situe au cœur d’un restaurant de la Porte de Saint-Cloud, où elle travaillait alors comme serveuse. Elle écrit : "Le restaurant s’appelle Les Princes. […] Un jour, le patron des lieux, qui m’a pris sous son aile à mon arrivée à Paris, me dit qu’"un garçon" aimerait bien avoir mon numéro de téléphone. "S’il n’est pas capable de me le demander directement, lui dis-je du tac au tac, c’est qu’il n’est pas très courageux. Laisse tomber, je ne veux pas" Je pense alors en rester là".

Quelques jours plus tard, un énorme bouquet de roses blanches lui est pourtant livré aux Princes et, bien décidé à lier connaissance avec la jeune italienne, Christophe Dominici tombe enfin le masque. "Il n’est pas très grand mais son corps dégage une puissance incroyable, se souvient-elle à présent. Ce que je vois surtout, ce sont ses yeux. Ils expriment tant de timidité, de gentillesse, que je ne peux pas m’empêcher de sourire. Lui ne paraît pas très à son aise, il finit quand même par me dire qu’il aimerait m’inviter à prendre un café. Ses copains me raconteraient plus tard que quand il m’a vue passer la première fois dans le restaurant, il leur a dit : "Cette fille sera la mère de mes enfants." C’était pour lui une évidence." S’en suivront treize ans d’amour jamais ordinaires, souvent tempétueux mais desquels naîtront Kiara et Mya, les deux filles du couple Dominici.

Au fil des pages, Loretta Denaro dresse le portrait d’un homme drôle, sensible et passionné. "Dans cette effervescence perpétuelle, raconte-t-elle, il reste proche des autres : au début du confinement dû au Covid, il décide de faire fabriquer 2 millions de masques et du gel hydroalcoolique" pour la ville de Boulogne-Billancourt, où le couple vit depuis plusieurs années. Trois ans après la disparition de l’ancien international, l’Italienne réfute pourtant l’idée que Christophe Dominici ait pu un jour ou l’autre avoir des tendances dépressives. "Avec moi, il était fort et capable de rebondir après un échec. Excessif, à vif, oui et dans tout. Mais ni angoissé, ni dépressif. […] L’homme que l’on décrit comme "broyant du noir" n’est pas celui que j’ai connu, fort et combatif, comme il l’était sur les terrains de rugby. C’est vrai qu’il recherchait dans le business cette même poussée d’adrénaline qu’il ressentait sous les clameurs du stade. Il n’a pas su se protéger de ceux qui comptaient tirer profit de ses failles. Aujourd’hui encore, je suis prise dans un tourbillon de colère contre ceux qui lui ont nui. Je me dois de rétablir la vérité. Pour moi, et pour mes filles aussi. Car les mères sont ainsi faites, elles sont des louves, des guerrières et j’ai trouvé la force de me reconstruire pour elles, pour qu’elles soient fortes, elles aussi."

La colère d’une mère louve

La "colère" dont parle Loretta est principalement dirigée vers ceux qui, des mois durant et alors que ledit "Domi" tentait de racheter le club de Béziers, ont mené en bateau l’ancien ailier des Bleus. Il est ici question du couple Ben Romdhane, qui se présentait alors comme propriétaire d’une société exportant du pétrole (Sotaco) depuis les Émirats Arabes Unis. "De février à juin 2020, écrit Loretta, Christophe va passer ses journées à rencontrer des gens, écrire, téléphoner pour tenter de séduire et de convaincre. Lui et Samir (Ben Romdhane) s’entendent comme larrons en foire, ils passent des après-midi à parler du rachat du club, de tout et de rien. On dirait presque que Christophe est envoûté par lui ! Samir a la folie des grandeurs et cela lui plaît. De plus, il est tactile, presque tendre avec Christophe : il l’appelle "mon frère", lui promet de le faire "entrer dans la famille du pétrole". – On va en vendre, des barils, mon frère ! Tes filles seront des princesses ! lui répète-t-il."

Les premiers doutes entourant la surface financière de ceux qui se présentaient alors comme les plus grands mécènes que le rugby français ne connaîtrait jamais poindront pourtant rapidement. Au fur et à mesure de la lecture de "Sans Lui"**, les souvenirs de Loretta frappent comme autant de claques : "J’essaie alors d’alerter la mère de Christophe en lui disant que Nadia et Samir (le couple Ben Romdhane) ne sont pas ce qu’ils prétendent être : "Nicole, on a découvert qu’ils vivaient dans un HLM, à quatre dans la même pièce, eux qui affirment être dans le pétrole et qui se disent milliardaires ! C’est leur fille qui l’a dit à la nôtre ! Tu ne trouves pas ça bizarre, toi ?" Plus tard, j’apprendrai que le luxueux appartement du huitième arrondissement, dans lequel Samir et Nadia reçoivent, ne leur appartient pas. […] Le couple s’y est installé alors que le Covid obligeait tout le monde à se confiner, ils l’ont occupé pendant des mois sans jamais l’acheter."

Une chute de 10 mètres, les lumières bleues du Samu

In fine, la piste Sotaco sera retoquée à de multiples reprises par la DNACG, le gendarme financier du rugby français, et la vente capotera. Domi ? Il accusera le coup des semaines durant, à la fois humilié d’avoir été dupé par son "frère", meurtri d’essuyer à présent les plaisanteries goguenardes d’une partie du rugby français, totalement épuisé, surtout, d’avoir donné six mois de sa vie à un projet qui s’effondra tel un château de cartes, une fois la vérité mise à nue.

Sa mort, elle, surviendra peu après, à la suite d’une chute de plus de dix mètres dans le Parc de Saint-Cloud. Un peu plus de trois ans plus tard, Loretta n’a évidemment rien oublié du dernier jour sur terre de son homme, des lumières bleues du Samu devant les grilles de l’enceinte, du cordon de police, de cette atroce réalité qui prend forme sous ses yeux, des bras qui se tendent, des hommes qui s’approchent et finalement, de ces voix qui lui apprennent la mort de "Domi". "Lorsque les petites rentrent de l’école, écrit-elle aussi, je les prends dans mes bras, je pleure, je bredouille, parle d’accident, de maladie… Je ne sais plus exactement ce que je leur dis. Je ne peux même pas leur raconter ce qui s’est passé. Nous pleurons ensemble, nos trois corps ne faisant qu’un. Nous ne savons rien sauf une chose : papa ne sera plus avec nous, jamais."

* mon amour

** Sans Lui, édition Michel Lafon, parution le 8/02/2024

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Les commentaires (2)
Etchetchetche Il y a 3 mois Le 27/01/2024 à 23:20

Rip Christophe...le meilleur pour sa famille ...la photo est magnifique...

Babati Il y a 3 mois Le 27/01/2024 à 20:57

Un très très grand joueur...