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Pro D2 - Vannes ne fait plus rire en Pro D2

Par Loïc Bessière
  • Top 14 - Vannes est leader de Pro D2
    Top 14 - Vannes est leader de Pro D2 Midi Olympique - Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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Après un tiers du championnat, le RCV s’est placé comme le favori de Pro D2. La conclusion d’une croissance année après année, tant sportivement que structurellement, expliquent les acteurs du club.
 

Les résultats : « On n’est plus les chasseurs mais les chassés »

Au coup de sifflet final, les Vannetais ont fait la moue. Cette défaite face à Colomiers n’est pas un revers comme les autres. Déjà, c’est le premier de la saison pour les Bretons. Et aussi car, s’il a fallu attendre le 9 novembre pour être vaincus, c’est parce que les hommes de Jean-Noël Spitzer ont égalé le record d’invincibilité dans la division que détenait Brive depuis la saison 2002-2003, avec neuf rencontres sans défaite. « Ça doit être un avertissement, il faut se remobiliser. Cela nous pendait au nez à Rouen ou à Biarritz », analysait après la rencontre Cyril Blanchard. Dans la foulée, le capitaine Joe Edwards, toujours dans la salle de presse du stade Bendichou, la musique de la bodéga en fond, faisait part de son amertume : « On était venu ici pour battre un record, on en a pas mal parlé durant la semaine. C’est quelque chose que l’on avait dans un coin de la tête, ça a été une source de motivation. Être la dernière équipe à ne pas perdre, après quand même neuf matchs, pour moi, c’était plus excitant de garder ça que de venir une nouvelle fois gagner à Colomiers. »

Tant pis pour le record. Mais le début de saison du RCV reste quand même hors-norme. Ils sont la meilleure attaque de la division (271 points), la meilleure défense (139 points) et la meilleure équipe à l’extérieur. Ils n’ont, aussi, pas perdu à domicile et ont huit points d’avance sur Provence Rugby, leur premier poursuivant. Dans le sillage d’une fin de saison dernière canon et d'une demi-finale de Pro D2, les Vannetais s’avancent, pour l’instant, comme le chef d’une division homogène derrière eux. De là à parler de montée ? Les joueurs n’éludent pas le sujet et sont ambitieux. « On a un groupe de 45 joueurs, on a beaucoup de turn-over, mais les résultats restent. On a un groupe armé pour, pourquoi pas, monter », confie Jules Le Bail, revenu cet été au club, après un premier passage (2017-2020). Cyril Blanchard, lui, est dans le Morbihan depuis 2017 : « On est pris au sérieux, on a fait trois demies en cinq ans, on était premier invaincu. On n’est plus les chasseurs mais les chassés. Après trois demies, on a envie de goûter à mieux, ne pas être frustré après une nouvelle défaite avant la finale. »

L’effectif : « C’est un club qui donne envie de l’extérieur »

À l’intersaison, Vannes a perdu gros avec la fin du prêt de Nathanaël Hulleu. Ewan Johnson parti à Oyonnax et Nicolas Freitas, non-prolongé, étaient deux joueurs très régulièrement titulaires. Tous les autres départs, en vrac Afoa, Abendanon, Étienne, Iachizzi, Edwards ou Holder, n’étaient que des joueurs de rotation. Les cadres comme Maxime Lafage, Francisco Gorrissen ou Michael Ruru sont toujours là. « À l’intersaison, on a gardé pas mal de joueurs et on a pu s’appuyer sur une ossature solide dès le début de l’année », analysait Cyril Blanchard. Jules Le Bail, lui, fait partie des joueurs expérimentés recrutés, comme Alex Arrate ou Sione Kalamafoni. « C’est un club qui donne envie de l’extérieur avec La Rabine pleine, les bagads, une identité bretonne forte. Pour en avoir parlé avec certains joueurs internationaux à La Rochelle, c’est un club qui attire ! Quand un joueur vient sur place avant de signer et qu’il voit le d'aucy Park, La Rabine en plein centre-ville, on sent que le club met tout en œuvre pour attirer des joueurs et que ça bosse de manière cohérente », développe le demi de mêlée.

Pour Martin Michel, directeur général du club, plusieurs raisons plaident en la faveur du RCV au moment de proposer un contrat aux joueurs : « Ils viennent saisir l’opportunité d’être acteur d’une histoire qui n’a pas été faite ! On les investit pleinement dans le projet. Il fait bon vivre dans le sud de la Bretagne et ils y trouvent un équilibre personnel. Ils sont aussi heureux de jouer dans un stade plein. »

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Notre partenaire @intermarche vous présente la composition d’équipe du @RugbyClubVannes pour la réception d'Agen.

Andrés Vilaseca et Alex Arrate composeront la paire de centres \u2694

\ud83d\udc49 Coup d’envoi ce vendredi 17 novembre à 19h.#FiertéBretonne pic.twitter.com/puoeUnVKTU

— RUGBY CLUB VANNES (@RugbyClubVannes) November 16, 2023

À l’image de Léon Boulier, devenu titulaire presque indiscutable, ou des très prometteurs Jean Cotarmanac’h et Robin Taccola, Vannes forme de plus en plus de joueurs taillés pour le monde professionnel. Si la réussite du club favorise l’augmentation du nombre de licenciés dans la région, « le sujet est vaste et la tâche est longue, lance Martin Michel. On essaie de mettre en place une filière d’excellence. On a désormais environ 10 000 licenciés mais on est loin de certains bastions du rugby. Une des plus grandes satisfactions que l’on a au club, c’est d’avoir amené notre sport dans les écoles ! Il y a des sections rugby qui s’ouvrent dans différentes villes de Bretagne, comme à Pontivy. »

Les infrastructures : « Le d'aucy Park, c’est niveau Top 14 »

