L'édito : encore des mots, toujours des maux
L'édito du lundi par Léo Faure... Il faut reconnaître qu’on fut ici, comme d’autres, de ceux qui appelaient à une prise de parole de Fabien Galthié, sélectionneur (trop) tôt battu, pour faire le bilan analytique et émotionnel de ce qui restera comme une des grandes frustrations de l’histoire du rugby français. Une prise de parole, s’il vous plaît, dans un délai plus raisonnable que le mois et demi après l’élimination d’abord évoqué par son service communication.
Il faut donc reconnaître que cette séquence fut avancée, ramenée à 24 jours après l’élimination ce qui, disons-le, paraissait déjà une éternité. Et puis ? Pas grand-chose. De ces 24 jours n’est née aucune analyse, rien en tout cas que le sélectionneur avait le cœur à partager avec son public, celui qui l’a pourtant accompagné et soutenu comme jamais auparavant dans son rêve de sacre.
Depuis mercredi, Galthié a donc ouvert une séquence médiatique, en commençant par une conférence de presse tenue après une séance légère d’entraînement conduite auprès des jeunes du glorieux PUC (Paris Université Club). On en attendait ni règlement de compte, ni tribunal des redresseurs de torts. Juste un moment de transparence, qu’elle soit sportive ou humaine. On n’aura eu ni l’une, ni l’autre.
Manque de réalisme, opportunisme des Boks, arbitrage, entente FFR - Ligue… Revivez en images, les déclarations fortes du sélectionneur de l'équipe de France ! \ud83c\uddeb\ud83c\uddf7? pic.twitter.com/tXDVDxwze2
— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) November 8, 2023
Un sélectionneur ne devrait pas faire cela. Meubler de si peu d’explications concrètes un instant voulu solennel, attendu, qui devait donner à voir la belle sincérité d’un homme dans l’échec et ce devoir de transparence qu’il doit à tous. Cet exercice de déconstruction qu’il avait conduit avec fierté, parfois saisi par l’émotion, après le glorieux épisode du Grand chelem 2022. C’était un contexte nettement plus avantageux, on le comprend. Mais la responsabilité de son job méritait aussi le courage d’une telle transparence face à l’échec. Raté.
Au lieu de quoi, les questions importantes restent noyées dans un épais brouillard. Toutes. On aurait voulu savoir ce qui avait failli lors de ce quart de finale, de la tension émotionnelle évidente à la gestion contestable du fait stratégique, de l’arbitrage critiqué aux défaillances individuelles. On aurait voulu comprendre les dissensions qui avaient tiraillé son staff au cœur de la fournaise mondiale. Il aurait fallu éclaircir la gestion des blessés, restés pour certains dans le groupe malgré l’inaptitude à jouer (Marchand), tenus écartés pour d’autres bien qu’ayant retrouvé le chemin des terrains (Willemse). De tout cela, on ne sait pas beaucoup plus. Nous voilà guère plus avancés.
Comme seule analyse de fond, finalement, nous aurons eu droit à une longue litanie de chiffres qui se serait plus vite résumée par cette assertion de Calimero : "c’est trop injuste". Comme si les Bleus avaient tout bien fait et que les larmes du 15 octobre étaient le seul fait d’un manque de bol, que Galthié justifie par cette démonstration hors-sol : celle des "expected points" (1), nouvelle bizarrerie statistique héritée de nos cousins du foot. Merci du cadeau, on s’en serait bien passé.
Selon ces "expected points", dont on n’avait jusqu’ici jamais entendu le nom dans la bouche de Galthié et finalement dégainés au moment opportun, la France aurait donc gagné son quart de finale face à l’Afrique du Sud 37-24. Ce n’est plus une victoire, c’est un triomphe et une gifle à la gueule de tous les détracteurs. Sauf que les Bleus ont perdu, ce 15 octobre 2023, dans un Stade de France réduit en cendres. Ça, ce sont les "real points" (2) qui le disent. Et ce n’est pas un exercice de communication.
(1) nombre de points marqués espérés, au regard des données statistiques du match
(2) points réels
Vous êtes hors-jeu !
Cet article est réservé aux abonnés.
Profitez de notre offre pour lire la suite.
Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de
0,99€ le premier mois
Je m'abonne Déjà abonné(e) ? Connectez-vous
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?