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Coupe du monde 2023 - Les Géants Verts ont remporté le combat des chefs

  • Coupe du monde de rugby 2023 - Le combat des chefs, magnifique, haletant, a été remporté de haute lutte par le XV du Trèfle, samedi, au terme d’une soirée riche en émotions
    Coupe du monde de rugby 2023 - Le combat des chefs, magnifique, haletant, a été remporté de haute lutte par le XV du Trèfle, samedi, au terme d’une soirée riche en émotions PA Images / Icon Sport - PA Images / Icon Sport
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Le combat des chefs, magnifique, haletant, a été remporté de haute lutte par le XV du Trèfle, samedi, au terme d’une soirée riche en émotions. Les Irlandais sont bien les numéros 1. Mais ce qui les attend, avec un possible quart face aux Blacks, va continuer de mettre ce statut à rude épreuve.

Le deuxième feu d’artifice tiré au Stade de France, en ce magnifique mois de septembre, n’aura en rien ressemblé au premier. La production franco-néo-zélandaise, en lever de rideau, était partie dans tous les sens, avec quelques pétards mouillés d’entrée, suivie de flammèches disparates et d’une effervescence allant crescendo jusqu’au joli bouquet final. Samedi soir, le spectacle pyrotechnique, physique et tactique proposé par les deux meilleures nations mondiales a été d’une intensité et d’une charge émotionnelle encore supérieures : une merveille de fureur, captivante, hypnotique, avec des déflagrations à n’en plus finir, des passes lasers par dizaines, des courses éclair à couper le souffle, des chandelles à petites doses en guise de respiration, des impacts, encore et encore… Toujours plus fou, toujours plus fort. Et puis, au terme de quatre-vingts minutes tout feu tout flamme, l’explosion finale a retenti dans les tribunes après que l’ultime mèche sud-africaine se soit consumée sous les corps irlandais auprès de la ligne d’en-but.

Dans un match aux allures de combat de boxe, les Irlandais sortent victorieux de ce match entre titans. #RWC23 #RSAvIRE?

Le récit > https://t.co/BPIForerNX pic.twitter.com/OmGXrGNIz8

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) September 23, 2023

Pour être belles, les finales – car c’en était une avant l’heure – doivent être haletantes, poignantes, éreintantes. Ce choc a été tout ça à la fois et encore plus. Il n’y avait bien que le tableau d’affichage et les esprits les plus chafouins pour oser prétendre le contraire. Et comme la grande histoire de ce jeu ne s’écrit pas seulement sur la pelouse, la troisième mi-temps a dignement pris le relais des deux premières pour rendre la soirée encore plus mémorable. Si le « Freed from desire » inaugural – comprenez par-là « libéré du désir » – avait tout dit de l’état d’esprit de Tricolores aussi satisfaits que soulagés d’avoir lancé leur conquête sur un succès de prestige, le « Zombie » des Cranberries, entonné par des dizaines de milliers de supporters verts, a résonné encore plus fort dans l’ovale dionysien.

Pour ce qu’il relate du conflit irlandais, pour le riff légendaire de Noel Hogan et pour ses paroles, profondément vibrantes, que l’on aurait crues écrites pour ce moment : « Dans ta tête, dans ta tête, ils combattent encore, avec leurs tanks et leurs bombes, et leurs bombes, et leurs armes… » Même si ce n’était, en l’occurrence, que du sport, les artilleries étaient bel et bien de sortie avec, d’un côté, les fantassins irlandais surentraînés et les fameux démineurs sud-africains de l’autre. Dans ce bras de fer et de plomb, ce sont les Verts de l’île Emeraude qui ont fini par forcer la décision. À la surprise générale, dirons-nous. Comme à chaque fois depuis quatorze mois et seize rencontres, aussi…

« Une confiance exceptionnelle »

Alors, c’est qui les patrons… Pour l’heure ? « Félicitations aux Irlandais, ils ont très bien joué », s’inclinait Jacques Nienaber après coup. Il faudrait avoir un champ de vision bien réduit pour ne voir ce dénouement qu’à travers le prisme de l’échec des buteurs sud-africains. À l’inverse, la touche irlandaise, contrariée par « le meilleur contre au monde » dixit Ryan Baird et par un déficit de repères inhérent aux récents pépins de ses talonneurs, ne connaîtra sûrement pas deux fois une telle faillite. L’alignement des soldats verts est d’ailleurs l’exception qui confirme cette règle : le XV du Trèfle, s’il n’a peut-être pas – et encore, cela reste à voir – l’effectif le mieux doté de la planète rugby sur le plan individuel, affiche une maîtrise collective sans égale à l’heure actuelle. « J’ai confiance en mon jeu, j’ai confiance en mon équipe et on se fait confiance les uns les autres, c’est aussi simple que ça », assénait, sans sourciller, le deuxième ligne.