Demandez à Jules Le Bail ce qui a changé au club entre ces deux passages et la réponse fusera : le d'aucy Park, le centre d’entraînement ultramoderne du club livré en cours de saison dernière. « C’est niveau Top 14, s’exclame-t-il ! Il y a une salle de muscu, une salle de repos, une salle de kiné, bain chaud, bain froid, terrain couvert… Il y a des similitudes avec celui de La Rochelle. À l’époque, quand le terrain était impraticable, on faisait 20 minutes de route pour aller s’entraîner sur un synthétique à Grand-Champs. » Mais l’ancien rochelais voit aussi un autre avantage à ces installations ultra modernes : « C’est un détail dans la vie du club, mais je trouve ça sympa. À l’époque, les bureaux n’étaient pas à Jo-Courteil, donc on ne voyait pas la partie administrative du club. Maintenant, ils sont aussi au d'aucy Park. Le midi, on a le self en commun donc on se croise. On apprend à tous se connaître, on prend des cafés avec d’autres personnes que celles du sportif. »

Si Martin Michel, ancien deuxième ligne et capitaine de Vannes en Fédérale 1, s’adonne peut-être à la musculation au d'aucy Park, il voit, lui, un autre atout au centre d’entraînement, mais extra-sportif : « On a une salle de réunion qui nous permet d’accueillir les séminaires de nos partenaires sans gêner le sportif. Ça créer du lien et ça fidélise les acteurs économiques du territoire. »

Mais avant d’évoquer ces fameux partenaires, revenons sur une déclaration de l’entraîneur Jean-Noël Spitzer. À l’issue de la défaite à Colomiers, il a fustigé la manière dont ses troupes avaient dû préparer la rencontre : « On est rentré dans la période des tempêtes. Notre terrain d’entraînement n’est pas praticable. Et notre synthétique est une catastrophe… Une utilisation, c’est un blessé globalement ! Il devait être refait, il y avait une solution pour cela mais c’est une autre, moins coûteuse, à deux francs, qui a été choisie. Cela n’a servi à rien et nos jeunes qui s’en servent se blessent constamment… Ce terrain est dangereux ! » Si, cet été, du sable a été injecté, rien n’y fait. Ximun Bessonart, par exemple, s’est blessé au talon d’Achille à l’entraînement, la saison passée.

Le modèle économique : « Nous avons près de 500 partenaires »

Vannes a un avantage économiquement parlant. Quand, dans le sud-ouest de l’hexagone, plusieurs clubs se marchent sur les pieds, le RCV est le seul club de sa région dans les trois premières divisions professionnelles. Problème : cette région est la Bretagne, ou l’ovalie passe après le foot, le vélo, la voile… Malgré ça, le club convainc. Citons, par exemple, Arkea. L’entreprise basée à Rennes est sponsor de l’équipe de cyclisme Arkea-Samsic mais est quand même sponsor maillot du club morbihannais. « On est une nouvelle aventure du sport breton et du rugby en France, explique Martin Michel. On a créé un spectacle différent et peu connu en Bretagne. Cela entraîne un engouement pour venir au stade. Il y a une fidélité chez les supporters, cela montre toute notre crédibilité, notre démarche de travail et la notoriété que nous avons su constituer. Nous sommes donc devenus attractifs auprès des entreprises bretonnes. »

« La dimension économique par rapport aux autres clubs de Pro D2, nous sommes bien situés, enchaîne le DG. Nous avons près de 500 partenaires, plus de 1 700 places d’hospitalités les jours de match. Cela a créé des leviers économiques qui nous permettent de nous inscrire dans la durée, surtout dans une Pro D2 où trouver une structure économique n’est pas toujours simple. » Autre levier économique, la billetterie. L’an passé, Vannes a eu la meilleure affluence du championnat avec 133 610 spectateurs, soit 8 907 personnes. Mais durant les cinq premiers matchs, la jauge maximale était fixée à 8 000 spectateurs avec la construction de la tribune École de musique. L’affluence moyenne devrait donc être améliorée cette année avec une capacité de 11 415 places et un engouement plus que jamais au rendez-vous après le brillant début de saison des Morbihanais.

? Tous nos matchs à plus de 10 000 spectateurs en tribunes et troisième ???????? ?????́? de la saison !

Encore merci pour votre ??????? ????́???????? ?

La Rabine sera en feu vendredi soir, pour la réception d'Agen ?#FiertéBretonne pic.twitter.com/8aPSAgKObJ

— RUGBY CLUB VANNES (@RugbyClubVannes) November 15, 2023

Cette fidélisation des fans engendre une rentrée d’argent via la billetterie, cela permet le recrutement de meilleurs joueurs, ce qui amène des meilleurs résultats et, donc, une fidélisation encore plus importante. « C’est une spirale vertueuse de créer de l’économique pour donner au sportif et continuer à faire progresser l’économie derrière », termine Martin Michel. Et les joueurs sont forcément heureux et encore plus motivés de se sentir soutenus. « Quand on va au marché, on croise des commerçants, on échange, ils ont les affiches du RCV pour annoncer le prochain match, des écharpes du club. C’est super sympa », achève Jules Le Bail. La Rabine sera à guichets fermés pour les réceptions d’Agen (ce vendredi, 19h) et de Provence Rugby (8 décembre, 21h). Les deux équipes sont prévenues !

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Les commentaires (2)
envoituresimone Il y a 5 mois Le 18/11/2023 à 07:17

Moi je me suis rendu dans une banque à Vannes et là-bas on m'a assuré qu'il ne prêtait pas à rire avec l'argent, alors avec le rugby pro pourquoi pas?

Galleux Il y a 5 mois Le 17/11/2023 à 13:14

Notre histoire ne s'arrête jamais ! Allez le RCV