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XV de France - Emmanuel Meafou, un monstre bleu-blanc-rouge

  • Emmanuel Meafou avec son décret de naturalisation.
    Emmanuel Meafou avec son décret de naturalisation. Midi Olympique / Stade Toulousain.
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Ce jeudi, l’australien d’origine a vécu sa cérémonie de naturalisation à Toulouse. Un très grand
moment pour le deuxième ligne du Stade Toulousain, naturalisé français cet été et auquel on promet le maillot du XV de France dans les prochains mois.

Il fallait le voir pour le croire. Parfois, les adultes redeviennent des enfants le temps de quelques heures. C’est ce qu’a vécu Emmanuel Meafou ce jeudi matin. Le deuxième ligne du Stade toulousain a enfin pu vivre sa cérémonie de naturalisation à la préfecture de Toulouse. Un grand moment pour le colosse hautgaronnais. Et si vous en doutez, il fallait simplement avoir la chance d’être auprès de lui et le regarder pendant quelques minutes, assis au fond de la salle, pour comprendre à quel point ce moment comptait pour « Manny ». Pas un seul instant, son sourire ne l’a abandonné. Aux côtés de sa compagne, prénommée Jada, le futur papa de 25 ans voyait un de ses plus grands souhaits se réaliser devant ses yeux. Naturalisé français depuis cet été, cette cérémonie d’un peu plus d’une heure lui a permis de récupérer son décret de naturalisation. C’est à 11 heures du matin que JeanPhilippe Dargent, sous-préfet de Saint-Gaudens, a lancé les hostilités. Ils étaient quatre-vingt à être présents pour la même raison que le rugbyman. Toujours bien installé dans son siège, ce dernier a d’abord pu regarder une vidéo d’une dizaine de minutes, expliquant ce que représentait la nationalité française.

Une première Marseillaise pleine d'émotion

La suite ? Toutes les personnes présentes ont été amenées à se lever et chanter la Marseillaise. Un hymne connu sur le bout des doigts, ou presque, par l’Australien d’origine. Ce qui lui a d’ailleurs valu un petit chambrage de Pita Ahki, présent pour l’occasion et toujours là pour faire sourire son pote. « Je l’apprends depuis un bon bout de temps chez moi et quand les Bleus jouent, je chante également avant les matchs, a avoué le joueur haut-garonnais. C’est la première fois que je l’ai chantée en tant que français donc c’est un peu plus spécial. Ce sont des émotions indescriptibles. » Quelques minutes après le début de la cérémonie, Didier Lacroix est entré dans la salle. Dans un premier temps discret, le président du Stade toulousain est allé saluer son joueur et sa compagne. Une présence qui aura eu le mérite d’arracher un nouveau sourire au monstre physique. « Manny, c’est quelqu’un de très attachant, a déclaré Lacroix. Je n’ai rien de négatif à dire sur lui. C’est une personne qui est toujours tournée vers les autres, qui a énormément de bienveillance. » Après la Marseillaise, les personnes concernées ont été appelées les unes après les autres pour aller récupérer leur dû. Comme un symbole, c’est le nom d’Emmanuel Meafou qui est ressorti en premier. Sous les applaudissements de la salle, il s’est empressé de traverser la foule, pour avoir en main propre son certificat.

Ému, il a posé pour immortaliser l’instant, qu’il n’est pas près d’oublier : « C’est très important pour moi, mais aussi pour ma famille. Mon petit garçon va arriver en décembre donc je suis très fier de ce qui m’arrive. La population française est simplement géniale. Quand je vais au restaurant, que je me promène dans la rue… Ce n’est que du plaisir de vivre ici. Je suis très bien à Toulouse et j’espère que je vais y rester de nombreuses années. » On en connaît un autre qui espère conserver le diamant au sein de son club… « Il a trouvé ici un rythme de vie qui lui convient. Je suis certain qu’il sera à la hauteur d’un bon citoyen français, je n’en ai aucun doute. Avoir un joueur qui s’est autant battu pour obtenir la nationalité, c’est une énorme fierté. Il le sait déjà, mais je veux qu’il soit bien conscient que nous tous très fiers de lui. » Ces paroles ont bien évidemment été prononcées par Didier Lacroix.

Et maintenant les Bleus ?

