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Champions Cup - Dany Priso (Toulon) : "Au RCT, la grande coupe d’Europe est sacrée"

Par Mathias Merlo
  • Dany Priso est actuellement très en forme sous le maillot toulonnais.
    Dany Priso est actuellement très en forme sous le maillot toulonnais. Icon Sport
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Avant de retrouver Exeter, Dany Priso, vainqueur de la Champions Cup avec le Stade Rochelais en 2022, s’est confié en longueur sur sa première année difficile, sa déception liée au XV de France, et son envie de trophées avec Toulon.

Comment expliquez-vous, avec votre expérience, ce dernier mois parfait connu par Toulon ?

On a eu une vraie prise de conscience. On a arrêté les mots, on a mis des actes. L’année dernière, on parlait de top 6, de gagner des choses. Il faut le prouver par le travail. On a pris conscience de certaines choses liées au passé. Actuellement, et c’est le plus important, on prend vraiment du plaisir sur le terrain. C’est un jeu avant d’être un métier. On l’avait peut-être oublié. On a commencé sans gagner d’argent, juste pour être avec des copains. Le jour où je ne prendrais plus de plaisir, je vais bâcher la partie rugby.

Plusieurs joueurs parlent d’un déclic après le revers à Perpignan et les premiers soubresauts internes. Êtes-vous d’accord ?

On est à Toulon, tout le monde est dur avec nous… et c’est normal ! Nous sommes les premiers sévères entre nous. On n’hésite pas à se gueuler dessus. On a Pierre (Mignoni, NDLR), et deux Italiens dans le staff (Parisse et Masi, NDLR)… Ils ont tous du caractère ! Cette défaite à Perpignan n’a pas tout fait, mais on a parlé, un peu à l’image de l’an dernier. Nous sommes très attendus par notre public. On le sait quand on vient ici. C’est un public qui connaît le rugby. Il est dur. Mais quand tu signes ici, il faut tout prendre. On a pris, on a fermé nos gueules. Le groupe s’est remis au travail. On ne gagnera pas tous les matchs mais dans l’attitude, on ne veut plus perdre comme des peintres. On ne baissera plus les bras. On aurait pu le faire à Clermont, mais le groupe s’est envoyé comme jamais en défense. Ça a été un déclic. On a créé quelque chose là-bas. On a montré qu’on avait envie de se battre pour le gars d’à côté. Il y a quelques mois, on aurait perdu ce match, on n’aurait pas autant combattu.

À l’image du collectif, vous êtes également sur une pente ascendante…

Les six premiers mois à Toulon ont été difficiles. Il ne faut pas se mentir. J’avais pris mes repères à La Rochelle. J’avais des amis et de la famille sur place. Je me suis construit comme homme dans cette ville. J’ai été superbement accueilli ici, mais il a fallu que ça se mette en place. Je connaissais déjà des joueurs, mais il a fallu du temps. Néanmoins, on a quand même fait ce qu’on devait faire : on a gagné un titre, et j’ai beaucoup joué (rires). En ce début de saison, je suis à l’image du groupe. J’ai pris confiance, on se débride. À Clermont, on a prouvé qu’on était un groupe, un vrai, avec 40 mecs. La saison dernière, on était plus 25 ou 28 gars. Ce match a débloqué beaucoup de choses mentalement.

En novembre dernier, le XV de France avait des blessés à votre poste. On vous promettait une place de titulaire, et finalement, vous avez été libéré. Est-ce que cela a pu avoir une incidence négative sur votre début d’aventure à Toulon ?

J’ai arrêté de me prendre la tête avec tout ça… À partir d’un moment, il y a un groupe en place. On le sait tous, vous le voyez aussi. Je maintiens ce que j’ai déjà dit : si on m’appelle, je serais toujours fier d’y aller et de représenter mon pays. Ce sont des couleurs importantes dans mon esprit. Maintenant, le sélectionneur fait des choix. Je n’y peux rien hormis de tout donner, comme je le fais à chaque fois, aux entraînements. Je me donne tous les week-ends également pour mon club. Même quand je suis limite, je me rends disponible pour Toulon. Mais oui, à un moment, j’ai trop réfléchi par rapport à ça.

C’est-à-dire…

Vous l’avez dit. En novembre dernier, on m’appelle. Tout le monde croit en moi. Du jour au lendemain, Cyril (Baille, NDLR) revient. C’est un leader. Il a sa place dans ce groupe. Elle est même légitime. Derrière ça, on ne m’a plus parlé, et on ne m’a plus convoqué. Ce sont des choix. Maintenant, j’aime bien les gens qui disent les choses en face. Je ne critique pas, mais chacun a sa manière de voir les choses. Je suis honnête, et j’ai toujours dit les choses en face. Maintenant, je suis toujours là et toujours disponible. Si on m’appelle, je donnerais toujours le maximum. Si ce n’est pas le cas, je suis à Toulon et j’y suis heureux. Je veux amener le club le plus loin possible. L’an dernier, on a ramené un truc, maintenant, on veut ramener plus haut : le Top 14 et la grande coupe d’Europe. Il faudra se sortir les doigts du cul (rires), ça va piquer (il tape dans ses mains NDLR).

