Nationale - Portrait : Samuel Nollet (Massy), toujours aussi tranchant

La cote d’un joueur étant liée étroitement à la considération de son responsable sportif, la belle trajectoire de Samuel Nollet à Agen avait pris un tournant vers une sortie de secours sur la pensée de Bernard Goutta qu’il ne correspondait pas à ses attentes, quand le natif de Perpignan avait succédé à Régis Sonnes au moment de la crise sportive de 2021. La vie agenaise de Samuel Nollet était radieuse, jusque-là. Il écrivait le roman d’un fils prodigue de la Martinique en pleine réussite en métropole. Repéré avec ses cousins à l’occasion un tournoi régional organisé aux Baléares, la proposition des recruteurs agenais avait été acceptée favorablement par les deux sœurs, sa maman et sa tante, qui avaient monté derechef un projet de déménagement de groupe de l’île vers le continent, elles avec leurs enfants, afin qu’ils profitent de cette opportunité dans la sécurité du cocon familial.

Une année après son arrivée dans le Lot-et-Garonne, Nollet devenait champion de France cadets dans une aventure collective à une seule défaite. Trois ans après, sous Régis Sonnes, il signait sa première feuille de match en Top 14. À la fin de cette première saison en senior, il paraphait son premier contrat de trois années en tant que membre à part entière de l’effectif professionnel. Un soleil radieux brillait pour lui sur Armandie. Il a suffi de quelques mois, d’un début de saison raté d’une équipe redescendue en Pro D2, de l’éviction de Sonnes, de l’arrivée de Bernard Goutta et des attentes spécifiques du nouveau manager, pour que l’ambiance se refroidisse.

La saison vengeresse

Soumis au vent des succès et des échecs de ses équipes, et aux embardées de la nomination d’un nouveau staff technique, Samuel Nollet était redevenu un simple espoir à moitié considéré, prêté la saison dernière à Massy en Pro D2 quand le club francilien souffrait de blessures multiples. Quelle saison vengeresse il avait réalisée alors ! Troisième ligne centre de métier, mais replacé en numéro 6 en fonction des besoins locaux, le Martiniquais avait multiplié les sorties très flatteuses, au point de devenir non seulement un élément indéboulonnable, qui jouait quatre-vingts minutes, mais surtout un phare dans la tempête, quand Massy enchaînait les défaites. "Ce club de Massy est juste génial, dit-il. Un club sans grand moyen, sans grand confort, où la valeur travail est immense et ceci dans une chaleur familiale formidable. Je m’éclate ici, et même si je voulais jouer en Pro D2, j’ai accepté la prolongation du prêt pour jouer en Nationale avec grand plaisir."

Mais alors qu’il devait conduire Massy vers les sommets de la division inférieure à la pointe de son offensive, ce porteur de balle prioritaire a fait défaut dès le début de saison. Un kyste, cette fois, a eu raison de sa présence. Opéré deux fois pour cette grosseur récidivante à l’aisselle, il avait manqué pratiquement deux mois sans pouvoir s’adonner à une quelconque activité physique. Et puis il est revenu, comme s’il ne s’était jamais arrêté, se distinguant immédiatement de ses prises de balles au timing parfait. À seulement 22 ans, radieux balle en main, plaqueur, gratteur, il affiche un rendement et une maturité de travail précieux dans cette équipe en difficulté.

Et que fera-t-il la saison prochaine, alors que son contrat à Agen se terminera officiellement, ainsi que cette période de prêt ? "Jouer en Pro D2 j’espère, avec Massy ou Agen, mes deux clubs de cœur, dit-il. Ou dans un autre club qui sera intéressé par mon profil."