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XV de France - Thomas Laclayat, portrait d'un pilier serial marqueur à l'ambition internationale

  • Thomas Laclayat figure dans la première liste de Fabien Galthié pour le Tournoi des 6 Nations.
    Thomas Laclayat figure dans la première liste de Fabien Galthié pour le Tournoi des 6 Nations. Icon Sport
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À l’ombre de Uini Atonio, rien ne pousse ou presque, au poste de pilier droit. Et si Thomas Laclayat, cinq essais aplatis en Top 14 et auteur d’un très bon début de saison avec le Racing, avait son mot à dire ?

Vu de loin, Thomas Laclayat colle plutôt bien à l’image que l’on se faisait naguère d’un pilier droit : pas très grand (1, 76 m), rond comme une balle (126 kg) et moins volubile que ne le sont les plus beaux bateleurs de la banlieue ouest, qu’ils se nomment Juan Imhoff, Siya Kolisi ou Christian Wade. Chez Laclayat, l’a priori est pourtant une chose et la réalité, une autre : à l’hiver 2024, le forçat de la Haute Bresse est ainsi l’un des marqueurs les plus prolifiques du championnat, talonne ses coéquipiers Nolann Le Garrec et Henry Arundell au tableau d’honneur (6 essais chacun), n’est pas si loin que ça, non plus, de l’un des plus grands finisseurs de l’histoire du rugby français (Damian Penaud, 7 essais aplatis depuis le début de saison et 35 sous le maillot tricolore) et de façon générale, balaye avec un certain raffinement les clichés vissés à sa fiche de poste.

C’est qu’en tout état de cause, l’ancien pilar d’Oyonnax n’est pas seulement là pour tenter de caler la mêlée du Racing. S’il a signé, c’est aussi pour faire péter les coffres-forts du Top 14 et donner à la grosse Bertha de Lancaster des atours plus meurtriers. Laurent Travers, son président, explique en préambule : "Lorsque je l’ai rencontré, j’ai tout de suite apprécié son attitude : Thomas Laclayat est quelqu’un de droit, quelqu’un qui veut aider l’équipe. Et puis, être élu par ses pairs meilleur joueur du Pro D2 (saison 2022-2023) n’est pas anodin, lorsqu’on joue pilier… Et encore moins terminer l’exercice en tant que cinquième meilleur marqueur du championnat ! […] Pour moi, son potentiel fut donc tout de suite évident : Thomas a un centre de gravité très bas, une explosivité rare et une force qui lui permettent, près des lignes, de trouver des espaces. Sa marge de progression est encore importante mais s’il continue de travailler comme il le fait, il peut un jour devenir le meilleur pilier droit français." Dimitri Szarzewski, l’entraîneur des avants franciliens, vole au soutien dudit Toto : "Quand ils le voient, les gens croient que Thomas est uniquement un pilier de mêlée mais il pige très bien le rugby : à proximité des lignes, il est devenu pour nous un vrai facteur X."

Thomas Laclayat a connu sa première sélection avec les Bleus face aux Fidji.
Thomas Laclayat a connu sa première sélection avec les Bleus face aux Fidji. Icon Sport - Icon Sport

Laclayat : "La vidéo est devenue virale…"

De Laclayat, son ancien coach à Oyonnax Vincent Debaty dit surtout qu’il a un jour été chronométré à plus de "30 km/h, en vitesse de pointe". À cette évocation, l’intéressé se contente de hausser les épaules et jouer du sourcil, ne sachant que répondre : "Il ne me semble pas que mon père aille très vite, pourtant… Je ne sais pas d’où ça vient, en fait… Ce doit être un don…" Un don de Dieu ou la taille de ses mollets, peut-être ? Il se marre plus volontiers, puis nous invite maintenant à poser avec lui le regard sous la table où trônent en effet deux poutres pour le moins singulières : "Je ne les ai pas encore comparés avec les mollets de Josua Tuiova mais il y a match, je pense." Le pilier droit du Racing, qui a fêté son unique sélection l’été dernier face aux Fidji (34-17), n’a donc pas vraiment d’explication à son rendement actuel. Alors, il dit juste : "Jusqu’à 15 ans, je jouais deuxième centre ou numéro 8. J’ai dû garder quelques réflexes." Centre, vraiment ? "Ouai, un coffre à ballons, quoi… Chez les jeunes, les mecs qui portent fort le ballon, on les met souvent dans la ligne de trois-quarts. Arrivé à Oyonnax (il avait 16 ans, N.D.L.R.), on m’a néanmoins fait comprendre qu’il fallait que je déménage…"

