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Coupe du monde de rugby 2023 - Des Blacks en mission, des Pumas sans pression

Par Nicolas AUGOT
  • Ce vendredi, Rieko Ioane et ses coéquipiers défieront les Argentins pour une place en finale.
    Ce vendredi, Rieko Ioane et ses coéquipiers défieront les Argentins pour une place en finale. Dave Lintott / Icon Sport - Dave Lintott / Icon Sport
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La Nouvelle-Zélande va disputer sa neuvième demi-finale de coupe du monde. Les All Blacks, battus à ce stade de la compétition lors du Mondial au Japon, se présentent comme les grands favoris face à des Argentins toujours aussi accrocheurs.

Les All Blacks sont éternels. Ils ont rallumé la flamme, ravivé les rêves, ensorcelant encore la planète ovale de cette magie noire, capable de faire perdre la tête, même aux numéros uns mondiaux. La messe est dite. Ils doivent aller en finale, et face à l’Afrique du Sud, pour le duel ultime, celui qui permettra à une de ces deux équipes de remporter un quatrième sacre mondial. Néo-Zélandais et Sud-Africains comptent le même nombre de victoire en Coupe du monde depuis la victoire des Boks au Japon. Cela ne peut rester ainsi. C’est une offense pour les Blacks qui veulent reprendre leur statut de plus grande, de plus légendaire équipe depuis la nuit des temps, et pour des siècles et des siècles. Les All Blacks sont en mission, avec leur foi vissée aux crampons, ayez pitié des Argentins, ces pauvres pécheurs, seuls membres de ce dernier carré à ne pas avoir déjà soulevé le trophée Webb-Ellis, ni même à avoir disputé une finale.

L’histoire est en marche pour cette équipe néo-zélandaise. Elle vient de sérieusement taper du poing sur la table, certainement vexée d’avoir été considérée un peu trop vite comme la cinquième roue du carrosse au moment de se présenter sur la ligne de départ de cette compétition. Les Blacks viennent de livrer leur plus belle copie de l’ère Foster, réussissant à pratiquer ce jeu offensif toujours aussi spectaculaire et efficace tout en démontrant que cette sélection a une sacrée force de caractère. Elle avait pourtant cruellement manqué d’âme face à l’Afrique du Sud à Twickenham lors du dernier match lors d’une défaite historique (7-35) puis lors de la deuxième mi-temps face à la France lors du match d’ouverture, avec cette sensation qu’elle tendait bien vite l’autre joue quand elle était en souffrance. Cette dernière séquence défensive face à l’Irlande qui a duré presque 6 minutes et 38 temps de jeu dont 13 au-delà de la barre symbolique des 80 minutes est venue démontrer le contraire. Lors de ce quart de finale, les Blacks ont réalisé 229 plaquages. C’est le deuxième meilleur total de la compétition. Seuls les Gallois ont fait mieux lors de leur victoire face aux Fidji (252). Cette équipe n’est pas qu’une accumulation de joueurs extraordinaires ballon en main. Elle est prête à se faire mal, à ranger les ego au placard avec des hommes capables de se sacrifier pour le collectif. On pense bien sûr à Jordie Barrett, contraint d’endosser le rôle de déménageur en premier centre. Un emploi contre nature pour cet arrière de formation, friand de grands espaces et de relances chaloupées, qu’il assume sans s’émouvoir d’évoluer dans un registre plus direct. Et que dire de Sam Whitelock, le plus capé de l’histoire des All Blacks, qui n’a pas bronché quand il a été relégué sur le banc des remplaçants.