Il est tout d’abord important de préciser une chose : cette cérémonie, aussi belle et émouvante fut-elle, n’a rien changé au niveau de l’éligibilité d’Emmanuel Meafou pour jouer avec le XV de France. Naturalisé depuis cinq mois déjà, le Toulousain n’a pas disputé la Coupe du monde à cause des règles de World Rugby, qui autorisent la sélection après cinq ans sur le territoire (il est arrivé en décembre 2018). Ce décret de naturalisation est simplement un pas supplémentaire dans l’esprit des supporters français vers la convocation chez les Bleus de celui qui écrase tout sur son passage depuis maintenant deux ans. Pour beaucoup, ses débuts auront lieu lors du prochain Tournoi des 6 Nations, sauf blessure bien évidemment. Aussitôt la cérémonie terminée, l’équipe de France était sur toutes les bouches. Mais Meafou est aussi humble que sympathique, alors on garde la tête sur les épaules, et on avance.

Néanmoins, il se sait attendu comme le messie : « Cela fait du bien d’entendre du monde parler sur toi et dire que tu mérites d’être appelé, mais j’essaie de ne pas m’emballer. C’est tout de même une opportunité exceptionnelle de jouer au meilleur niveau et de défendre les couleurs d’un magnifique pays. Avec les joueurs qui composent cette équipe, on peut faire quelque chose d’incroyable. » Le « on » dans la dernière phrase veut dire beaucoup. Il semblerait que le champion de France en titre s’y voit déjà mais comment lui en vouloir ? Avec la retraite internationale de Romain Taofifenua et les pépins physiques à répétition de Paul Willemse, le numéro 5 de l’équipe de France cherche un nouveau propriétaire pour les prochaines années. Celui-ci pourrait bien être le natif de la Nouvelle-Zélande. « Ça doit faire maintenant deux ans que les premiers contacts ont été effectués avec le staff, a lâché Meafou. Mais échanger avec les entraîneurs n’est pas une fin en soi. Je sais qu’il faut que je continue de travailler dur pour me donner l’opportunité de jouer avec les Bleus. »

De son côté, Didier Lacroix s’attend déjà à voir son protégé faire quelques voyages à destination de Marcoussis ces prochains mois : « Toute sélection comporte un doute. Mais c’est évident que s’il continue de travailler comme il fait, et qu’il reste performant sur le terrain comme il l’est depuis un bon bout de temps maintenant, les entraîneurs du XV de France vont être intéressés. »

Une élimination au goût amer

À vrai dire, on aurait du mal à comprendre le contraire. Le 2 février prochain, les supporters n’ont qu’une hâte, voir les 2,03 mètres et les 145 kg du Toulousain débouler sur la pelouse du Vélodrome pour affronter l’Irlande lors du premier match des Tricolores dans les Six Nations 2024. Excitant, pas vrai ? En tout cas, la motivation ne sera pas dure à trouver pour « Manny ». La Coupe du monde lui a laissé un goût amer, même s’il l’a vécue depuis son canapé : « J’ai regardé de nombreux matchs, tout en profitant de ma famille. Ensuite, pour la France, j’ai bien sûr été très déçu. C’est une énorme équipe qui méritait d’aller plus loin dans la compétition. Face à l’Afrique du Sud, ça s’est joué de peu, mais c’est la loi du sport. » Ah, ces Springboks qui font peur à la planète rugby (à raison) avec leurs monstres physiques qu’on n’aimerait pas croiser dans une rue étroite à 2 heures du matin. Meafou fait partie de ces joueurs qui font frissonner leurs adversaires juste en chaussant leurs crampons. Dans quelques semaines, la France pourra se targuer de l’avoir dans ses rangs. Ce jeudi, il s’est empressé de quitter la préfecture pour prendre le chemin de l’entraînement. Touché à une cuisse, le colosse a travaillé de son côté pendant que ses coéquipiers profitaient d’un jour de repos. On n’a rien sans rien…

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Les commentaires (3)
Celte29 Il y a 5 mois Le 13/11/2023 à 13:48

S'est un très bon joueur, pourquoi les Français ( spectateurs, commentateurs) mettent la pression dès qu'il y a quelqu'un de prometteur.
Laissez le tranquille pour évoluer sereinement.

envoituresimone Il y a 5 mois Le 13/11/2023 à 10:56

Meafou permettra de mettre Flament à gauche sa meilleur place et surtout son efficacité en touche. Quand au messie en 3 il y a un certain Colombe de La Rochelle qui montre de belles dispositions pour réponde à Julien. Avec Baile , Marchand/Mauvaka on pourrait bien retrouver une belle 1ère ligne en EdF.

JulienSFP Il y a 5 mois Le 13/11/2023 à 02:21

Le messie c'est un peu exagéré, c'est un gros pilier droit qu'on attend comme le messie