\ud83d\udde3\ufe0f "Irlande - Afrique du Sud est l'un des plus beaux matchs de ces dernières années !"

Le choc de la poule B a évidemment été plébiscité par nos journalistes présents dans La Troisième Mi-temps ! pic.twitter.com/8Dz2EJCVDm

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) September 24, 2023

Avec leur organisation et leur résilience défensives, leur capacité à dérouler un rugby de qualité sous haute pression et leurs aptitudes dans le jeu au sol, les numéros 1 ont opposé de solides arguments aux champions du monde en titre, perçus comme les favoris de l’affrontement. Le procès en légitimité constamment intenté à la bande à Sexton n’est sûrement pas fini mais les pièces à conviction du jour plaident sacrément en leur faveur. Depuis l’été 2022, rien ni personne n’est parvenu à interrompre sa marche royale. Même De Allende, Mbonambi et le «bomb squad» s’y sont cassé les os : « On se savait prêts à relever le défi, mentalement et physiquement, reprenait Ryan Baird. On était conscients, qu’avec leur banc, il y aurait deux matchs en un à jouer mais on savait aussi que l’on était en mesure d’y répondre. »

À ses côtés, Finlay Bealham ne pensait et ne disait pas autre chose : « Tout le bruit autour du bomb squad ? On a entendu mais on n’écoute pas trop ce qui se dit autour, vous savez. Ces gars sont forts et dangereux, indéniablement. Pour nous, ce n’était qu’un challenge de plus à aborder. Quand on offre la meilleure version de nous-mêmes, il n’y a rien que nous ne pouvons surmonter. » Cette « confiance exceptionnelle », comme la qualifiait Bundee Aki, est d’autant plus solide qu’elle a été forgée sur la durée : « Cela fait des années que l’on prépare notre plan, tout est clair dans notre tête, poursuivait Tadhg Beirne. On sait ce qu’on a à faire. Et on le fait en mettant les émotions de côté. » Il y en a bien assez tout autour d’eux.

« Le meilleur public du monde »

Dans leur quête, les gars de Dublin, Cork, Limerick et d’ailleurs peuvent compter sur un 16e homme toujours plus épatant. L’Irlande aussi joue à domicile dans l’Hexagone : « Combien de personnes sont venues nous voir jouer ? Je ne sais pas comment ça peut se reproduire match après match, hallucinait le si placide Jonathan Sexton. Je n’ai jamais vu une telle ambiance. Nous jouons pour eux, ils nous ont donné l’avantage. C’est impossible qu’il y ait eu 30 000. Cela ne me surprendrait pas s’il y en avait 60 000. » Entre les chiffres des syndicats et ceux de la police, où se situe la vérité ? Qu’importe à vrai dire. Seule compte la ferveur ressentie depuis le pré. Bundee Aki, autre glorieux trentenaire, n’arrive pas à s’en lasser, à s’y habituer : « Les mots me manquent. Ces supporters sont incroyables. Je n’avais jamais rien vu de pareil. C’est de la folie et ça ne va aller qu’en s’accentuant. » Et Finlay Bealham de leur décerner le titre officieux de « meilleur public au monde ».

Andy Farrell a mis en avant le caractère de ses hommes et leur capacité à produire un rugby de qualité face à une adversité aussi redoutable que l’Afrique du Sud, ce samedi, au Stade de France (13-8).https://t.co/CBt2kJU6Mp

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) September 23, 2023

Au sortir de ce week-end, l’Irlande peut plus que jamais se targuer d’être numéro 1, sur et en dehors des pelouses. Au-dessus de ces géants verts plane toutefois une ombre menaçante. Un nuage tout noir. Eux qui n’ont jamais atteint le dernier carré d’une Coupe du monde dans leur histoire et qui se sont fixé cette mission sacrée devraient avoir le douloureux privilège de croiser les éternels All Blacks en quart. D’aucuns verront la configuration du tableau final comme une aberration, voire une injustice. Mais, si l’on n’écoute que son cœur, comment ne pas se réjouir à la perspective d’une autre finale avant l’heure, d’un énième raz-de-marée vert sur la capitale, d’un nouveau bras de fer dantesque au Stade de France ? Septembre est sensationnel. Octobre sera mythique.

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