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XV de France / Top 14 - Le prochain Tournoi, le dossier Barré... Laurent Labit se livre : "On entre dans le monde d’après"

Par Marc Duzan
  • Laurent Labit s'est longuement confié sur son nouveau rôle au Stade français et sur l'avenir du XV de France.
    Laurent Labit s'est longuement confié sur son nouveau rôle au Stade français et sur l'avenir du XV de France. Icon Sport
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Depuis deux mois, Laurent Labit est le nouveau patron sportif du Stade français. Pour nous, l’ancien chef de l’attaque tricolore évoque le Tournoi des 6 Nations à venir, le cas Alldritt, le dossier Barré, l’Irlande sans Sexton, la « référence » Galthié et la succession de Uini Atonio chez les Bleus. C’est à vous, "Lolo"…

Avant de devenir le patron sportif du Stade français, vous avez longtemps fait partie du staff tricolore. Comment envisagez-vous le Tournoi des 6 Nations qui se profile ?

C’est un Tournoi avec trois réceptions (l’Irlande, l’Italie et l’Angleterre, NDLR). De fait, l’équipe de France peut, et doit, envisager la victoire dans la compétition. À mes yeux, c’est même une année à grand chelem…

Vous êtes optimiste…

Oui, même si j’ai tendance à me méfier du déplacement en Écosse, face à une équipe qui ne nous a pas toujours réussi.

Quid de l’Irlande, à présent ?

Après leur élimination en quart de finale de Coupe du monde, les Diables Verts ont coché le premier match de la compétition ; ils veulent se racheter. Ce France - Irlande à Marseille est une finale avant l’heure. La victoire dans le Tournoi passera nécessairement par un succès sur ce match.

Aussi forts soient-ils, les Irlandais disputeront la compétition sans Johnny Sexton…

Oui. Pour certaines nations, c’est le monde d’après. Il y a l’après Johnny en Irlande, l’après Dupont en France… Tout ça sera d’ailleurs très intéressant à suivre. Je pense que l’Irlande voudra néanmoins garder les mêmes principes de jeu, même si le stratège n’est plus là.

Le XV de France a souvent du mal à démarrer la compétition. Le fait de pouvoir compter, à Bordeaux, sur une ligne de trois-quarts internationale, peut-il aider la sélection à trouver des repères plus rapidement ?

C’est un plus, oui. On le voit bien avec le Leinster, qui a toute la saison à disposition la quasi-totalité de l’équipe d’Irlande. Au niveau international, on manque toujours de temps mais le calendrier du Tournoi permet cette année d’avoir un objectif clair, évident : les Bleus auront quinze jours pour préparer le match contre l’Irlande et ne regarderont pas au-delà. […] L’an passé, on avait failli se prendre les pieds dans le tapis en Italie parce qu’on avait tous en tête le match qui suivait, à Dublin…

La charnière Lucu-Jalibert s’impose-t-elle logiquement, face à l’Irlande ?

Je ne veux pas jouer au sélectionneur. Mais je pense que Fabien Galthié continuera ce qu’il a fait depuis quatre ans. Il a des certitudes et un « ranking » plutôt clair à chaque poste. Derrière Antoine, Maxime Lucu a toujours été une évidence et devrait le rester, au vu des matchs qu’il réalise avec l’Union Bordeaux-Bègles. Et ce même si Nolann Le Garrec et Baptiste Couilloud font eux aussi un très bon début de saison.

C’est le moins que l’on puisse dire…

Antoine Dupont survole le poste en France et dans le monde. Mais on est armés en France, à ce poste. Moi, je crois que les Irlandais ou les Anglais seraient très contents d’avoir Maxime Lucu avec eux pour disputer le Tournoi…

Le deuxième mandat de Fabien Galthié sera-t-il plus difficile que le premier ? L’attente semble colossale autour du XV de France…

L’attente, elle était déjà énorme lors du premier mandat. Ces dernières années, Fabien Galthié a replacé le XV de France dans le top 3 mondial, le ratio de 80 % de victoires en atteste. Et puis, les gens oublient trop souvent que notre équipe était encore très jeune pendant la dernière Coupe du monde. Elle n’avait pas la maturité collective de l’Irlande, de l’Afrique du Sud ou de la Nouvelle-Zélande. Personnellement, je vois donc sur ces quatre prochaines années une équipe de France encore plus forte qu’elle ne l’était jusque-là. Elle a la capacité de se payer (sic) en 2027. Car ce premier titre, on l’attend tous.

Grégory Alldritt, le numéro 8 du Stade rochelais, a fait son retour à la compétition samedi soir, face au Stade toulousain (29-8). Sera-t-il prêt pour le Tournoi des 6 Nations ?

Bien sûr. Greg est joueur qui, à un poste très exigeant, ne joue jamais à l’économie. Il avait besoin de se régénérer après la Coupe du monde et je m’attends aujourd’hui à ce qu’il réalise un très bon Tournoi. D’ici le 2 février (date du France-Irlande, NDRL), il sera dans les clous.

Dans le « monde d’après » dont vous parlez, les Gallois sont eux aussi à l’amorce d’un nouveau cycle, après les retraites concomitantes de Leigh Halfpenny, Dan Biggar, Alun-Wyn Jones, Justin Tipuric ou Ken Owens…

Cela fait quelques saisons que le rugby gallois est en perte de vitesse, notamment en Champions Cup où les franchises de la principauté ne rivalisent plus. On ne les voit plus qualifiées. On ne les voit plus briller. Mais attention : ces Gallois moribonds avec leurs provinces ne sont plus les mêmes, dès lors qu’ils enfilent le maillot rouge. Le déplacement à Cardiff sera difficile mais je vois les Français s’y imposer.

