Coupe du monde de rugby 2023 - Opinion. La chronique de Pierre Villepreux : la stabilité stratégiques des Boks
Le jeu produit par les champions sud-africains vainqueurs, des Néo-Zélandais me conduit à ces réflexions.
J’ai toujours accepté que le mode de penser et vivre le jeu dans les différentes cultures puisse s’exprimer par des modes de jeu distinctifs. En rugby, toutes les tendances et types d’affrontement pour gagner sont recevables. Au fil du temps chaque compétition mondiale est le reflet – la dernière en France n’y a pas échappé – d’une manière de le jouer relativement identifiable, que l’on appelle communément style. Dans cette Coupe du monde la production des vainqueurs a réuni des propriétés stratégiques, tactiques, physiques et mentales qui interpellent et soumettent les autres nations à des forces de changement qui peuvent les conduire à reproduire peu ou prou le jeu des gagnants.
J’avoue bien sincèrement que le rugby des "Boks" n’est pas ma tasse de thé. Je préférerais que l’on s’inspire de leurs adversaires, les Néo-Zélandais, plus à même, pour demain, d’enrichir le jeu en préservant l’esprit que lui consent les règles. On ne saurait oublier que la popularité d’un sport devient durable quand il s’accompagne d’esthétisme et de dramaturgie. En ce sens, dans les deux matchs précédents contre la France et l’Angleterre, le tragique, en fin de match, du fait du score, a bien été présent. Mais on ne peut pas dire que la production des champions, malgré leur puissance ait répondu aux critères de spectacle espéré. Cette illustration d’un jeu plus enthousiasmant, ce sont bien les All Blacks qui l’ont produit sauvant ainsi le match de l’ennui. Quelques datas significatives révèlent une production d’une pauvreté alarmante. Pour les "Sud Afs", 84 passes dont une seule séquence de 3 passes contre 221 pour les NZ traduction de mouvements collectifs qui auraient pu et dû faire la différence malgré le handicap d’infériorité, (un carton jaune et surtout le rouge de leur capitaine). Il n’y a pourtant point de hasard dans cette réussite des Springboks.
Au plan du jeu produit, l’erreur serait de le copier et d’en réciter les formes préétablies
Celle-ci s’inscrit par le respect, en attaque, d’une stratégie constante et patiente. Le jeu d’affrontement direct ou à une passe proposé est complété par un jeu au pied abusif. C’est bien cette stabilité stratégique, agrémentée de puissance quand ils sont en possession du ballon, et leur mobilité de replacement en défense, qui a permis ce sacre. Le volet mental, non négligeable, à des fins de transmission à la nation sud-africaine, s’inscrivant dans le message de solidarité, exprimé sur le terrain par les diverses identités qui composent ce collectif. Que doit-on conserver du jeu gagnant de ce Mondial 2023 ? Je retiens la capacité du staff d’avoir su fabriquer une performance collective rassurante par la garantie d’ordre qu’elle apporte aux acteurs. Le mécanisme profond résidant d’abord, par la croyance en leur jeu. Au plan du jeu produit, l’erreur serait de le copier et d’en réciter les formes préétablies. Le faire serait aller à l’encontre de la recherche d’un jeu qui privilégie le mouvement, fait d’initiatives. Il serait préjudiciable que les éducateurs des jeunes s’en inspirent dans la formation initiale. Toutes les exigences attendues au plus haut niveau ne peuvent émerger sans une formation à la lecture des situations de jeu non prédéterminées. Lecture qui s’articule avec l’activité technique dont elle est dépendante. Ce qui implique qu’il s’agira toujours, pour aller vers la meilleure performance possible d’intégrer la liberté du joueur de changer ce qui était prévu y compris dans les lancements de jeu
Le rugby trouve ainsi sa raison d’être et son efficience en donnant toute sa place au jeu et à l’intelligence créative. Rester sur un jeu plus en conformité avec l’esprit des règles me paraît essentiel. Ceci implique pour le Vaisseau Amiral, représenté par "World rugby" de réfléchir à certaines règles, en tout cas à leurs aménagements et à l’arbitrage qui va avec. Depuis quelques années notre sport a subi de nombreuses et importantes transformations, il est temps avant l’échéance de 2027 en Australie que le "rugby gagnant" puisse être le fruit d’un style de jeu à la mesure de la valeur des enjeux.
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