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200 ans d'histoire (50/52) : L’incroyable non-fusion des deux clubs parisiens, le Stade français et le Racing

  • Pascal Papé face au Racing, lors du derby suivant la fusion avortée.
    Pascal Papé face au Racing, lors du derby suivant la fusion avortée. - Anthony Dibon / Icon Sport
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Ce 13 mars 2017, les présidents du Stade Français et du Racing stupéfient tout le rugby français en annonçant leur fusion. C’était partie pour une semaine de folie.

Le 13 mars 2017 à 11 h 11. Un communiqué tombe sur les tablettes de tous les médias français. Il annonce une information énorme, imprévisible : les deux clubs parisiens, le Stade français et le Racing veulent fusionner. Vingt titres de champion de France rassemblés sous le même blason, deux des plus gros budgets, deux stades modernes à leur disposition. Certains journalistes croient au canular. Pourtant, les deux présidents ont préparé leur coup dans le plus grand secret. Dans la foulée, Thomas Savare et Jacky Lorenzetti tiennent une conférence de presse au Parc de Bagatelle, lieu de la première finale de l’Histoire entre les deux clubs, devant une foule de journalistes encore sous le choc. On parle quand même des deux derniers champions de France.

Les deux patrons précisent qu’il ne s’agit pas d’une action de survie, comme c’est souvent le cas quand on parle de fusion, mais d’une façon d’unir leurs forces. Ils affichent leur volonté de créer une sorte de super club composé de quasiment 100% de joueurs sélectionnables avec quelques vedettes internationales. Le projet s’entend, même si personne n’est emballé, c’est le moins qu’on puisse dire. À peine la nouvelle connue, une vague de colère se répand, la pilule est trop dure à avaler. Les joueurs des deux équipes font très vite connaître leur mécontentement, les supporters aussi.

Le rugby français d’élite va vivre une de ses semaines les plus folles. Tout démontre que les deux présidents avaient pris cette décision en catimini sans se rendre compte des réactions qu’elle allait susciter. Pour les nostalgiques incorrigibles, les amoureux de l’Histoire, la semaine folle qui succéda l’annonce fut une forme de réconfort. Oui, même à l’époque du professionnalisme assumé, des présidents ne pouvaient pas faire n’importe quoi avec un club qui existait avant eux. Des supporters des deux camps s’organisent pour protester, avec oriflammes, drapeaux, bonnets et pancartes. Plus qu’on ne l’aurait supposé.

Les joueurs du Racing restent de marbre après l’annonce de leur président, ceux du Stade français ne cachent pas leur colère. Des mots durs sont même échangés. Prévenu par Thomas Savare, Max Guazzini, l’homme qui a sorti le club des limbes dans les années 1997-1998, manque de tomber à la renverse et se réfugie dans le mutisme.

Pascal Papé en porte-drapeau

Le deuxième ligne Pascal Papé, très remonté, devient vite le porte-drapeau de la révolte des joueurs au maillot rose. Il ne mâche pas ses mots à l’endroit de son président. "On parle d’humains, là ! On ne parle pas d’immobilier (Jacky Lorenzetti est propriétaire du groupe Foncia) ou de planche à billets (la famille Savare possède Oberthur, spécialisée dans l’impression fiduciaire). C’est un délire de riches. On ne bafoue pas comme ça cent trente-quatre ans d’histoire." Côté Racing, Henry Chavancy pur produit du club, se prend le bec avec son président, chose inimaginable jusqu’alors.

Une idée émerge vite. Dans une fusion, il y a toujours un fort et un faible, c’est une loi bien connue des affaires. Des supporters stadistes voient vite dans l’opération une absorption de leur club par un Racing plus puissant. Depuis quelque temps, on disait que Thomas Savare voulait céder un club qui lui coûtait les yeux de la tête. En six ans, il n’était jamais parvenu à trouver l’équilibre financier. Le Racing était propriétaire de l’Arena, sa salle couverte, le Stade français n’était que locataire de Jean-Bouin, propriété de la ville de Paris.

La semaine ne fut qu’une suite de polémiques. Les Parisiens se mettent en grève. Les matchs des deux clubs, à Castres et à Montpellier, sont reportés. La FFR de Bernard Laporte, ex-coach des "Soldats Roses", se saisit de l’affaire pour combattre la fusion et attaquer la Ligue de son ennemi Paul Goze, accusé d’avoir cautionné cette idée folle. Il y aura des répercussions. La levée de boucliers est telle que le projet fait flop au bout d’une semaine. Le 19 mars, Jacky Lorenzetti signe une lettre à son public : "Je renonce au rapprochement avec le Stade français-Paris. En accord avec Thomas Savare, la fusion n’aura donc pas lieu… J’ai entendu les fortes réticences. Je ne m’attendais pas à une telle résistance, surtout en interne."

Savare dit peu ou prou la même chose et quelques mois plus tard, il trouvera un repreneur fortuné, le docteur Wild. Dans nos colonnes, Jacky Lorenzetti est revenu sur cette affaire avec fatalisme : "Cet épisode est un moment douloureux. L’échec est de mon entière responsabilité J’ai mal expliqué aux gens, je me suis mal débrouillé. Et si cela avait fonctionné, je ne sais même pas si les choses auraient été meilleures…"

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