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Coupe du monde de rugby 2023 - Petites phrases et autres jeux d’annonces pour déstabiliser les Bleus, la guerre psychologique des Boks

Par Simon VALZER
  • Le sélectionneur Jacques Nienaber et le directeur du rugby Rassie Erasmus pratiquent un jeu habile de communication, dans le but d’enlever les joueurs et le staff du feu des projecteurs.
    Le sélectionneur Jacques Nienaber et le directeur du rugby Rassie Erasmus pratiquent un jeu habile de communication, dans le but d’enlever les joueurs et le staff du feu des projecteurs. PA Images / Icon Sport
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Particulièrement habiles dans leur communication depuis le début de la compétition, les champions du monde sud-africains ont encore multiplié les petites phrases et autres jeux d’annonces pour déstabiliser les Bleus. Avec, en chef d’orchestre, le directeur du rugby Rassie Erasmus.

Les fameux "mindgames" ("jeux psychologiques") opposant le XV de France aux Springboks et dont raffolent les Anglo-Saxons ont été lancés en début de semaine par le directeur du rugby Rassie Erasmus. C’est son boulot de directeur du rugby après tout, comme il l’explique dans son autobiographie intitulée "Rassie, Stories of Life and Rugby" sur laquelle nous reviendrons plus longuement (lire p.12) : "Mon job de directeur de rugby, c’est ça : débarrasser Jacques (Nienaber, N.D.L.R.) de toute la m…, comme la politique ou la communication, et le laisser se concentrer sur l’entraînement." Et Erasmus d’envoyer un missile à quelques-uns de ses prédécesseurs, comme Heyneke Meyer et Allister Coetzee : "Ils voulaient tout faire, tout contrôler. Gérer la politique, les médias, et tout le reste… In fine, ils finissaient par se laisser polluer par des tas de choses qui les déconcentraient."

Déclarations incendiaires et contre-feux

Ces Boks-là ne tombent pas dans ce panneau, grâce à une répartition infaillible des rôles : en clair, Rassie Erasmus allume des incendies en début de semaine et pendant ce temps, Jacques Nienaber et ses ouailles travaillent tranquillement pendant que les phrases chocs de Rassie le Dingue sont commentées sans cesse. Après le premier match de poule contre l’écosse au cours duquel Eben Etzebeth était sorti après vingt-cinq minutes sans la moindre gêne apparente, Erasmus n’avait pas hésité à dire qu’il n’avait "pas besoin de joueurs qui font du vélo ou du rameur", et que son deuxième ligne "pourrait quitter le groupe s’il n’était rétabli rapidement." Une déclaration pour le moins choquante pour nous, Français, qui avons gardé dans notre groupe nombre de joueurs blessés pendant plusieurs semaines…

Rassie le Dingue en a ensuite fait des tonnes sur son banc en sept-un aligné contre l’Irlande, ou sur ses quatre demis de mêlée figurant sur la feuille du match l’opposant à la Roumanie. Autant de sujets largement débattus et qui lui ont permis de passer sous silence des faits pour le moins gênants comme celui de ne pas rappeler un spécialiste au poste de talonneur après la blessure de Malcolm Marx – laissant Bongi Mbonambi seul à bord, avec deux troisième ligne (Fourie et Van Staden) pour le suppléer – ou encore les 37,5 % de réussite qu’affichaient ses buteurs Manie Libbok et Faf de Klerk en début de compétition.

Annonce d’équipe retardée

La pression augmentant avec l’entrée dans les phases finales, Rassie Erasmus n’y est pas allé de main morte. D’abord en mettant la pression sur le corps arbitral en déclarant que nos Bleus "simulaient parfois" sur "les situations de plaquages hauts". Ensuite en repoussant pour la première fois de la compétition son annonce d’équipe. Et n’allez pas croire que cela ait quelque chose à voir avec le fait que le match se joue dimanche. Depuis le début de la compétition, l’Afrique du Sud annonce souvent son équipe via ses réseaux sociaux dès le mardi, devançant même l’agenda prévu par World Rugby…

Mais pas cette fois : "L’année dernière, on a fait beaucoup de changements et d’essais pour veiller à disposer à chaque poste de joueurs de niveau égal, et dans certains cas nous ne savons même pas lequel est le meilleur, expliquait mardi le boss des Boks. On essaye de ne pas jouer nos cartes trop tôt pour pouvoir décider si on va mettre sur le banc sept avants et un arrière ou si on va plutôt partir sur une option six-deux ou cinq-trois avec Handré Pollard et Manie Libbok qui sont tous les deux disponibles. Le fait d’avoir tout le monde à notre disposition peut avoir une influence sur notre choix de répartition sur le banc entre un sept-un et un six-deux, tout comme la composition de l’équipe de France."

Pour terminer, Erasmus en a fait des caisses sur le dernier France-Afrique du Sud perdu à Marseille, multipliant les louanges alors qu’il abhorre la défaite. Morceaux choisis : "C’était une expérience fantastique", "parmi tous les matchs qu’on a perdus, c’est un de ceux dont je suis le plus fier", "j’ai vraiment aimé ce match", "je respecte beaucoup le public français" et enfin "de toute ma carrière de joueur et d’entraîneur, c’est l’une des situations les plus intenses et les plus agréables que j’ai vécues, et je suis sûr que ce sera pareil dimanche." Nous aussi. Mais ne vous en déplaise M. Erasmus, on garde le même score. Vendu ?

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Les commentaires (2)
Abkhaze Il y a 6 mois Le 15/10/2023 à 12:50

Je ne suis pas certain de qui en fait le plus avec trois fois rien... l'entraîneur ou les journalistes...

CasimirLeYeti Il y a 6 mois Le 14/10/2023 à 15:12

Un marchand d'histoire, celui-là !