Coupe du monde de rugby 2023 - Kwagga Smith (Afrique du Sud) : "La mano de dios"
Si le troisième ligne sud-africain excelle dans la zone de contest, il n’en a pas moins bénéficié d’une forme de clémence de la part de Wayne Barnes notamment sur la dernière action de la rencontre. Une action qui en rappelle une autre… Explications.
Nulle volonté de faire ici du journalisme-fiction, simplement le désir d’éclairer un fait de jeu marquant de cette finale de Coupe du monde. Souvenez-vous de cette rencontre du Mondial de football 1986. Au cours du match entre l’Angleterre et l’Argentine, Diego Maradona inscrit un but de la main, resté dans toutes les mémoires, entrant dans les annales et offrant la victoire à l’Albiceleste. Quelque temps après, "El Pibe de Oro" est sacré champion du monde avec son équipe. Le parallèle est tissé, le raccourci facile. La raison ? L’Afrique du Sud a peut-être été sacrée samedi soir, entre autres éléments, par la grâce d’une main, elle aussi, illicite. On joue alors la dernière minute d’une finale qui n’a toujours pas livré son verdict. Sur une ultime offensive néo-zélandaise, le troisième ligne Kwagga Smith parvient à gratter un ballon précieux. Sauf que. L’ancien international à 7 réalise ce geste capital pour son équipe, avec l’aide d’une main posée au sol, non sanctionnée par l’arbitre. Or, en janvier 2023, pour fluidifier le jeu, World Rugby avait fait paraître une directive obligeant les joueurs, lors d’un grattage, à d’abord toucher le ballon et non le sol. Le cas échéant, le joueur devait être sanctionné… Il n’en a rien été samedi soir, l’arbitre Wayne Barnes restant muet. Sur cette action, non seulement, les All Blacks n’auraient pas dû perdre leur possession, mais ces derniers auraient dû bénéficier d’un avantage et d’une pénalité. Et qui sait ce qu’il serait alors advenu ?
Cette situation ressemble étrangement à celle vécue par le XV de France en quart de finale. Flash-back. En contestant le ballon au sol à Cameron Woki, Kwagga Smith, déjà lui, pose une main au sol, avant de contester le ballon au-dessus du deuxième ligne tricolore. L’erreur échappe à l’arbitre du match Ben O’Keeffe qui décide de sanctionner le joueur français pour ne pas avoir libéré le ballon une fois plaqué. Résultat : l’Afrique du Sud creuse un avantage décisif grâce à une pénalité de 50 mètres de Handré Pollard (69e, 25-29).
Un poison dans les rucks
L’histoire s’est donc répétée en finale pour Kwagga Smith. Toutefois, par-delà l’ironie de la comparaison et la métaphore osée, force est de souligner la science du "contest" de ce troisième ligne au format atypique (1,80 m et 97 kg) dans un rugby sud-africain totalement "bodybuildé". Souvent bien placé, très bas sur ses appuis, il est un véritable poison dans les zones de ruck pour les attaquants adverses. Et si le troisième ligne sud-africain s’était présenté en conférence de presse dans les entrailles du Stade de France samedi soir, peut-être aurait-il eu le culot de paraphraser le légendaire footballeur argentin… "Ce grattage, je l’ai fait un peu avec la tête et un peu avec la main de Dieu", voilà à quoi sa déclaration aurait alors pu ressembler.
Dans le camp néo-zélandais, personne n’a souhaité, à chaud, se lancer dans une vaine polémique. Au contraire. Le sélectionneur Ian Foster, dont l’élégance n’est plus à prouver, a préféré élargir le débat. "Je ne veux pas que le match soit une occasion de parler de l’arbitrage, a-t-il dit. C’est arrivé. Nous aurons tout le temps de l’analyser. Notre sport a quelques problèmes qu’il doit régler. Ce n’est pas de l’aigreur. Il y a eu deux incidents similaires, un rouge et un jaune (pour Siya Kolisi, NDLR). Ce n’est pas ce soir qu’il faut parler de ça." Des propos respectueux mais exempts de la moindre ambiguïté sur le peu de cohérence de l’arbitrage international aperçue durant la compétition.
Dans une situation similaire, Rassie Erasmus, directeur du rugby sud-africain, avait eu un comportement diamétralement opposé. À l’issue de la défaite contre le XV de France à Marseille en novembre 2022, le technicien des Boks avait publié plusieurs messages sur Twitter (devenu "X" depuis) contre l’arbitrage de Wayne Barnes, qui avait valu à ce dernier un déferlement de haine et d’insultes. L’Anglais avait même été contraint d’effectuer plusieurs signalements auprès de la police et avait confessé avoir songé mettre fin à sa carrière pour protéger sa famille. Erasmus s’était alors défendu, jurant ne pas avoir souhaité jeter l’opprobre sur Wayne Barnes. Sans doute s’agissait-il pour lui d’une forme de lobbying. Une stratégie payante un an plus tard.
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