Coupe du monde de rugby 2023 / XV de France - Comment le "piège à com'" s'est refermé sur le staff français
Si le grand public a été séduit par la méthode Fabien Galthié (un sondage révélant que 87% des Français souhaitent qu’il demeure en poste), il n’est pas interdit de penser que les ressorts de communication du sélectionneur tricolore se sont retournés contre lui pendant la Coupe du monde. Voici pourquoi…
C'est peu dire qu’en matière de communication, la FFR n’a pas lésiné sur les moyens sous le mandat de Fabien Galthié, depuis sa symbolique première conférence de presse à Montgesty (Lot). Avec une réelle efficacité, d’ailleurs, le sélectionneur ayant régulièrement régalé son auditoire entre anecdotes personnelles, longues tirades décalées et métaphores extra-sportives osées, jusqu’à la théorie de Darwin… On en veut pour preuve que, pour farfelus qu’ils pouvaient parfois sembler, les noumènes mis en avant par le sélectionneur national ont fait florès un peu partout, la moindre équipe de Régionale 3 parlant désormais de "finisseurs" plutôt que de "remplaçants", mettant en avant "l’émulation" plutôt que la "concurrence".
On en passe et des meilleurs, comme la « flèche du temps » et autres trouvailles sémantiques… Il faut dire que rien n’était laissé au hasard dans les prises de parole de Fabien Galthié, toujours savamment orchestrées, à l’image du clip diffusé en direct sur TF1 pour l’annonce du groupe des 33 ou de ce prompteur systématiquement utilisé à l’heure des compositions d’équipe, où même le choix des mots ("notre" première ligne, "notre" charnière) et le clin d’œil systématique au club formateur des joueurs lors de leur première sélection visaient à maintenir un lien étroit entre le groupe France et ses supporters.
Concepts et rétropédalages
Le moment où les choses ont commencé à se gripper ? On le situera, peut-être, au mois de novembre 2022. Lorsque, malgré les victoires obtenues face à l’Australie et l’Afrique du Sud, le staff décida de changer son fusil d’épaule en matière de stratégie, comme échaudé par les critiques au sujet de la "dépossession", qui bascula sur le concept vaseux de "repossession". Un tournant linguistique matérialisé par un début de Tournoi 2023 raté, et des incompréhensions entre les joueurs et le staff quant à l’utilisation du ballon, lesquelles coûtèrent probablement aux Bleus leur défaite à Dublin (32-19) et ne furent levées qu’en Angleterre (10-53).
L’arbre qui cachait la forêt ? On peut le penser puisqu’en plein Mondial, même le staff connaissait encore des désaccords quant à la nature du jeu à pratiquer (large-axe ou axe-large) et la composition du banc. Des atermoiements qui se retrouvaient également dans les éléments de langage de Galthié, lequel avait brusquement balayé entre deux matchs de préparation le concept de "XV premium" qu’il avait pourtant lui-même créé. Et si le sélectionneur évita de justesse plusieurs sorties de piste face caméra (entre son "la Coupe du monde, ce n’est pas pour les mauviettes" et la "gamelle" de Paul Boudehent qui aurait pu donner l’impression de prendre à la légère le sujet des commotions), il ne fut pourtant pas épargné par la vaine polémique, avec la grotesque histoire des "peintres" qui fit perdre une énergie dingue à tout le monde…
Et aux Bleus en premiers, dont on a suffisamment souligné lors du match d’ouverture et du quart de finale la difficulté à maîtriser leurs émotions. À l’image du chef, nous direz-vous, dont le dernier élément de langage, celui de "la Coupe du monde à 33" s’est également retourné contre lui, la gestion de Julien Marchand n’ayant rien rapporté, sinon de se priver du retour de Willemse. Facile à dire à la lumière des dernières informations (lire ci-contre), mais quand même…
De l’épineux cas Chalureau aux finisseurs qui n’ont rien fini…
Le hic ? Il est qu’à force de tout faire pour soigner leur image auprès du grand public, les Bleus ont presque donné l’impression d’en oublier le plus important : la compétition. On évoque suffisamment ci-dessous le miroir aux alouettes du match d’ouverture pour y revenir plus avant… En revanche, difficile de ne pas s’attarder ici sur le cas de Bastien Chalureau, dont la convocation à la place de Paul Willemse devint un scandale national après les sorties des députés LFI François Piquemal et Thomas Portes, dont on peine à penser qu’il n’a pas influé sur le temps de jeu du Montpelliérain. Dommage, quand on songe à l’importance que celui-ci avait pu avoir en tant que finisseur lors d’un certain match de novembre 2022 face aux Boks…
Les finisseurs ? Justement, parlons-en. Car si on avait bien compris le concept hérité des manuels de management, on peine à entendre que celui-ci n’ait pas toujours été mis en œuvre sur le terrain, tant les joueurs du banc ont semblé plus « remplaçants » que jamais face à l’Afrique du Sud, a contratio du "bomb squad" des Boks. De quoi critiquer, en creux, le statut réservé à Antoine Dupont, considéré comme intouchable malgré ses déboires physiques ? Peut-être… Mais on ne peut, à ce sujet, que souligner deux choses. Premièrement, que l’absence médiatique de Galthié pendant la convalescence de Dupont (où fut principalement envoyé au feu le manager santé Bruno Boussagol) n’a fait qu’alimenter la cacophonie et les fantasmes au sujet du capitaine. Et deuxièmement, que le manque de symbiose entre le sélectionneur et Dupont a fait tache en clôture de la Coupe du monde, lorsque le demi de mêlée des Bleus s’aventura sur le terrain - certes glissant - de l’arbitrage. Tout comme le silence médiatique de Galthié depuis lors est assourdissant. D’autant plus étonnant que, si l’on ne comptait pas forcément lui demander de "rester léger" ni de se mettre à nu, le sélectionneur y semblait plutôt disposé, à en croire Voici…
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