Avez-vous suivi la coupe du Monde ?

J’étais détaché. J’ai suivi de loin, j’ai regardé la France parce que j’ai beaucoup d’amis. On reste des passionnés, puis on avait du temps libre (rires). Durant la préparation, on a souvent partagé des moments ensemble avec les joueurs restés ici. On en a profité pour visiter le Var et suivre les matchs. On ne voulait pas se disperser, donc on s’est lié à côté du terrain. On a bu deux ou trois coups pour apprendre à se connaître. Au rugby, on a toujours besoin de cette cohésion. Si tu n’as pas ça, si tu n’as pas envie de te battre pour ton gars, si tu ne le connais pas, tu ne te battras pas autant que tu ne le penses. Ça reste une histoire d’hommes. À Clermont, quand il y a eu des points un peu chauds, on a vu des mecs traverser le terrain pour venir défendre un équipier. Quand tu ne te poses pas de question pour y aller, ça veut dire que tu es un vrai groupe. Ce n’est pas grand-chose, c’est juste pour mettre un coup d’épaule et dire : « Attention, tu ne recommences, tu ne le touches plus... sinon, on va s’expliquer ! » C’est ça le rugby.

Quelles sensations vous animent au moment de retrouver la Champions Cup ?

C’était un objectif du club de se qualifier dans cette grande coupe d’Europe. En signant ici, je savais que Toulon n’avait pas été en mesure de se qualifier pour la Champions Cup. Alors, je me suis mis dans la tête de gagner la Challenge Cup, avec l’envie de vite participer à nouveau à la grande. On peut dire qu’on est en Ligue des Champions (rires). Plus sérieusement, Toulon se doit d’être dans cette compétition. Chaque joueur de cet effectif a été bercé par les exploits des anciens. À Toulon, la grande coupe d’Europe est sacrée. On l’a gagnée trois fois d’affilée, et on sait que ça a marqué les gens. Il n’y a rien de plus beau que de jouer la Champions Cup. On va jouer les meilleurs. Et ça, c’est cool !

Toulon commence sa campagne européenne face à Exeter ce samedi.
Toulon commence sa campagne européenne face à Exeter ce samedi. Icon Sport

Êtes-vous heureux du tirage au sort avec Glasgow, le Munster et Exeter ?

Content (rires) ? Je vous réponds qu’on n’a pas trop le choix de l’être ! Quand j’ai regardé le tirage, content ou pas, je me suis dit qu’il fallait simplement les jouer ! Cette compétition, au-delà de l’effectif, est importante pour la ville. On va jouer des équipes qui jouent le haut de tableau dans leur championnat. On connaît également la mentalité des équipes anglo-saxonnes. La priorité sera donnée à la Champions Cup. Il faudra mettre le réveil pour pouvoir rivaliser. On veut mettre le feu au stade, et que les gens soient derrière nous. On peut vivre des moments énormes. Si on veut faire quelque chose dans cette compétition, on va devoir passer par des gros tests.

Vous avez gagné la Champions Cup avec le Stade Rochelais. Dans cette compétition, avez-vous un rôle spécial à jouer auprès du groupe ?

On connaît un peu le chemin (rires). On pourra apporter notre expérience sur comment gérer les temps faibles. Il y a des leaders à Toulon, je ne suis pas celui qui parle le plus. Je suis pilier, et je dois rester à ma place. S’il y a besoin, les gars savent que je suis là de manière individuelle. Avec Jerem (Jérémy Sinzelle, NDLR), on sait qu’il est important d’avoir un supplément d’âme dans cette compétition. On va partir dans l’inconnu en jouant des équipes inhabituelles. Mais oui, on a quelques ingrédients en magasin (rires). Dans cette compétition, le maître-mot est de se sublimer. Il n’y a rien de plus beau que ça.

Pour finir, Champions Cup ou Bouclier de Brennus ?

J’ai déjà eu la coupe d’Europe, et je n’ai pas eu l’occasion de toucher le bout de bois. Après, vous savez, je ne suis pas d’une nature difficile. Je prends tout ce qui vient, alors souhaitez-moi les deux (rires). Je veux tout prendre. Il faut les prendre pour marquer l’histoire d’un club. D’une manière individuelle, on s’en fiche un peu. On veut surtout laisser quelque chose pour le club. L’an passé, on a commencé par le Challenge. Des gens le sous-estiment, mais jusqu’à présent, le club n’avait pas été en capacité de le gagner malgré les grandes stars passées ici. Nos adversaires n’ont rien donné à Toulon. On a écrit une petite page de l’histoire du club. On construit pierre par pierre. Il faut continuer d’écrire, et de ramener les gros menhirs (sourire).

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