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Top 14 - Manager, une espérance de vie en question

Par Vincent BISSONNET
  • Manager, une espérance de vie en question
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La valse des entraîneurs en chef a commencé en Top 14 avec le remplacement de Richard Cockerill par Patrice Collazo. Le phénomène de chaises musicales n’a eu de cesse de s’intensifier depuis le début de la décennie.

La saison passée, le couperet était tombé pour la première fois le 16 novembre : après dix journées, Christophe Urios avait quitté ses fonctions de manager de l’Union Bordeaux-Bègles sur "un accord à l’amiable". Cette année, la première tête a été tranchée trois jours plus tard et, surtout, trois journées plus tôt : dimanche 19 novembre, Richard Cockerill s’est vu signifier la fin de son aventure montpelliéraine.

Les deux anciens talonneurs sont loin d’être des exceptions. Depuis l’été 2022, soit il y a à peine plus d’un an, seules cinq des quinze formations ayant concouru en élite n’ont pas changé de manager ou d’organisation à leur sommet : Bayonne (Grégory Patat, en poste depuis 2022), La Rochelle (O’Gara, 2021, après être arrivé en 2019), Oyonnax (Joe El Abd, 2019), Pau (Sébastien Piqueronies, 2021) et Toulouse (Mola, 2015). Le technicien toulousain était le seul manager en poste lorsque Fabien Galthié a été intronisé sélectionneur du XV de France, en avril 2019. La saison passée, Bordeaux-Bègles (départ de Urios), Castres (Broncan), Brive (Davidson) et Clermont (Gibbes) avaient changé de numéro 1 ; cet été, Perpignan, Bordeaux-Bègles, Montpellier, Paris, le Racing 92, Lyon et même Toulon, dans une moindre mesure (avec le départ d’Azéma), en ont fait de même tandis que douze clubs, au total, ont procédé à un remaniement d’encadrement (seuls Toulouse et Pau n’ont touché à rien). La position de managers comporte une espérance de vie limitée.

"Le staff de Montpellier ? C'est un cocktail explosif !"

Dans la Troisième mi-temps, nos journalistes reviennent sur les arrivées de Bernard Laporte, Patrice Collazo, Christian Labit et Vincent Etcheto au MHR pic.twitter.com/cn58xrJnUI

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) November 22, 2023

La conséquence d’une responsabilisation et d’une médiatisation grandissantes : aux côtés des présidents, les managers sont devenus les nouvelles têtes d’affiche du rugby professionnel, ceux qui portent les projets et incarnent des identités. Ils sont aussi les premiers vers qui les regards se tournent quand les résultats ne sont pas favorables : la stratégie globale, le choix des hommes, le recrutement, la communication… Tout passe par eux, pour le pire comme le meilleur ; Dans un passé encore récent, les adjoints avaient tendance à faire office de fusibles quand un électrochoc était requis ; désormais, les managers sont en première ligne à l’heure de couper les têtes quand bien même leur séparation induit le versement d’une somme conséquente - à six chiffres, généralement – et un grand remue-ménage, souvent. " C’est un métier compliqué, difficile, évoquait, ce lundi, Ugo Mola, à l’heure de recevoir le titre de meilleur staff du Top 14 à La Nuit du Rugby. Le seul message que je peux passer aux directeurs généraux de certains clubs ou aux présidents, c’est que ; souvent, on ne prend peut-être pas le temps de bien recruter un staff. Une fois que c’est bien choisi, qu’on a un projet commun, c’est rare que les divorces arrivent tôt. Les alliances de circonstances ne sont jamais très bonnes."

Mola : "On mange souvent des cailloux"

Après Cockerill, d’autres managers pourraient se voir montrer la porte de sortie dans les semaines ou mois à venir. Un simple coup d’œil sur le classement suffit à renseigner les éventuels points chauds de l’hiver. Les entraîneurs en chef et assimilés doivent composer avec cette chape de plomb et avec une tension permanente, liée à l’étendue de leurs prérogatives : entre calculs Jiff, prise en compte des budgets et du salary cap, planning des internationaux et, surtout, gestion globale des ressources humaines – une quarantaine de joueurs et une vingtaine de collaborateurs sont sous leurs ordres, ils doivent gérer une somme de problématiques diverses et variées. Tout en étant jugé en grande partie sur des résultats aléatoires par nature, qui ne sont qu’en partie liés à leurs décisions. Le phénomène d’usure paraît inévitable : "On mange plus souvent des cailloux et nos environnements familiaux ne sont pas toujours épargnés", a poursuivi le boss toulousain.

Manager, une espérance de vie en question
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Le poids conjugué de la pression et des obligations pèse sur tous. Y compris les mieux lotis. Bien qu’auréolé de son doublé en Champions Cup, Ronan O’Gara s’était interrogé sur son cas, après la défaite à Oyonnax, le 4 novembre : "Des choses doivent changer… J’espère que ce ne sera pas l’entraîneur", avait lancé le technicien, engagé jusqu’en juin 2027. Mais avec les managers, tout peut aller très vite… Ugo Mola en a pleinement conscience : "Il faut savoir profiter des bons moments et savoir aussi que ça peut ne pas durer très longtemps. Ça fait partie de notre métier, de notre environnement et s’il y a un petit message à passer, c’est que nos amis présidents prennent bien le temps de choisir les entraîneurs pour éviter de les dégager trop tôt. Ce pourrait être le thème de la soirée." Et de bien plus.

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