L'édito du lundi : l’ordinaire et ses méandres
Mercredi, cela fera deux mois précisément que débutait la Coupe du monde. Deux mois jour pour jour que la France entière s’apprêtait à vibrer avec la plus belle de toutes les affiches, entre les Bleus et les All Blacks. Il faisait chaud, c’était encore l’été et nous allions d’emblée toucher au sublime sur l’échelle de nos émotions. Il faisait beau et tous les rêves étaient alors permis ; nous étions encore à des années-lumière du quart de finale fatidique et fatal au XV de France.
Deux mois plus tard, le retour sur terre fut donc violent. D’abord, avec cette élimination qui laissa le rugby français K.-O. debout pendant plusieurs jours et semaines, figé au-dessus du vide pour avoir simplement « oublié » que le titre de champion du monde pouvait lui échapper. Ensuite, au gré des retrouvailles avec le Top 14 sous la pluie et la grisaille de l’automne, thermomètre en chute libre, pour tant de matchs à couteaux tirés mais sans feu d’artifice ni sono vociférante pour transformer les gradins en boîte de nuit.
Deux salles, deux mois, deux ambiances : le contraste est saisissant avec ce retour aux choses du quotidien qui constituent notre ordinaire. Reste à voir la suite, comprendre quels seront les véritables acquis de cette Coupe du monde pour l’ensemble du rugby français, mesurer les progrès effectués sur le terrain comme en dehors. Et surtout se dire que rien n’est encore gagné.
Ce pourrait être ici et maintenant que tout commence. Ou tout recommence. Sans trophée Webb-Ellis pour pavoiser dans les stades et transformer l’avenir de notre discipline, il faudra bien que les clubs prennent leur part, au relais des Bleus qui n’ont pas réussi le miracle attendu. Qu’ils soient plus ambitieux que jamais et prêts à mettre les formes pour accueillir le monde plutôt que de céder à la tentation du repli sur soi qui va forcément guetter avec ce calendrier imposant aux clubs d’enchaîner quinze matchs d’affilée sans week-end de repos. Et qu’ils ne mettent pas les joueurs sous cloche, au risque de les rendre invisibles.
Enfin, il faudra que le XV de France retrouve vite le lien avec ce public qu’il avait su toucher au cœur et qu’il incarne de nouvelles promesses. À ce titre, le silence médiatique de Fabien Galthié ressemble à une sacrée prise de risque car, c’est bien connu, la nature a horreur du vide. Or, en disparaissant des radars -mais pas des photos- le sélectionneur n’a pas soldé le passé récent, pas plus qu’il n’a éclairé le présent avec sa flèche du temps qui s’est brisée ou bien même ouvert de fenêtre vers l’avenir. En repoussant sa prise de parole à la fin du mois, il s’offre le temps de la digestion. Mais il laisse également le rugby français tout entier suspendu dans le vide, avec le poids de l’ordinaire pour l’attirer vers le bas. Et plus que jamais prêt à spéculer…
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