Quid de l’Angleterre, à présent ? Va-t-elle enfin donner les clés de l’équipe à Marcus Smith, l’ouvreur des Harlequins ?

À son arrivée en poste (hiver 2023, NDLR), Steve Borthwick a hérité d’un vestiaire coupé en deux, entre une génération arc-boutée sur un jeu conservateur et une autre, avec des idées moins figées. Sur la Coupe du monde, les Anglais sont clairement revenus à leur fonds de commerce historique mais il sera intéressant de voir comment ils abordent ce nouveau cycle : le choix du numéro 10, avec Marcus Smith ou George Ford, donnera ici une première indication.

Le XV de France manque de piliers droits de très haut niveau. Est-il néanmoins sain de conserver Uini Atonio (33 ans) au sein du groupe tricolore ?

Je pense, oui. Ce choix est bon pour tout le monde : pour le XV de France et le Stade rochelais.

Pourquoi ?

Uini a un profil particulier : il a besoin d’avoir des objectifs élevés pour maintenir son niveau. S’il n’avait que le club, il pourrait se relâcher et ce ne serait bon pour personne. De son côté, l’équipe de France a besoin de Uini parce qu’en plus de ses qualités en mêlée fermée ou dans le jeu courant, il est un sacré bonhomme, qui facilitera le passage et l’éclosion de Sipili Falatea ou Thomas Laclayat…

Quid de Léo Barré, votre arrière au Stade français ? Peut-il d’ores et déjà percer au niveau international ?

Léo a d’indéniables qualités. Il sera un jour un très grand joueur. Il a juste perdu un peu de temps, au club, parce qu’il était tellement doué qu’on l’a un temps promené à tous les postes. Ça ne lui a pas permis d’exploser plus tôt. Depuis un mois, on l’a donc fixé à l’arrière et depuis, tout est plus clair pour lui : il bosse le poste, enchaîne les matchs. Dans les mois et les années qui arrivent, le XV de France devra compter sur lui.

À vos yeux, est-ce une bonne idée qu’Antoine Dupont participe aux Jeux Olympiques avec l’équipe de France à VII ?

Quand Antoine se fixe un objectif, rien ne peut l’arrêter. Il sait le travail qu’il lui reste à fournir pour faire un très bon joueur de rugby à VII. Il veut être une plus-value à cette équipe, pas mettre une ligne de plus à son CV. Il sera au rendez-vous, je ne suis pas inquiet…

Il y a maintenant deux mois que vous avez débarqué au Stade français. En quoi ce club est-il différent du Racing 92, que vous avez entraîné six ans durant ?

Sur le plan des conditions de travail, le Racing était fantastique : le centre d’entraînement du Plessis-Robinson, Paris-la Défense-Arena, tout ça était génial… Au Stade français, on aura ces facilités l’an prochain, avec le Camp des Loges (l’ancien centre d’entraînement du Paris Saint-Germain, NDLR), un outil magnifique. […] À Paris, le club est aussi associé à une ville, une identité. Au Racing, on ne savait pas trop où se rattacher, avec qui, comment… On était le club d’un département, une équipe ballottée dans tout le 92. À part la poignée de supporters acharnés qui faisait tous les déplacements, on sentait peut-être moins la convivialité que l’on sent par exemple à Jean-Bouin, après les matchs.

À ce titre, la dernière défaite du Stade français dans le derby francilien (9-13) a-t-elle été difficile à digérer pour vous ?

Oui. On était sur une bonne série et ce revers fut un coup d’arrêt. Mais avant le derby, j’avais bien dit aux joueurs que ce match n’était pas celui de Laurent Labit.

On dit souvent du Stade français qu’il a un très bon XV majeur mais pas grand-chose derrière. Êtes-vous d’accord avec ce constat ? Et avez-vous prévu de recruter ?

Je suis d’accord avec ce constat. C’est celui que j’ai fait quand j’ai décidé de prendre le Stade français l’année dernière.

En clair ?

À Paris, il y avait un effectif qui était là pour disputer uniquement le Top 14 et essayer de se qualifier dans cette compétition. Or, quand on est au Stade français, un club historique aux quatorze Brennus, on se doit de jouer toutes les compétitions et surtout, de disputer le championnat pour le gagner, sans considérer que la saison est réussie avec une simple qualification. Mon objectif, c’est donc de constituer un effectif professionnel pour jouer les titres et sortir quinze hauts potentiels du club, des garçons capables de faire cinq ou six matchs par saison avec l’équipe professionnelle. Derrière elle, il y avait en effet un grand vide, jusqu’ici. Il n’y avait pas de lien entre l’association, le centre de formation et les pros.

Pour la première fois depuis quatre ans, vous suivrez le Tournoi des 6 Nations en simple spectateur. Qu’est-ce qu’il vous manquera le plus, par rapport au contexte international ?

Tout me manquera. L’équipe de France et le rugby international, c’est le sublime : tu as entre les mains les meilleurs joueurs du pays, tu affrontes les meilleures nations du monde devant 10 millions de téléspectateurs, dans des stades immenses et toujours pleins. […] Au fil d’une saison internationale, tu as onze matchs par an : c’est un peu comme si en club, tu jouais onze finales par saison.

Quoi d’autre ?

La relation que j’avais nouée avec le sélectionneur me manquera aussi. Rugbystiquement, Fabien Galthié est à mes yeux la référence. C’est le meilleur coach que j’ai croisé depuis que je joue, depuis que j’entraîne…

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Les commentaires (1)
Gcone1 Il y a 3 mois Le 01/01/2024 à 10:47

En fait, il semble que tout ait été loupé dans cette préparation de coupe du monde pour l'edf.