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Vidéo. Exclusif. Steve Hansen : "Fabien Galthié devra construire sur la blessure et la frustration nées du quart de finale"

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En tant qu’adjoint de Graham Henry puis comme sélectionneur national, Steve Hansen (64 ans) fut en charge des All Blacks pendant près de quinze ans. Pour nous, le double champion du monde (2011 et 2015) explique aujourd’hui quelles peuvent être les difficultés d’un sélectionneur à se renouveler entre deux mandats, à fixer de nouveaux objectifs à ses joueurs et finalement réinventer son discours. C’est à vous, "Shag"*…

Vous avez été le sélectionneur des All Blacks de 2011 à 2019. A quel point est-il difficile d’enchaîner un deuxième mandat ?

Est-ce vraiment difficile ? Le plus important, en réalité, c’est d’anticiper le basculement d’une aventure vers une autre : pour cela, il faut entretenir la faim des joueurs. Aux prémices du deuxième mandat, il faut donc très vite définir un challenge nouveau ; un challenge clair, précis et que le staff comme les joueurs résument en leurs têtes en quelques mots.

Quel fut le vôtre, le jour où vous avez assuré votre propre succession, fin 2015 ?

A cette époque, beaucoup de nos centurions (joueurs comptant plus de 100 sélections, N.D.L.R.) et de cadres quittaient l’équipe : Richie McCaw, Dan Carter, Jerome Kaino, Conrad Smith ou Ma’a Nonu avaient tout gagné avec les All Blacks ; ils étaient des géants de ce jeu. J’ai pourtant dit à ceux qui leur succédaient qu’ils n’avaient rien à leur envier. Qu’ils avaient en eux le pouvoir d’embellir un peu plus cette aventure. De faire des All Blacks l’équipe la plus dominante de l’histoire, tous sports confondus. Mon levier, c’était ça ; parce qu’il fallait très vite écraser l’idée selon laquelle nous étions une jeune équipe en reconstruction… Cette définition ne servait pas nos intérêts si jamais elle s’installait dans les têtes de nos grands rivaux…

Ca a marché ?

Je crois, oui. Nous avons réalisé une année 2016 magnifique. On développait alors un rugby dynamique, puissant, spectaculaire. (il soupire) Mais la Coupe du monde est une tout autre bête, vous savez : comme les Français et les Irlandais de 2023, nous avons fait un match moyen contre l’Angleterre en demi-finale de la compétition (19-7) et avons laissé notre titre mondial à d’autres, voilà tout…

Le temps où l’arbitre contrôlait le match est désormais derrière nous. De nos jours, le rugby international est dirigé par les ralentis : il est temps de mettre un terme à l’arbitrage vidéo en dehors des situations où le directeur de jeu veut vérifier la validité d’un essai.

Avez-vous des regrets ?

(il soupire) Je ne sais pas. Je pense qu’au fil de mes différents mandats, nous avons eu raison plus de fois que nous avons eu tort, n’est-ce pas ? Mais a posteriori, je changerais beaucoup de choses à la façon de préparer les joueurs à cette demi-finale face à l’Angleterre. […] Finalement, étions-nous plus forts en 2019 qu’en 2015 ? Les résultats diront que non. Mais la façon dont nous jouions au rugby aurait tendance à m’indiquer le contraire…

Quel sera le levier de Fabien Galthié, en 2024 ?

Le contexte du XV de France est relativement différent de celui que j’ai vécu à mon époque, en Nouvelle-Zélande : Fabien va probablement construire sur la blessure et la frustration nées de la défaite en quart-de-finale face aux Springboks (28-29). Il va faire en sorte que jamais ses joueurs n’oublient cette douleur-là, qu’ils n’occultent jamais l’horrible sentiment qu’ils ont tous éprouvé dans les vestiaires, le soir où leur Coupe du monde s’est soudainement arrêtée. (il marque une pause, reprend) Ce sentiment, il faut même l’entretenir. C’est ce que nous avions fait, avec Graham (Henry, duquel il fut d’abord l’adjoint en équipe nationale, N.D.L.R.), après l’élimination de 2007 face au Français.

Quoi d’autre ?

