L'édito du lundi : Il faut aussi de l’indulgence
On attend tellement d’Antoine Dupont, toujours plus et parfois des vœux paradoxaux. Qu’il soit le capitaine de l’équipe de France et qu’il la fasse gagner, de ses seuls faits sans pour autant éclipser la valeur collective de son sport ; on rêverait qu’il porte sur son image le développement de notre rugby et qu’il y parvienne – toujours - dans une relative discrétion ; on aimerait qu’il ait ce caractère tenace dont on fait les champions mais qu’il sourit à la critique, qu’il s’y plie sans amertume et même qu’il dise "merci", tant qu’à faire.
Ça fait beaucoup, pour un seul homme, dont on ne saurait d’ailleurs mettre en cause quelconque défaut d’éducation ou problème d’humilité. Dupont, à propos duquel il semble parfois impossible de déceler des défauts, aurait donc celui-là : à l’évocation de ses performances sûrement moindre, depuis un mois, il se durcit. Tant mieux, nous direz-vous.
Pour autant, il jure se moquer de cette critique, des hésitations sur ses performances, des constats en faiblesse ponctuelle. Mais quand il le dit, son regard se noircit, ses mâchoires se serrent et ses mots se font plus froids. Sur le terrain, sa réponse n’a toutefois pas tardé !
Bien sûr que les interrogations à son sujet le touchent, comme tout un chacun. "Est-il seulement humain ?" s’amusait un jour à questionner Brian O’Driscoll, quelques heures avant que les Toulousains affrontent les Leinstermen en demi-finale de Champions Cup. Oui, cher "BOD", Dupont est humain, et ses quelques matchs de reprise ont rappelé à tous qu’on ne peut pas attendre de lui l’excellence, partout et tout le temps. Que l’échec de la Coupe du monde l’a meurtri comme il a touché ses partenaires en Bleu. Et que la répétition des saisons sans vraiment de coupure a aussi un impact sur son énergie.
Sollicité sur tous les fronts, centralisant autant d’espoirs que de missions, Dupont est à ce point essentiel en tant de choses qu’il faut, aussi, lui accorder cette indulgence et ce droit à la normalité, parfois. Et puis, soyons honnêtes : dans la balance, son apport à son sport restera largement bénéficiaire.
Au bout de cette réflexion, on se souviendra de ce que nous apprend le passé : Jonny Wilkinson, Dan Carter, George Gregan et tant d’autres avant Dupont ont connu la critique, et des périodes de creux dans leur carrière. Une longue traversée du désert, même, en ce qui concerne l’ouvreur Anglais, et de cruelles déceptions sur le chemin de la gloire. À leur sujet, la postérité ne retient finalement que ceci : ils ont tous marqué l’Histoire de leur sport et portent tous, à leur veston, une étoile au moins de champion du monde. C’est tout le mal qu’on souhaite à Dupont.
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