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XV de France / Top 14 - Brice Dulin revient sur sa non-convocation pour le Mondial : "J’avais fait tout ce qu’il fallait pour y être"

Par Vincent BISSONNET
  • Brice Dulin revient sur sa non-convocation pour la Coupe du monde.
    Brice Dulin revient sur sa non-convocation pour la Coupe du monde. Midi Olympique - Patrick Derewiany
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Brice Dulin évoque les défis de cette nouvelle saison et revient avec lucidité et philosophie sur sa non-convocation pour la Coupe du monde qui a acté la fin d’une aventure en Bleue riche de 37 sélections et neuf essais.

Comment abordez-vous la reprise de la compétition, après une coupure de près de deux mois ?

Le vrai début de saison, je considère que c’est maintenant. La plus grosse question sera de savoir comment on va traverser ce bloc de quinze matchs consécutifs. Il va falloir capitaliser rapidement sans avoir trop de pépins physiques sur la période. C’est ce moment qui va décider si l’on peut faire une bonne saison ou non.

D’autant que si les joueurs présents sur les trois premières journées n’ont pas démérité, vous comptez déjà deux défaites… Il ne faudrait pas que vous vous retrouviez à devoir cravacher pour la qualification…

Exactement. Le but est de vite renchaîner pour se donner une dynamique positive et les moyens de bien travailler. Il y a en plus de gros rendez-vous qui nous attendent en Coupe d’Europe. Il est crucial de se donner l’opportunité de vivre une saison un peu plus sereine en faisant le boulot dès le début. Même si c’est facile de bien se sentir avant la compétition, le groupe a bien travaillé ces dernières semaines et s’est resserré en vue de la reprise. Tout le monde est conscient que l’on sera attendu.

Vous reprenez par la réception de Castres dimanche. Comment aviez-vous vécu le fait d’avoir perdu trois fois à Deflandre la saison passée ?

Ah oui, c’est vrai. Ces accrocs à domicile auraient pu nous mettre dedans pour la suite de la saison. Le but est de capitaliser et il faut le faire avant tout à la maison. On a, en plus, la chance d’avoir un stade plein, un public fidèle. Sur le déroulement d’une saison, le fait d’assurer à domicile a son importance. Ça peut faire comprendre aux adversaires qu’on ne lâche rien et ça peut les inciter à en faire un peu moins au fil d’une partie. Cette fenêtre, on l’avait laissée passer la saison dernière. Et on a vu que c’était la guerre à chaque match à la maison. Les équipes se disaient que l’on pouvait potentiellement craquer.

Il y avait aussi l’Ulster et Gloucester qui avaient été à deux doigts de l’emporter…

Oui, et si ces équipes avaient bien joué le coup, il y avait des choses que l’on pouvait mieux contrôler, des erreurs à ne pas commettre, notamment en défense… On connaît les leviers à activer pour que ça ne se reproduise pas.

Comment vous sentez-vous personnellement après cette coupure ?

Ça va. Après les deux premières rencontres de championnat, le repos a été plutôt bénéfique. Je pensais que ça irait mais il y avait tout de même un peu de fatigue. C’est le moment où les gars de la sélection ont eu un peu de décharge, d’ailleurs. Une semaine ou dix jours aurait suffi. Le problème, c’est qu’il y en avait beaucoup plus derrière.

Qu’avez-vous fait, du coup ?

Du maintien, un peu, pour tenter de garder le pic de forme. Mais le fait de ne pas jouer finit par t’enlever le bénéfice de tous les efforts consentis. Il faudra un ou deux matchs pour retrouver le rythme de croisière.

Quel souvenir et quel sentiment, surtout, vous laissera ce bref retour en Bleu ?