Nous savions, comme Fabien Galthié le sait au sujet de son équipe de France, que nous étions en 2007 très bons d’un point de vue rugbystique mais qu’il nous manquait aussi quelque chose, c’est à dire l’approche mentale des très grands matchs. Entre 2007 et 2011, nous avons donc beaucoup travaillé là-dessus avec Gilbert Enoka, le psychologue de l’équipe. […] Il aussi fallu faire face à une nouvelle composante, la défiance des médias vis à vis de ceux qui incarnaient désormais la défaite. Très vite, il faut éviter que la négativité ne s’installe. Les premiers matchs du mandat sont en ce sens importants.

Le sélectionneur national Fabien Galthié pense que ses joueurs seront plus forts, en 2027. A-t-il raison ?

Oui. L’équipe de France n’a pas fini de grandir. Ca se voit, ça se sent… Et il est bien plus facile de rebondir après une défaite marquante qu’après un sacre historique.

Comment briser la routine, entre deux mandats ?

Au fil de mes huit années passées à la tête des All Blacks en tant que sélectionneur, j’ai perpétuellement fait évoluer le cadre : un jour, c’était une nouvelle compétence qui rejoignait le staff ; le mois d’après, on ajoutait au schéma global un lancement de jeu, une option tactique quelconque… J’ai toujours tenté de m’adapter, aussi, aux garçons qui changeaient face à moi.

De quelle façon ?

Quand j’ai pris l’équipe en 2011, les All Blacks étaient champions du monde. En Nouvelle-Zélande, les gens pensaient qu’ils n’auraient plus faim après ça. Quelques semaines après le titre, j’ai réuni les joueurs et leur ai dit : "Vous n’avez encore rien fait, rien gagné. Soyez grands et faites aujourd’hui ce qu’aucune autre équipe n’a jamais réalisé avant vous : conserver le titre mondial !" Ce fut donc notre credo, de 2011 à 2015. A chaque cycle son message, en réalité.

Plus généralement, qu’avez-vous retenu de la dernière Coupe du monde en France ?

L’ambiance dans les stades, beaucoup de passion, l’énergie déployée par le Portugal ou le Chili… Mais de façon plus globale, le temps où l’arbitre contrôlait le match est désormais derrière nous. De nos jours, le rugby international est dirigé par les ralentis : il est temps de mettre un terme à l’arbitrage vidéo en dehors des situations où le directeur de jeu veut vérifier la validité d’un essai. Tout ça est tellement chronophage… Tout ça tellement hache le match et nourrit la colère des supporters, dans le stade…

En clair ?

Il ne devrait y avoir qu’une seule question de l’arbitre de champ au TMO : "y a-t-il essai ou pas ?". La vidéo ne devrait pas intervenir ailleurs. Et puis, les coachs et les joueurs doivent aujourd’hui se remettre en tête qu’un arbitre est un être humain pouvant se tromper. A l’heure actuelle, 15 000 clubs dans le monde parlent le lundi matin de l’arbitrage du week-end… Ca ne peut plus durer…

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Les commentaires (5)
Chabalou Il y a 4 mois Le 04/12/2023 à 05:35

Des mots simples que l on aurait aimé entendre de notre sélectionneur sur ce qu il allait faire

Stststst Il y a 4 mois Le 03/12/2023 à 22:04

Galthie est un ane bate. Il ne changera rien a une equipe qui perd, et perdra encore.

Tontontontondtontonton Il y a 4 mois Le 04/12/2023 à 07:54

Kamoulox !!!

Gcone1 Il y a 4 mois Le 03/12/2023 à 20:48

Hansen , qui avait annoncé très tôt l'échec de l'edf.
"Elle ne joue pas au rugby ...".
Bien entendu, il avait été dégommé.

Anhuro Il y a 4 mois Le 06/12/2023 à 10:12

Mais, personne ne connaissait le palmarès de Hansen !
Plus facile de com.....parer avec celui de FG entraîneur de TOULON ???
Plutôt commentateur à la télé ?
À propos l'EdF a franchi les poules et.....ben non perdu en quart grâce à un arbitre qui devait être "Bon"! puisque désigné pour la demie ?.
Velomo