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L'édito : Nos destins

Par Emmanuel MASSICARD
  • Antoine Dupont lors du quart de finale face à l'Afrique du Sud
    Antoine Dupont lors du quart de finale face à l'Afrique du Sud Abaca / Icon Sport - Abaca / Icon Sport
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The End. La dixième Coupe du monde de rugby s’est donc terminée samedi soir, sous cette pluie battante qui doucha les espoirs néo-zélandais et consacra toute la maîtrise sud-africaine. Il ne devait en rester qu’un et ce sont encore les Springboks qui entrent dans l’histoire en étant les premiers à remporter quatre Coupes du monde, sans être forcément géniaux certes mais diablement costauds. Et plus encore maîtres de leur destin.

À bien y regarder, ce fut le strict reflet d’un Mondial joué comme une valse, à plusieurs temps pour autant de différences entre les nations, au niveau de l’arbitrage incohérent d’un match à l’autre et du calendrier avec un tableau final totalement déséquilibré, qui pencha malgré tout dans le camp des plus forts, ces "Boks" sacrés à Saint-Denis pour avoir réussi le défi de l’emporter d’un tout petit point à trois reprises, en quart, en demie et en finale. On ne fait guère mieux pour l’intensité du suspens et l’aspect dramatique du sport.

Tant pis pour les battus, qu’ils soient français, anglais et donc néo-zélandais. Car cette équipe sud-africaine mérite bien davantage que les sifflets tombés sur sa tête, qui témoignent de la versatilité de l’espèce humaine : on ne fait plus de cadeaux aux tombeurs des Bleus, à ceux qui ont brisé le rêve français…

En 2019 au Japon, ces fameux "Boks" étaient ainsi les plus beaux champions, porteurs d’une flamme nouvelle pour toute la nation arc-en-ciel. Quatre ans plus tard, les regards posés sur eux sont devenus intransigeants, moins béats d’admiration : le spectre du dopage plane toujours au-dessus des Vert et Or et l’iconique Siya Kolisi n’a pas effacé les fractures de son pays. Quoi qu’il en soit, cette équipe reste animée d’une force collective impressionnante, portée par sa mission et son désir d’entrer dans la légende de notre sport.

En attendant de solder tous les comptes, c’est certainement ce qu’il faudra retenir de ce Mondial qui par ailleurs nous laissa désenchantés après l’élimination du XV de France. Avec cette sensation de vide qui s’est imposée sous nos pieds. Avec ce dépit amoureux, qui a rendu la fin moins légère.

Pour autant, rassurez-vous, tout n’est pas à jeter autour de ces Bleus qui ont disparu des radars prématurément. Même isolé sur l’échiquier de World Rugby, le modèle du rugby français est solide. Et l’avenir semble plus que jamais lui appartenir, tant la génération Dupont et celle qui suit déjà sont marquées par le talent. 2027 en Australie pourrait enfin leur appartenir.

Encore faudra-t-il parvenir à tirer toutes les leçons de cet échec qui nous a privés du feu d’artifice dès cette année. Comprendre ainsi pourquoi l’Irlande et la France, soit les meilleures nations de ces dernières années ou du moins les plus régulières, n’ont pas résisté aux projets des Sudistes et à leurs années d’expérience. Et pourquoi pas s’inspirer de cette "mission commando" qui a porté les Springboks jusqu’au doublé ? Il ne serait alors plus question de "flèche du temps" et de projection à quatre ans, mais bien de jouer chaque compétition pour la gagner. Ce que la France a finalement peu fait, au long d’un dernier mandat "seulement" couronné d’une victoire dans le Tournoi des 6 nations et une tournée victorieuse au Japon (2022), malgré la litanie des victoires et des records battus. C’est peu et la projection à (trop) long terme nous a aussi coûté cela, désormais bien orphelins depuis le jour où l’objectif mondial, celui pour lequel on avait tout bâti et tout pensé, nous a glissé des mains.

Savoir gagner, cela s’expérimente, cela s’apprend et c’est alors un management qui se transforme, à la façon de ce qu’a proposé Rassie Erasmus et de ses coups stratégiques qui ont sacrément dépoussiéré le rugby. C’est ici que tout commence…

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Les commentaires (2)
unquartdecentre Il y a 5 mois Le 30/10/2023 à 11:29

Je suis d'accord sur 1 point: ça ne sert à rien de prétendre préparer en amont une compétition, alors que rien est maîtrisé. Ça ne sert à rien de discriminer des mecs sur leur âge supposé trop élevé dans 4 ans (cf. Fourie, Vermeulen, Le Roux). On a quand même bien compris depuis des années désormais que la coupe du monde était juste une photo à l'instant T, qu'elle consacrait rarement la meilleure équipe des deux années précédentes.

Lucifer34 Il y a 5 mois Le 30/10/2023 à 08:56

Pour ma part ce fut une belle coupe du Monde et les meilleurs ont remporté la coupe. Des oppositions de style entre possession et dépossession. Oppositions de style qui se sont soldé par de faibles écarts au sore : 1 point.
Bjorn Borg ou Mc Enroe ? deux styles opposés mais des tournois d'une rare intensité.
Suspicion de dope ? pas en France le pays du bio, bien sûr. Voir les articles qui indiquent la banalisation de la cocaïne, même chez les U20.
J'ai déploré l'échec de la France, qui de toute façon n'était pas en situation de remporter ce tournois. Une préparation génératrice de blessures et dons une équipe amoindrie, un 1/4 de finale décevant au niveau des lignes arrières et le tout couronné par un coaching misérable. Il faut tourner la page.....