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Coupe du monde de rugby 2023 - Galles - Argentine : après la crise, les repentis sont à la fête

Par Quentin Put
  • Gallois et Argentins vont se disputer une place en demi-finale ce samedi.
    Gallois et Argentins vont se disputer une place en demi-finale ce samedi. Huw Evans Agency / Icon Sport
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Le pays de Galles et l’Argentine ont chacun connu leurs crises à des moments différents. Les retrouver à ce stade de la compétition, à une marche du dernier carré, semble surprenant. Pourtant, c’est le fruit d’une longue mutation.

Comment le pays de Galles, en pleine crise juste avant le Mondial, peut-il se retrouver en position de favori pour décrocher un billet pour les demi-finales ? Même Michael Cheika, le sélectionneur de l’Argentine, s’en amusait après la victoire contre le Japon synonyme de qualification pour les quarts : "On sait qu’ils sont favoris, on a d’ailleurs entendu beaucoup de commentaires disant que les Gallois étaient déjà en demies." Ce retournement de situation est assez surprenant : pour rappel, le pays de Galles était premier au classement mondial lors de l’été 2019, puis vainqueur du Tournoi 2021. C’est l’année d’après que le XV du Poireau a commencé son chemin de croix : six défaites en neuf matchs en 2022, dont la plus traumatisante fut au Principality face à la Géorgie, une cuillère de bois évitée en fin de Tournoi contre l’Italie et surtout une crise financière qui a fragilisé tous les étages de la fédération, au point de voir des joueurs quitter leur pays par légions.

"Quand je suis arrivé pour le Tournoi, je n’avais aucune idée de tout ce qui se tramait. Si j’avais su, j’aurais pris une décision différente et je serais probablement allé ailleurs", a même avoué le sélectionneur Warren Gatland à la BBC. Passer le stade de la phase de poule, même si la poule C était relativement ouverte, en devient donc une belle performance pour la nation classée dixième mondiale avant la compétition. "Je n’aurais pas su quoi dire (si on lui avait prédit cette situation il y a un an), témoigne Rio Dyer. Ce qui nous attend cette semaine est assez irréel quand on sait tout ce qui s’est passé. Arriver à ce stade, c’est non seulement une immense réussite pour moi, mais surtout pour le groupe." Et un pari réussi pour Warren Gatland, qui a fait le choix de la jeunesse avec des cocapitaines Dewi Lake et Jac Morgan âgés de 24 et 23 ans.

"Une confiance qui va crescendo"

Son calvaire, l’Argentine l’a vécu elle au tout début du Mondial. Car il est difficile de décrire de la sorte les Pumas en préparation de ce sommet. En effet, si l’année 2022, première du mandat Cheika, fut délicate, on a vu cette sélection progresser au fil des matchs pour rivaliser lors du Rugby Championship 2023. Toutefois, la copie rendue contre l’Angleterre (pourtant réduite à 14) lors du premier match fut si médiocre qu’elle entraîna une remise en question générale au sein du groupe. "Oui, cette défaite face à l’Angleterre et la façon dont on a perdu ont fait que tous les matchs suivants ont été des finales, précise le capitaine Julian Montoya. On s’est beaucoup entraîné, on s’est même entraîné en jouant."

Et si le contenu n’a pas été tout de suite convaincant, le spectacle renversant offert à Nantes montre que cette équipe monte en puissance. "Ça a commencé par le match contre les Samoa. Peu à peu, on s’est rassuré et la confiance tout comme notre jeu sont allés crescendo dans cette compétition", explique le Toulousain Santiago Chocobares. Celui-ci fut précieux dans le gain du terrain contre des Japonais parfois largués en défense. Ça n’est pas anodin, tant cette ligne de trois-quarts est dangereuse. "On a des trois-quarts de classe mondiale, avec Mateo Carreras, "Emi" Boffelli et les autres, poursuit le Toulousain. Quand on a le ballon avec de l’espace, on peut être très dangereux. On est très content de cette capacité car c’est exactement de cette façon que nous voulions jouer derrière."

Carreras et Rees-Zammit, prophètes en leurs pays

Mateo Carreras a en effet épaté, avec un triplé loin d’être volé. Et la veille, lui aussi au stade de la Beaujoire, c’est Louis Rees-Zammit qui a planté par trois fois, rien qu’en deuxième période. À chaque fois, il concrétisait des ballons longs tapés dans la zone de marque. "C’est un joueur fantastique, il est si rapide… De plus, son jeu a nettement progressé ces douze derniers mois, remarquait Alex King, entraîneur de l’attaque. Son état d’esprit, son attitude, son professionnalisme font de lui un "top player". Il a beau être très jeune (22 ans), il a déjà plus de 30 sélections…" "J’avais bien demandé qu’il ait plus de ballons, s’amusait Warren Gatland. C’est un joueur avec encore un grand potentiel. Il s’est entraîné tous les jours sans faillir lors des six dernières semaines. On en voit les bénéfices."

Et tant pis pour la grosse blessure subie par Taulupe Faletau, qui le contraint à renoncer au Mondial. Derrière, les nouvelles concernant Gareth Anscombe, Liam Williams et Dan Biggar sont bonnes. "Ils récupèrent bien. Liam avait des béquilles après le match mais c’était juste par précaution. Gareth se remet bien aussi, révélait Huw Bennett, responsable de la préparation physique en début de semaine. De ce que je sais, tout le monde est disponible pour le quart." En tous les cas, on sait la capacité des Celtes à se sublimer face à l’adversité, en témoignent les nombreuses absences vécues lors des Coupes du monde en 2015, 2019 mais aussi lors de Tournois pourtant réussis.

L’attaque argentine en plein essor

Mais les Gallois n’ont pas le monopole de ce côté hargneux. Les Pumas s’enorgueillissent de la "garra" (combativité en VF) qu’ils déploient pour sortir vainqueurs des matchs les plus importants. N’en faut-il pas une bonne dose pour battre les All Blacks à Christchurch et les Anglais dans la cathédrale de Twickenham ? De même, dans ce qui constituait un huitième de finale, les Argentins ont su marquer des points à chaque fois que les Japonais revenaient au score ou se faisaient menaçants. Et de surcroît, avec la manière. Un véritable commandement, puisque Michael Cheika clamait ceci en juin dernier : "Cette année, nous avons à cœur de mettre nos adversaires sous pression en les attaquant. Je veux voir mon équipe attaquer avec le ballon."

Et c’est ainsi que ses joueurs se sont épanouis, pour arriver à un tournant de leur histoire. "On a eu un vrai focus sur nous-mêmes et sur la propreté dont on doit faire preuve, prêchait le sélectionneur d’origine australienne. J’ai regardé leur match contre l’Australie et Warren Gatland a un style très particulier qu’il a réussi à infuser au sein de son équipe qui joue très bien. Le savoir, c’est une chose. Parvenir à le contrer…"

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Les commentaires (1)
JiaimeP Il y a 7 mois Le 14/10/2023 à 13:19

Ce match est une bonne entrée avant le plat somptueux de la soirée. Idem demain. Miam miam et que les meilleurs gagnent.