Finale Coupe du monde de rugby - Nouvelle-Zélande - Afrique du Sud : cinq affrontements de légende
Avant la finale de la Coupe du Monde, nous sommes revenus sur cinq duels mémorables entre les deux grandes nations de l’Hémisphère Sud depuis le 0-0 de 1921 au feu d’artifice de 2013.
1921 : Wellington, un mythique 0-0 sous la pluie
Pour la première fois, les deux équipes s’affrontaient dans une série de tests. Après une victoire de chaque côté, le troisième test de Wellington promettait d’être décisif. La tournée avait été marquée par une polémique majeure. Un journaliste sud-africain avait été choqué par la présence de Maoris dans les équipes locales. Il avait envoyé un article par câble à son journal qui fit couler beaucoup d’encre. Ce troisième match se joua devant 35 000 personnes sous une pluie battante et il déboucha sur ce score d’un autre âge : 0-0. Jamais les All Backs n’avaient fini un test sans marquer de points, les Springboks avaient connu pareille conclusion un peu plus tôt dans la tournée, contre la province de Taranaki. Ce 0-0 ne fut pas forcément vécu comme une purge car il réserva plusieurs moments d’excitations et de franches occasions d’essais, ternies par des glissades, des embourbements ou des sauvetages de dernière seconde. Les coups de pied furent également proscrits par un ballon devenu vite trop lourd et trop spongieux.
L'Afrique du Sud le retente !
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Pour le match le plus important de l'année, les Springboks ont décidé de sortir son "Bomb Squad" avec sept avants sur le banc...
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Les styles commençaient à se dessiner, des Néo-Zélandais ambitieux et créatifs, des Springboks costauds et puissants. Le public de Wellington eut tout le loisir de réfléchir à ce match sans point. Les All Blacks ne joueraient plus de test pendant trois ans et plus de test à domicile pendant neuf ans. À l’époque, les échanges étaient rares.
1937 : Auckland Afrique du Sud crée son mythe
Les deux équipes sont déjà considérées comme les plus fortes du monde. Les Sud-Africains partent pour un long périple en Australie et en Nouvelle-Zélande …. du 31 mai au 29 septembre. Ils perdent le premier test à Wellington, mais gagnent les deux autres à Christchurch et à Auckland. Ce troisième test est un chef-d’œuvre et son score est trompeur. 17-6, c’est pas mal, mais à l’aune du comptage des points d’aujourd’hui, ça donnerait 27 à 6, cinq essais à zéro. Cette équipe des Boks de 1937 est restée selon les historiens comme la plus forte de tous les temps. Le mythe du pack surpuissant est vraiment né là, avec la maîtrise de la mêlée organisée en 3-4-1, la puissance et la concentration sur les tâches de base. Les figures marquantes s’appellent Boy Louw (pilier), Flip Nel, deuxième ligne et capitaine, Fredie Bergh numéro 8.
World Rugby a clos l'affaire Mbonambi, estimant qu'il n'y avait pas assez de preuves accablant le talonneur sud-africain, accusé de propos racistes à l'encontre de l'Anglais Tom Curry, lors de la demi-finale de la Coupe du monde...https://t.co/BsA3PxI4XD
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Ils étaient soutenus par un buteur exceptionnel Gerry Brand, nimbé de la légende d’un drop de 77, 7 mètres inscrit un jour à Twickenham. Le nom qui nous est le plus familier reste celui du demi de mêlée Dannie Craven, inventeur de la passe plongée. Futur sélectionneur et président de le SARFU, il était un maître tacticien qui mystifia la défense des All Blacks à plusieurs reprises et notamment sur le second essai du centre Louis Barbow. Craven réussit un modèle de feinte de lancement au large pour mieux servir son ailier Freddy Turner lancé au ras. Initiative d’un culot monstre pour l’époque. Les Springboks furent considérés comme champions du monde après cet exploit, d’autant plus qu’ils devaient battre les Lions l’année suivante.