Il y a un peu de tout. Sur ces deux mois, il y a surtout eu de bons moments à vivre. La préparation a été bonne et, en parallèle, la vie de groupe était sympa, d’autant plus que la famille a pu être présente à nos côtés sur une courte période. Au bout du bout, il y a la déception de ne pas être à la Coupe du monde. Ce n’est pas facile à vivre mais ça fait partie du jeu. Le fait d’avoir eu l’opportunité de jouer en club dans la foulée m’a permis de basculer et de me focaliser sur autre chose. Le plus dur a été de regarder tous ces matchs dans le canapé alors que, potentiellement, il y avait l’opportunité d’y être. C’est comme ça… Aujourd’hui, la déception est la même pour tout le monde : c’est que le XV de France se soit arrêté aussi tôt alors qu’il en avait encore sous la pédale. Il faut espérer que ça serve pour le futur. Il y avait eu des années difficiles et, depuis deux, trois ans, on s’était habitué à vivre de très, très belles choses. C’est vrai que l’on s’attendait à mieux. Mais ce serait trop facile si ça se déroulait toujours comme on le souhaitait. Il faut espérer que la montée en puissance va se poursuivre et que les générations qui arrivent finiront enfin par remporter ce titre.

Avec le recul, que vous dites-vous au sujet de votre non-convocation ? Que vous partiez de trop loin pour bousculer la hiérarchie ?

Non. Je dirais que le choix des joueurs s’est fait sur des qualités précises. Il y a des choses que l’on ne peut pas contrôler… À mon poste, il y avait des buteurs, c’est un atout que je n’ai jamais eu et que je ne pouvais pas apporter. Je pense que ça s’est joué au-delà de la qualité technique du joueur. C’est pour ça que, si j’ai été déçu, je savais que j’avais fait tout ce qu’il fallait et que je n’ai pas été jugé sur la qualité pure d’arrière. C’est comme ça, je ne pouvais pas forcément lutter par rapport à la possibilité d’être buteur.

Avez-vous eu une explication de la part de Fabien Galthié ?

J’en ai eue une. Mais vous savez, je suis arrivé à un âge, entre guillemets, où je n’en ai plus forcément besoin. Si je n’en avais pas eu, ça n’aurait rien changé à ma réaction. J’y étais ou pas. Je savais que ça pouvait être ma dernière grande aventure à vivre. Si j’y étais allé, ça aurait été super, je l’aurais vécue à fond. Je n’y ai pas été et je suis rentré à la maison. Le fait de se retrouver avec la famille m’a permis de relativiser et de voir que, même si mon objectif personnel n’était pas atteint, ceux qui m’aiment m’aiment quand même.

Il n’y a donc pas de place pour la rancœur ?

Franchement, non. Aucunement. D’un, je me suis super bien entendu avec les mecs du groupe et avec les gens du staff, les coachs mais aussi l’analyste vidéo, le corps médical… J’avais vraiment de bons rapports avec tout le monde. Pour le reste, avec les années, tu te rends compte que tu te bats contre toi-même. Je me suis battu comme il fallait toute la saison dernière pour me donner l’opportunité d’être dans le groupe. Derrière, il y a des choses qu’on ne peut pas contrôler. Je n’ai de rancœur envers personne. Il fallait faire des choix et il y aurait forcément des déçus. J’ai fait tout ce qu’il fallait. Ce n’est pas comme si j’avais fait une fin de saison catastrophique, que je n’avais pas apporté les garanties et que j’en avais payé les pots cassés…

Vous aurez donc fini votre aventure en Bleu sur un capitanat, étrangement…

Ce n’est qu’un titre, ça. J’aurais surtout préféré terminer sur une victoire. Mais disons que l’on n’a pas forcément été aidé…

Par quoi ?

Les deux dernières défaites de notre équipe ont été arbitrées par la même personne (rires). C’était histoire de mettre une pique.

Le compétiteur a donc repris le dessus depuis le mois d’août…

Oui, complètement. Il y a un beau défi à relever en club : maintenir La Rochelle le plus haut possible. Ça passera déjà par une saison sereine et une qualification en phases finales. On sait à quel point c’est dur.

Une des nouveautés de cette intersaison vient dans l’intégration au staff de votre ancien partenaire de club, Rémi Tales. Que peut-il vous apporter ?

