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International - Virimi Vakatawa de retour : "Même si certains disent que je risque ma vie…"

Par Yanis GUILLOU
  • Vakatawa s'est engagé avec Bristol Vakatawa s'est engagé avec Bristol
    Vakatawa s'est engagé avec Bristol Bristol Bears - Rogan
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Virimi Vakatawa - Centre de Bristol. Pour la première fois depuis son retour à la compétition, l’ancien centre des Bleus s’exprime. Marqué par tout ce qu’il a vécu, le Fidjien d’origine veut aller de l’avant et profite de la chance qu’il a de jouer au rugby.

Le 5 septembre 2022, le Racing 92 annonçait la fin de carrière prématurée de sa star Virimi Vakatawa pour raisons de santé. Victime d’une anomalie cardiaque, l’ancienne vedette du rugby à VII se voyait être interdite de pratiquer le sport qu’il aime en France par plusieurs spécialistes. Un immense séisme lorsqu’on connaissait l’importance du trois-quarts centre dans l’univers du rugby français. Incontournable au Racing, il était aussi une pièce centrale du XV de France de Fabien Galthié, à un an de l’objectif ultime qu’était la Coupe du monde 2023.

Recalé médicalement en France alors qu’il portait les couleurs du Racing 92, l’ancien centre du XV de France, Virimi Vakatawa, porte désormais les couleurs des Bristol Bears
Recalé médicalement en France alors qu’il portait les couleurs du Racing 92, l’ancien centre du XV de France, Virimi Vakatawa, porte désormais les couleurs des Bristol Bears Icon Sport - Icon Sport

Brutale, cette annonce précédait de nombreux mois douloureux pour le joueur, dans l’incapacité d’exercer son métier. Seulement, un peu plus d’un an après cet arrêt, la folle rumeur d’un retour de Vakatawa à la compétition s’est mise à fleurir. Et si, malgré son interdiction de jouer en France, le colosse parvenait à trouver un club à l’étranger ? Un retour fou qui s’est d’abord précisé par le biais d’un match disputé à Brive, avec le maillot des Barbarians britanniques, face aux Samoa en août. Puis, l’impensable est devenu réalité lorsque le 27 septembre, en pleine Coupe du monde, Bristol annonçait la signature du Fidjien d’origine. Quelques semaines et plusieurs matchs après son retour, Vakatawa prenait enfin la parole depuis les locaux des Bears. "Je vais bien", tenait-il d’abord à rassurer, avant de prévenir avec fermeté : "Nous n’allons pas parler de médical et du passé. Évoquons simplement le présent et l’avenir."

Guidé par sa foi

L’intéressé reste particulièrement marqué par tout ce qu’il a vécu durant cette dernière année noire. Il justifiait d’abord son retour : "Le spécialiste que j’ai vu ici m’a donné l’autorisation de rejouer. Je ne veux pas parler de la France. J’aime ce pays et je n’ai pas envie de dire n’importe quoi. Je respecte la décision qui a été prise par les médecins français." Rejouer tout en sachant que cela est déconseillé par certains spécialistes serait-il alors un risque ? Sûrement, mais Vakatawa ne le voit pas de cet œil : "J’ai passé un moment très difficile mais j’ai toujours eu l’espoir. Même si certains ne veulent pas le croire, disent que je suis fou et que je risque ma vie, je suis content de la décision que j’ai prise de rejouer. Dans mon for intérieur, je savais que j’allais le faire. Ma foi en Dieu m’a guidé vers cela." Au-delà de la croyance, l’ancien Francilien perçoit surtout le rugby comme un style de vie dont il ne voudrait jamais s’affranchir. "Être joueur est tout ce dont je rêvais depuis que j’étais gamin aux Fidji", témoignait-il dans un sincère cri du cœur. "Le rugby, c’est mon boulot. Je suis le seul qui travaille et qui aide ma famille aux Fidji. Le rugby, c’est ma vie. Deux semaines après que le médecin m’a dit d’arrêter, je m’entraînais déjà et je ne restais pas à la maison à manger des pizzas." Alors qu’il entraînait les jeunes du Racing 92 durant sa période d’arrêt, le centre confiait aussi se glisser parmi eux pour participer aux oppositions. C’est dire à quel point tout cela lui manquait.

Vakatawa sous le maillot du XV de France
Vakatawa sous le maillot du XV de France Icon Sport - Icon Sport

La situation globale faisait surtout que l’homme était très isolé. Du jour au lendemain, il est passé du statut de joueur de rugby, entouré d’un staff pléthorique, à celui d’homme ordinaire en quête de salut. "Quand j’étais à Paris, je m’entraînais seul. J’essayais de rester en forme en courant et en faisant de la musculation. Ce n’était tout de même pas la même chose que de s’entraîner avec une équipe de rugby. Il n’y a pas grand-chose à faire quand tu es seul." Le fait de retrouver un club était pour lui primordial et malgré des sollicitations au Japon, c’est donc la Premiership anglaise qui aura l’honneur de voir débouler le phénomène sur ses terres.