1981 : Auckland Les All Blacks s’imposent dans le chaos
La tournée 1981 est sans cesse émaillée par des mouvements de protestation anti-apartheid. À Auckland, le troisième test est le théâtre d’un événement extraordinaire. Un petit avion Cessna survole plusieurs fois la pelouse et balance des tracts et des sacs de farine, l’un d’eux tombe sur la tête du pilier néo-zélandais Gary Knight qui s’effondre (mais il ne sera pas blessé). Le match est resté dans les mémoires pour ces raisons extra-sportives évidemment, mais sur le terrain, ce rendez-vous décisif fut magnifique car plein de rebondissements.
Les All Blacks mènent 16-3 à la pause mais les Springboks reviennent à 22-22 à la 80e grâce à un triplé de l’ailier Ray Mordt, plein d’opportunisme. Puis l’arbitre gallois siffle une pénalité pour les All Blacks à la quatrième minute des arrêts de jeu. Alan Hewson, l’arrière moustachu la passe calmement. 25-22, les All Blacks s’imposent sur le fil avec une équipe commandée par le talonneur Andy Dalton qui compte dans ses rangs deux débutants nommés Wayne Shelford et Gary Whetton. Le numéro 8 Murray Mexted (passé par Agen) signe une sacrée prestation. Ces All-Blacks-là n’étaient pas aussi puissants que ceux d’aujourd’hui, mais ils étaient d’une précision et d’une efficacité redoutables. Ils attaquaient souvent en profondeur comme sur le premier essai qui permit à Alan Hewson de transpercer comme un missile la défense en plein cœur et d’envoyer l’ailier Stu Wison à l’essai.
1995 : Johnnesbourg, les Springboks arrachent la coupe
Pour la première fois, les deux équipes se retrouvent en finale de la Coupe du Monde, à Johannesbourg, dans une atmosphère très spéciale. Tout est fait pour que les Springboks soient sacrés à domicile devant Nelson Mandela. Les All Blacks sont pris d’un malaise à leur hôtel la veille du match, l’ombre d’une intoxication malveillante n’a jamais été dissipée. Les All Blacks sont ultra-favoris, ils semblent plus à l’aise ballon en mains. Ils alignent en plus un trois quart aile surpuissant nommé Jonah Lomu, phénomène humain qui fascine la terre entière. Le match est assez terne, âpre évidemment. Les Springboks prennent légèrement l’ascendant en mêlée avec un excellent Os Durandt. Derrière une mêlée justement, le Sud-Africain Ruben Kruger marque un essai refusé (avec la vidéo, il serait sans doute accepté aujourd’hui).
Les Springboks survoltés parviennent également à contenir Lomu, c’était le principal enjeu de la partie. Aucun essai n’est marqué ; 12-12 à la fin du temps réglementaire, puis en prolongation, le demi d’ouverture Joel Stransky réussit le drop de sa vie : 15-12. Ce moment marque une bascule, c’était le dernier affrontement amateur de l’Histoire entre les deux nations.
2013 : Johannesbourg l’arbitre dit merci
Un grand classique du rugby prolifique des années 2010. Le plus beau duel de la décennie. C’était le dernier match du tournoi de l’Hémisphère sud et il pouvait déterminer le vainqueur final. Les Sud-Africains devaient gagner avec le bonus en laissant les Néo-Zélandais à zéro point. Les All Blacks de Richie McCaw champions du monde sont privés de Dan Carter (remplacé par Aaron Cruden), mais ils s’imposent quand même, cinq essais à quatre, après une magistrale course-poursuite. Les péripéties sont telles que le résumé de ces 80 minutes nous paraît impossible tant il y eut des courses, des passes, des percussions.
Menés d’entrée par un essai de Ben Smith les Springboks relèvent le défi avec un doublé de l’ailier Bryan Habana. Après c’est une farandole : Kieran Read, le numéro 8 des Noirs marche littéralement sur l’eau, Brodie Retallick s’affirme comme un deuxième ligne hors classe. Derrière, les ailiers Ben Smith et Julian Savea sont au diapason. Un jeune demi d’ouverture entré en cours de jeu, confirme qu’il est fait pour tutoyer les sommets, Beauden Barrett. Il finit le match par une cuiller aux petits oignons sur Willie Le Roux qui partait à l’essai. Nigel Owens, l’arbitre gallois de la rencontre remerciera les joueurs d’avoir pu participer à une telle débauche de rugby offensif, réaction assez rare.
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