Le déménagement en question n’eut pas de quoi, pourtant, enrayer l’irréfrénable attraction que l’en-but provoque encore chez lui et il y a quelques mois, Thomas Laclayat basculait donc dans le domaine public après avoir aplati un essai magnifique face à Bayonne en demi-finale de Pro D2, au gré d’une percée de 50 mètres doublée d’une insolente feinte de passe. "La vidéo est rapidement devenue virale, se souvient-il à présent. Cela reste une fierté, évidemment. […] Tout le monde aime marquer des essais ! Moi, je les marque généralement aux abords d’une zone où pas grand monde ne veut du ballon, à des endroits où il faut aller se frotter à deux ou trois adversaires avant d’aplatir. J’ai une capacité, dans ces petits espaces, à pouvoir avancer. Alors, j’en profite et près de l’en-but adverse, j’essaie toujours de me mettre en position de toucher le ballon." Il marque une pause, se frotte la joue de son énorme paluche, referme la thématique : "Je crois juste que le poste de pilier évolue, en fait : on n’est plus seulement cantonné à la mêlée fermée."

Thomas Laclayat s'est révélé sous les couleurs d'Oyonnax, où il a pris part à la montée du club aindinois la saison dernière.
Thomas Laclayat s'est révélé sous les couleurs d'Oyonnax, où il a pris part à la montée du club aindinois la saison dernière. Icon Sport - Icon Sport

Son rêve bleu…

Aussi réussi son début de saison eut-il été, Thomas Laclayat pourra-t-il un jour s’imposer en équipe de France ? De fait, Fabien Galthié et William Servat le couvent du regard depuis de nombreuses années, sans avoir encore totalement succombé aux charmes de l’enfant de l’Ain. À ce jour, Uini Atonio et Dorian Aldegheri semblent encore le devancer dans la hiérarchie tricolore. La faute à quoi, au juste ? À un cardio parfois en souffrance, lorsque le tempo s’élève ? "Même si Oyonnax avait le plus haut temps de jeu effectif du Pro D2, détaille Dimitri Szarzewski, il n’avait pas l’habitude des matchs à haute intensité. S’il veut franchir un palier et enquiller en équipe de France, il doit apprendre à répéter les tâches, passer plus rapidement de l’attaque à la défense". Ou alors, à une tenue de mêlée moins optimale que ne l’est celle de ses deux actuels concurrents en Bleu, par exemple ?

"Si vous faites référence au dernier match du Racing à Bath, nous disait récemment Fabien Galthié, je ne suis pas d’accord avec vous. Les Racingmen ont ce jour-là été sanctionnés sur un plan tactique - ils ont fait pivoter les mêlées - pas sur un rapport de force individuel. Thomas, je compte beaucoup sur lui." Au sujet de l’épreuve de force propre dont on cause, l’intéressé conclut ainsi : "Depuis le début de saison, je rencontre des adversaires que je n’avais pas l’habitude de jouer auparavant. En Champions Cup et en Top 14, l’approche de la mêlée fermée est totalement différente qu’en Pro D2 : avec Oyonnax, dès qu’on avançait en mêlée, on était récompensé ; en Top 14, c’est plus subtil que ça : les arbitres regardent les axes de poussée et j’ai eu du mal à m’y adapter, au départ. Mais j’y travaille et j’espère avoir progressé". Le poste de pilier droit, vaste désert du rugby français, l’espère tout autant que lui…

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Les commentaires (5)
CasimirLeYeti Il y a 3 mois Le 25/01/2024 à 21:25

Peut-être pas de suite dans les 23 contre l'Irlande mais en suivant, pourquoi pas ?

Jeff66 Il y a 3 mois Le 24/01/2024 à 16:21

Encore jeune...

envoituresimone Il y a 3 mois Le 24/01/2024 à 15:40

Il n'as pas le niveau international en mêlée et dans le jeu il manque du souffle.