Un regard nouveau. Quand on parle de cycles pour les équipes, il est crucial de se renouveler pour ne pas se reposer sur ses acquis. Rémi nous amène une autre perception des choses derrière. L’équipe va adapter son jeu sur certains secteurs. Le fait d’avoir "Seb" (Boboul) qui gère un peu plus le mouvement général et "Talo" le jeu spécifique va nous amener d’autres cordes à notre arc, notamment sur le plan offensif. À nous, joueurs, de fournir les efforts nécessaires à l’entraînement pour que ça se ressente en match.

Brice Dulin a encore faim de titres avec La Rochelle.
Brice Dulin a encore faim de titres avec La Rochelle. Icon Sport

L’an passé, on sentait que votre ligne de trois-quarts pouvait faire plus ?

Ce n’était pas difficile, il y a eu des moments où on ne produisait pas grand-chose. Il faut être capable d’alterner la capacité de maîtrise et de maintien de l’adversaire chez lui et l’exploitation des ballons disponibles et des espaces. Nous devons avoir une ou deux cordes supplémentaires à notre arc pour que l’on devienne plus dur à lire.

Cet été aura aussi été marqué par l’arrêt de Romain Sazy. En quoi son absence se fait-elle sentir ?

On a perdu notre shérif. C’est un des gars qui avait vécu toutes les périodes de ce club. C’était la voix de la transmission. Il nous faisait prendre conscience de notre chance de vivre de tels moments et répétait qu’on ne devait rien galvauder de tout ce qui nous arrivait. Il amenait de l’énergie, sa personnalité. Il va falloir être le relais de ça. C’est une personnalité dure à remplacer mais nous avons d’autres joueurs capables d’endosser ce rôle. Après, on le voit passer de temps à autre, le centre de formation n’est pas loin (sourire). Mais c’est sûr qu’il y aura un avant et un après Romain Sazy pour le club.

Ressentez-vous personnellement le besoin d’encadrer eu égard à votre expérience ?

Déjà, le plus gros malheur que j’ai cette saison est que je suis le plus vieux derrière (rires).

N’était-ce pas déjà le cas la saison passée ?

Il y avait "Leps" (Levani Botia) qui faisait les deux encore… Là, c’est sûr qu’il ne sera que troisième ligne. Pour en revenir à la question, il n’y a pas de rôle à jouer. Ce n’est pas l’âge qui amène la maturité. Ça joue beaucoup sur le ressenti que l’on a par rapport à notre vécu. Si chacun fait son job et que l’on échange bien entre nous, on s’en sortira.

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Les commentaires (6)
Duconfucius Il y a 6 mois Le 27/10/2023 à 10:25

Un de plus dont les blessures ont plombé une carrière qui aurait pu être brillante eu égard au talent indiscutable.

Mycupj Il y a 6 mois Le 27/10/2023 à 09:22

Sur les ballons hauts . . . Les choses eurent été différentes assurément, le pied gauche aussi . . . Bref le train est passé , dommage !

zanker Il y a 6 mois Le 27/10/2023 à 11:09

sauf que les ballons hauts dont vous faites allusion n'étaient pas destinés à l'arrière, Dulin n'aurait rien changé à l'affaire, par contre il ne bute pas ce qui l'a assurement défavorisé.

envoituresimone Il y a 6 mois Le 27/10/2023 à 07:19

Il a été complètement à coté de la plaque contre l'Ecosse, alors il fallait bien choisir parmi les 33. Surtout il n'a pas du tout assuré son rôle de capitaine. Déjà il y a 3ans il nous coûte le grand chelem, on ne dégageant en touche pas à la sirène.

Papinou17 Il y a 6 mois Le 27/10/2023 à 10:56

Hola hola, ... il ne faut pas s'emballer mon ami, tu as la mémoire très courte, car tu ne recense que le négatif !!!! Rappelle toi .... et tu reverras assurément ta copie !!!!