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Coupe du monde de rugby 2023 - Afrique du Sud : des "Springboas" constricteurs

  • Les Sud Africains ont employé tout ce qui était en leur pouvoir pour stopper les Néo-Zélandais, frôlant même la limite de la règle. Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany
    Les Sud Africains ont employé tout ce qui était en leur pouvoir pour stopper les Néo-Zélandais, frôlant même la limite de la règle. Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany
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Fidèles à leur stratégie, flirtant avec les limites de la règle, les Boks avaient aussi fait le pari de renforcer leurs bordures tout en missionnant Du Toit au marquage de Jordie Barrett.

Personne n’ignore l’adage : une finale, ça ne se joue pas, ça se gagne… Les Springboks l’ont intégré mieux que personne, qui ont remporté leur quatrième trophée Webb-Ellis en autant de finales, pour la troisième fois sans marquer d’essai. Le genre de coquetterie dont les Boks se fichent bien… "Dans n’importe quel sport, le point commun entre les champions réside dans leur haine de la défaite, mise au service de la meilleure défense de la compétition, expliquait en 2019 Jacques Nienaber. Le reste, c’est de la littérature." Un mantra que ses hommes se sont appliqué à respecter, quoi qu’il en coûte et quel que soit le contexte, dussent-ils évoluer pendant quarante-trois minutes en supériorité numérique face à des Blacks réduits plus d’une heure à quatorze. Lesquels ont en outre probablement commis l’erreur de s’exposer beaucoup trop dans leur propre camp, sous la pluie, concédant lors du premier acte les douze points (quatre pénalités) qu’ils regrettent si amèrement aujourd’hui…

Alors certes, on nous rétorquera sans doute que les Boks font de bien piètres champions, incapables d’inscrire le moindre point après l’officialisation par le bunker de l’expulsion de Sam Cane. Il est vrai que les chiffres purs et durs sur l’ensemble de la partie ne soulignent pas exactement une forme de domination, sachant que les Sud-Africains n’affichent au final que 40 % de possession (la faute à une touche en difficulté, égarant 40 % de ses ballons) n’ont réalisé que 84 passes contre 221 (avec… une seule série de 3 passes consécutives, sur un lancement de jeu à la 31e), et 85 courses contre 149. Mais ils constituent, en réalité, le signe d’une stratégie de "dépossession" assumée, qui consistait avant tout à sortir autant que possible le ballon du terrain au pied (à 20 reprises !) pour s’appuyer sur leur contre en touche et leur défense. Un art dans lequel les Sud-Africains ont parfaitement lu la Nouvelle-Zélande, notamment grâce à un Pieter-Steph Du Toit des grands soirs (28 plaquages au total) qui a fait vivre un cauchemar à l’homme fort des Kiwis, Jordie Barrett, marqué à la culotte 80 minutes durant…

Kolbe-Etzebeth, les "fautes utiles"

Le parti-pris des Boks ? Il consistait à défendre de manière ultra-agressive autour de Pollard (envoyé en "kamikaze" au point de rater 9 plaquages sur 17), quitte à négliger les extérieurs (sachant que la pluie favorisait leurs desseins) en s’investissant totalement dans les rucks (5 ballons contestés). Et si Telea réussit à créer quelques brèches au près, ce sont bien les Boks qui se sont montrés dominants dans cette zone, à l’image du bras de fer de la 52e… De fait, si les Sud-Afs ont parfois été en difficulté sur les extérieurs (4 plaquages manqués chacun par De Allende et Arendse), comme sur l’essai de Barrett (58e), ceux-ci ont réussi à contrôler la plupart des situations. Parfois légalement, l’image du sauvetage d’Arendse sur Ioane (38e). Parfois non, avec cet en-avant volontaire de Kolbe au niveau des 50 mètres (73e), ou de cette faute en touche d’Etzebeth qui provoqua un en-avant de Savea, et l’annulation de l’essai de Smith (54e). Et parfois entre les deux, à l’image de cet ultime grattage de Kwagga Smith, validé par M. Barnes à la 80e malgré une discrète main au sol… Des "fautes utiles" finalement indispensables, tout comme ce brin de chance qui offrit à Willemse un rebond favorable pour sauver sa ligne devant Savea (16e), ou empêcha Mo’unga puis Barrett d’inscrire le tir au but de la gagne. Mais c’est aussi de chance que sont faits les champions, les Boks ayant surtout eu le mérite de pratiquer le jeu de constriction qu’il fallait, dans le contexte légal du moment. Que ça plaise ou non…

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