La claque de Christchurch

Après une phase de rodage, la machine de Ian Foster est maintenant lancée. Elle ne devrait donc pas être freinée par une équipe d’Argentine qui souffre toujours pour trouver la bonne carburation, malgré sa victoire face au pays de Galles en quart de finale, un match marqué par les approximations des deux formations. Une hypothèse dont les Blacks se méfient. Jason Ryan, l’entraîneur des avants alors tout juste arrivé dans le staff néo-zélandais au mois d’août 2022 n’a pas oublié la gifle reçue par les Pumas à Christchurch, en Nouvelle-Zélande (18-25). Un véritable retour sur terre et une nouvelle désillusion pour les All Blacks qui venaient de s’imposer lors du match précédent en Afrique du Sud, et plus précisément à l’Ellis Park, temple des Springboks (35-23), dans ce qui avait été alors souligné comme le plus grand match des Blacks de l’ère Foster. Ce revers a été un traumatisme mais aussi une leçon de vie pour cette équipe néo-zélandaise qui a su bâtir une série de dix matchs sans défaite (neuf victoires et un nul) pour rester invaincue pendant un an avant le crash de Twickenham face aux Boks le 25 août dernier. Les Blacks assurent donc qu’ils craignent les Pumas puisque les Argentins sont maintenant capables de les battre (deux fois depuis la dernière coupe du monde), d’autant plus après une forte montée d’adrénaline et un pic émotionnel dont il n’est jamais facile de redescendre. Le staff néo-zélandais cherchait donc à trouver le bon mélange cette semaine pour miser sur la confiance née d’un tel succès face à l’Irlande et l’obligation de basculer sur un nouveau défi en balayant d’un revers ce quart de finale, même s’il restera dans les annales de la Coupe du monde.

Troisième demi-finale pour l’Argentine

C’est à cette branche que l’Argentine doit s’accrocher. Il est certain que les All Blacks sont meilleurs au rugby, avis non négociable depuis l’ouverture de cette compétition et renforcé lors des quarts de finale. Mais, les Pumas ne sont-ils pas les maîtres du monde pour ronger la confiance adverse, pour faire déjouer n’importe quelle équipe ? Ainsi, cette confrontation pourrait ne pas se transformer en démonstration de force. L’Argentine n’a jamais été une équipe flamboyante avec un jeu millimétré comme l’Irlande ou alors capable de concasser tout le monde comme l’Afrique du Sud. Elle s’est fait une place parmi les meilleures nations du monde avec un sens du sacrifice exacerbé et l‘amour du maillot en religion. Malgré des faiblesses et des individualités moins reconnues, ces Argentins arrivent à renverser des situations désespérées, à remporter des succès inattendus. Et la Coupe du monde est une compétition qui leur va si bien. Une aventure de deux mois où il faut être capable de se transcender. Ce n’est pas un hasard s’ils vont disputer ce vendredi leur troisième demi-finale depuis 2007, soit une de plus que la France sur la même période. Les Argentins raffolent de ces matchs à élimination directe, où la tension de l‘événement nivelle souvent le niveau technique et sublime la force mentale, encouragés par des supporters, eux aussi battus en nombre en tribune, s‘époumonant pour faire autant de bruit qu’un jour de clasico entre Boca Juniors et River Plate.

Une homélie riche de miracles face aux nations de l’hémisphère Nord, mais sans succès jusqu’à présent face aux trois géants de l’hémisphère Sud. Que l’on dit plus hermétiques à la pression de l’événement. Les Pumas n’ont jamais remporté le moindre match de Coupe du monde face à la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et l’Australie. Les voici donc confrontés à leur plafond de verre, eux qui n’ont jamais gagné une demi-finale, battus par les Wallabies en 2015 et les Springboks en 2007. Personne ne s’attend à ce que les Pumas renversent donc les All Blacks et c’est certainement la meilleure arme des Argentins. Les hommes de Michael Cheika ont déjà réussi leur Coupe du monde. Ils n’ont plus rien à perdre et savent qu’ils ont déjà battu cette équipe. "L’histoire ne plaide pas en notre faveur mais c’est à nous d’inverser cette tendance, reconnaît le sélectionneur des Pumas. On a une chance de le faire vendredi et on sera prêts. On fera ce qu’on sait faire de mieux quand on entrera sur la pelouse." Jouer comme si c’était le match de toute une vie.

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