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Carnet noir - "Il fut le prince des arrières" : Gareth Edwards rend hommage à JPR Williams

Par Marc Duzan
  • Gareth Edwards et JPR Williams ont tout raflé, ou presque, avec le pays de Galles.
    Gareth Edwards et JPR Williams ont tout raflé, ou presque, avec le pays de Galles. PA Images / Icon Sport
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Mardi matin, l’ancien demi de mêlée de Cardiff et du pays de Galles Gareth Edwards (76 ans) nous a longuement expliqué ce qui rendait son ancien coéquipier JPR Williams si spécial à ses yeux…

On vient d’apprendre le décès, à 74 ans, de JPR Williams, qui fut l’arrière de la plus grande équipe galloise de tous les temps…

Oui, j’ai appris la nouvelle lundi soir et suis encore sous le choc. Maureen, mon épouse, était ces derniers jours en contacts réguliers avec sa famille. Je savais que JPR était fatigué mais je ne voulais pas envisager le pire. (il soupire, reprend) Le fait que mon ami soit parti le même jour que Franz Beckenbauer (ancienne légende du football allemand, N.D.L.R.), dont la disparition concentre aujourd’hui la majorité des hommages, n’accorde à mon sens pas la place qu’aurait mérité dans les médias l’immense joueur et le grand bonhomme que fut le docteur JPR Williams.

Pourquoi JPR Williams était-il un joueur aussi atypique ? Et qu’est-ce qu’il faisait de lui un arrière hors du commun ?

J’ai toujours comparé JPR Williams aux plus grands arrières français. Il m’a toujours fait penser à Pierre Villepreux et Serge Blanco : longue foulée, appétence pour la relance, élégance… Williams a fait partie de ceux ayant changé le rôle de l’arrière dans le rugby.

De quelle manière ?

Quand j’ai débuté ce sport, les arrières avaient coutume de rester dans leurs 22 mètres et, lorsque le danger s’avançait, taper le plus loin possible dans la balle pour dégager leur camp. Ca n’allait plus loin. JPR, lui, apportait une réelle plus-value à notre ligne de trois-quarts, à la fois pour sa capacité à relancer mais surtout pour son talent à surgir au bon moment dans la ligne . Il avait un timing de course hallucinant, donnait à notre lancement de jeu une accélération dingue.

Quoi d’autre ?

Aussi doué JPR Williams a-t-il été en attaque, il fut aussi un diable de défenseur. Il avait un tel courage, il mettait une telle détermination dans son rôle de dernier rempart que sa seule présence au fond du terrain nous rassurait beaucoup. Et puis, quelle élégance… (il s’arrête, soupire) JPR fut le prince des arrières.

Quand vous repensez à JPR Williams, quel souvenir vous revient immédiatement en mémoire ?

La tournée des Lions britanniques en Afrique du Sud, bien évidemment ! A l’époque, notre groupe était très expérimenté : Willy John McBride (ancien deuxième-ligne de l’Irlande, N.D.L.R.), Gordon Brown (ancien deuxième-ligne de l’Ecosse, N.D.L.R.) savaient ce qu'était le rugby sud-africain. Ils nous disaient que si on détournait les yeux, si nous ne rendions pas les coups, nous étions morts.

Alors ?

Ils ont inventé l'appel 99 (au Royaume Uni, le numéro des urgences est le 999, N.D.L.R.). Dès qu'un de nos joueurs était en mauvaise posture, il hurlait « 99 ! » et ses coéquipiers devaient alors se jeter sur le premier Springbok qu'ils croisaient. Un jour, contre le Transvaal, je me souviens avoir reçu un coup de poing au moment où je faisais une passe. Le temps de me relever, mon assaillant était couché. Stewart McKinney, notre flanker irlandais, avait rendu justice. Ce jeu rude n'était pas de tradition chez les Lions. Les Sud-Africains ont été pris à leur propre jeu.

Vous êtes-vous battu ?

Moi et Phil Bennett, non ! En revanche, je revois JPR Williams traverser le terrain pour frapper le deuxième ligne adverse, le colosse van Heerden ! Ce mec devait peser le double de mon poids ! Quand je vous dis que JPR était un homme courageux…

Vous êtes hors-jeu !

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