Il va jouer rejouer en France… pour la Champions Cup

L’Angleterre, ce n’est pas vraiment un choix pour Vakatawa. Plutôt une opportunité. "Pour être honnête, avec Pat Lam (l’entraîneur des Bears, N.D.L.R.), nous nous sommes rencontrés lors du match des Barbarians contre les Samoa mais nous n’avons pas vraiment eu de discussion à propos de cela. C’est seulement un peu plus tard que Pat m’a appelé, pour me demander si je voulais venir. J’étais un peu surpris mais je cherchais un club donc j’ai dit : "Pourquoi pas." Tout cela m’avait manqué, vous savez..."

En Angleterre, celui qui est désormais un Bear s’est d’abord montré timide. Pas encore à sa forme optimale physiquement, il a alterné actions de classe et petits coups de mous. Il est sorti touché aux côtes après un gros plaquage subi lors de sa première titularisation contre Northampton, avant de réaliser un bon match contre les Harlequins, marquant notamment un essai. Une réalisation sous forme de libération : "Rien n’a changé sur la façon dont je joue au rugby ! Cet essai était le premier depuis mon retour donc j’ai ressenti quelque chose de spécial. Pour la suite, c’est simplement une question de temps avant que je ne sois de retour à mon vrai niveau. Encore deux ou trois semaines et ça ira."

\ud83c\uddeb\ud83c\uddf7 Ancienne gloire du rugby à VII, Virimi Vakatawa nous a confié n'avoir aucun doute sur l'adaptation d'Antoine Dupont à cette nouvelle discipline.

Ce qu'il en pense > https://t.co/uxXkwuGF4h pic.twitter.com/xRd1yGr0E3

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) November 17, 2023

La Premiership est un joli terrain pour s’exprimer, pour un élément comme Vakatawa, avide de jeu dans les défenses. Les espaces sont nombreux dans un championnat reconnu comme parfait pour les attaquants, où les scores sont souvent élevés. Cela change du Top 14 ! "Ce sont deux compétitions différentes, témoignait le centre. Le Top 14 est pour moi une des compétitions les plus dures au monde. La Premiership est très rapide et beaucoup plus amusante. C’est différent, tout comme la langue et la bouffe (sourire)." L’ex-international tricolore enchaîne les matchs avec Bristol et pourrait vivre un paradoxe assez particulier : celui de jouer en France, malgré son interdiction de porter les couleurs d’un club français ! Les Bears sont dans la poule de Bordeaux-Bègles et de Lyon en Champions Cup et Vakatawa pourrait jouer sur le sol français dès le 16 décembre, à Chaban-Delmas : "Cela va être spécial mais ça va me faire du bien aussi de jouer en France. Lors de ma signature à Bristol, c’était la première fois que je quittais le Racing 92 et la France."

Une Coupe du monde amère

L’occasion pour lui de recroiser certains de ses coéquipiers, notamment en équipe de France. En parlant du maillot bleu, qu’il pense ne plus jamais pouvoir porter, Vakatawa confiait avoir toujours eu un œil sur le parcours des hommes de Fabien Galthié, notamment lors de la Coupe du monde : "C’était dur parce que c’était une chose pour laquelle je m’étais investi. J’ai participé à la préparation et la compétition avait lieu en France… Mais j’ai suivi la Coupe du monde. J’ai regardé deux matchs en France et le reste ici, en Angleterre. J’ai suivi tous les matchs des Bleus. Cette défaite n’était pas le résultat que tout le monde attendait… Lors des quarts de finale, j’ai passé un mauvais week-end parce que les Fidji et la France ont perdu en même temps." Fidjien de naissance, l’ancien retraité pourrait en théorie porter le maillot blanc du l’archipel du Pacifique en juillet 2025, selon les règles d’éligibilité de World Rugby. Une possibilité qu’il n’imaginait pas encore. "Je ne sais pas, lâchait-il. J’ai 31 ans l’année prochaine, je vais d’abord me concentrer sur Bristol." De retour à l’ordinaire, Vakatawa peut néanmoins s’offrir le luxe d’avoir le choix et pourrait même se dire qu’un retour en France n’est pas impossible : "Pour jouer, je ne pense que c’est non. Mais entraîner, pourquoi pas ?" Une porte s’est ouverte…

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Les commentaires (2)
Djive-ST Il y a 1 mois Le 11/03/2024 à 12:22

Contrairement à ce qui est enseigné en médecine aujourd'hui, qui forme des médecins des petits bouts, l'esprit et le corps forment un tout. Et l'esprit à une influence primordiale sur le physique ! Même sur des lésions organiques ! Voilà un autre exemple de détermination même si c'est dans un autre registre !

jmdelondon Il y a 5 mois Le 23/11/2023 à 19:45

Onne chance mec