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Coupe du monde de rugby 2023 - XV de France - Fabien Galthié, la fin de l’immunité

Par Marc Duzan
  • Fabien Galthié,  la fin de l’immunité
    Fabien Galthié, la fin de l’immunité Midi Olympique - Patrick Derewiany
Publié le
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Le rugby français sait ce qu’il doit à Fabien Galthié, qui a eu le mérite, ces quatre dernières années, de réveiller le géant endormi qu’était le rugby français. Malgré tout, cet échec retentissant est aussi le sien…

Évacuons d’emblée l’évidence : en quatre ans, Fabien Galthié a repositionné l’équipe de France au sommet - ou presque - du rugby mondial. À la tête de la sélection nationale, l’ancien demi de mêlée des Bleus a remporté 35 des 44 batailles qu’il eut à mener et assis le XV de France sur un bilan de 80 % de victoires, un ratio jamais atteint par l’un ou l’autre de ses prédécesseurs. De fait, le rugby français sait ce qu’il doit à Galthié, ce quinquagénaire ayant pourvu la sélection tricolore de fondations pour le moins solides et, conscient qu’on ne tirait pas au canon depuis un canoë, ayant surtout offert une identité claire à une équipe qui n’en avait guère, plaçant derrière des credo que l’on pensait désuets ("french flair", "esprit gaulois", "mission française"…) des mômes issus des quartiers (Cameron Woki, Gaël Fickou, Sekou Macalou), de la ruralité (Antoine Dupont, Gregory Alldritt, Anthony Jelonch, Charles Ollivon), de l’immigration (Uini Atonio) ou des territoires d’outre-mer (Peato Mauvaka, Yoram Moefana, Romain Taofifenua)… Des gonzes assez représentatifs, en définitive, de ce qu’est la France de 2023…

Son autre réussite ? C’est celle d’avoir tissé un lien fort, puissant même, entre la sélection tricolore, son histoire et son territoire : ces derniers mois, Galthié a multiplié les hommages aux clubs formateurs pour briser les ponts entre professionnels et amateurs, demandé à chacun des sélectionneurs l’ayant précédé (excepté Jacques Fouroux, évidemment) son ressenti sur la sélection et globalement pigé que sa bleusaille se battrait avec davantage d’ardeur, dès lors qu’elle aurait compris saigner pour quelque chose qui la dépasse. Mais alors, quoi ? En première ligne lorsque le ciel était bleu et l’horizon dégagé, Fabien Galthié l’est aussi depuis que le tonnerre gronde. Et quoi qu’on pense des méthodes de travail de "Galette" ou de ses qualités de technicien, il incarne désormais l’échec d’une Coupe du monde terminée quinze jours avant le terme annoncé…

La planification de la campagne en question

De fait, Fabien Galthié a dimanche soir perdu le combat qu’il avait à livrer avec Rassie Erasmus et Jacques Nienaber, dans la préparation de "l’avant" et dans le coaching "pendant". Et, de facto, l’équipe de France ayant disputé le "money time" du dernier quart de finale n’était pas en mesure de répondre à ce que proposaient alors les Springboks, menée par un demi d’ouverture qui n’en est pas un (Thomas Ramos), dotée à l’arrière d’un joueur trop peu expérimenté à ce poste (Louis Bielle-Biarrey), d’un ailier gauche (Yoram Moefana) fort emprunté depuis quelques mois, d’un capitaine ayant tout donné (Antoine Dupont). Sans oublier, évidemment, une première ligne bien loin des standards du très haut niveau... Ce que l’on veut dire, en réalité, c’est que cette équipe bancale et sur les rotules fut le fruit de plusieurs erreurs commises en amont et, si cette fin de match ratée remet déjà en cause la richesse de l’effectif tricolore (le banc de touche français fut d’évidence moins impactant que celui des Springboks), elle souligne aussi les choix contestables dans sa planification de la campagne : convaincu que le match d’ouverture face à la Nouvelle-Zélande serait un sommet quand il n’avait, dans les faits, la moindre incidence sur la qualification des Bleus (qui passa, on s’en souvient, par le dernier match contre l’Italie...), Fabien Galthié avait ciblé cette rencontre du 8 septembre pour des raisons médiatiques et populaires, pensant qu’un faux pas dès l’entame emplâtrerait l’intérêt du pays pour la compétition. Dans ce but, lui et son staff avaient fait suer sang et eaux les Tricolores tout l’été, causant plusieurs alertes musculaires plus ou moins importantes (Baille, Danty, Taofifenua, Cros) jusqu’à perdre trois joueurs majeurs du XV de départ (Romain Ntamack, Paul Willemse et Julien Marchand). Un mois et demi plus tard et au moment de construire ce banc de touche qui fut la clé de quart de finale perdu, Fabien Galthié a nécessairement pu mesurer le poids de ces absences-là…

On pourrait regretter, aussi, que le XV de France, après avoir séduit son auditoire avec un jeu de dépossession, ait soudainement décidé de revoir en partie ses plans à l’amorce du dernier Tournoi, soit quelques mois seulement avant cette échéance planétaire. Trop tard ? C’est ce que nous disait d’ailleurs Pierre Berbizier lundi soir dans notre émission quotidienne, ViàMidol, l’ancien sélectionneur des Bleus constatant ici que l’équipe de Fabien Galthié, dès lors qu’elle dut tenir le ballon au-delà de sept temps de jeu, n’en fut pas capable. Pour le sélectionneur national, qui a désormais perdu son totem d’immunité aux yeux du grand public, l’heure de l’introspection a désormais sonné…

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Les commentaires (29)
Chabalou Il y a 6 mois Le 22/10/2023 à 10:19

C une très bonne analyse
En espérant que Galthié la lise
Je suis d accord que si l on enlève la partie arbitrage le match a été perdu sur le coaching et les dernières mn.
Dupont fatigué aurait du être changé on a espéré une inspiration jusqu'àla fin (ou faite à la AFS Lucu en 1 et Dupont en 2 pour pertuber), marchand blessé aurait du être remplacé par Willense car notre 2ème ligne n a pas pesée. Si l on avait voulu changer la charnière il fallait garder Jaminet sur la feuille quitte à basculer Ramos en 10
Makalou je l aurait mis ailier et fait rentrer avant
Quand Atonio et Baille sortent on voit trop la différence

Chabalou Il y a 6 mois Le 20/10/2023 à 23:42

Pourquoi les Sudafs n ont pas signé la charte antidopage ??..

Chabalou Il y a 6 mois Le 20/10/2023 à 23:41

Pourquoi la Marseillaise n était pas jouée en dernier
Ou est l avantage du pays hôte