L'édito du lundi : Fabien in love
Fabien Galthié, jusqu’ici, avait surtout pris soin de couvrir ses joueurs. Il avait beaucoup parlé de sublime, en début d’année 2023, à l’occasion du Tournoi des 6 Nations. Ce mot qui claque en appelle à des invocations quasi métaphysiques et doit convaincre son auditoire – celui de ses joueurs au premier chef - que leur destin collectif les transcende.
Il y eut ensuite le temps des romances. Et cette sémantique de l’amour qui résonne en écho depuis l’été. Beaucoup de fois, au long de ses prises de parole publiques ou plus intimes, réservées à son groupe, le sélectionneur y est allé de sa déclaration, de ce besoin d’amour qui l’étreint visiblement et qui doit unir ses hommes. Gagner les cœurs pour gagner les ors.
Avouez que c’est diablement romantique. Et que cela se pose sur le fil de sa communication, depuis que s’est ouverte sa mandature : "j’ai changé". Et plus encore, il y a 18 mois, en confessions intimes dans nos colonnes. "J’étais cassant, pas assez rond… Mais ma personnalité a changé. J’essaie en tout cas d’aborder l’aspect humain avec le plus de tact possible. Je regarde, j’écoute, j’apprends."
Vendredi 8 septembre, une petite heure après que ses Bleus ont fait rompre les Blacks, Galthié concluait sa conférence de presse par le renouvellement de son bail d’amour, l’œil rieur et le sourire tirant sur la droite de ses lèvres, comme s’il pointait vers son capitaine Antoine Dupont justement assis là.
Fabien Galthié écoute les hommes et ses hommes, c’est vrai. C’est le bénéfice de l’âge, et la promesse qu’il s’est faite à lui-même d’user aussi de psychologie, désormais, pour tirer le meilleur de ses troupes. Mais, parfois, la colère gronde encore et Galthié se fait noir comme ses lunettes.
La séquence d’entraînement, captée dimanche par nos confrères de RMC, a donc montré le sélectionneur sous une autre facette. Celle de sa légende sombre, sa "tarte à la crème" comme il le dit lui-même.
Les mots sont durs, trop durs évidemment pour les espoirs du Stade français traités à répétition de "peintres", alors même qu’ils étaient prompts à venir prêter main-forte aux Bleus, pour jouer les partenaires d’entraînement et faire le nombre (vous savez, celui de 42 !). Sans rien attendre en retour, et certainement pas des brimades à cet instant.
"La Coupe du monde, c’est pas pour les mauviettes" ? Peut-être, mais ces mômes-là ne préparaient aucune Coupe du monde. L’exigence du haut niveau ne peut pas justifier toutes les façons et tous les discours. Celui-ci était de trop.
Passé l’effet de gêne, la séquence dit surtout beaucoup de la tension qui infuse lentement autour des Bleus et de l’importance que pourrait incarner ce moment. Après le match franchement raté face à l’Uruguay, Galthié avait publiquement protégé ses hommes et plus que de raison, plus que ne le méritait la réalité piètre de leur prestation. À l’entendre, la copie rendue ne le heurtait pas et le groupe, suffisamment mature pour s’autoréguler, imposerait de lui-même un niveau d’exigences supérieur. Sans qu’il ait, lui, le "nouveau Galthié", zen, à intervenir.
Ces quelques secondes volées d’un entraînement sans enjeu imminent montrent pourtant autre chose. Que l’instant est charnière et que les habituels remplaçants titularisés face à l’Uruguay ont raté une belle opportunité. Certainement leur seule opportunité. La suite du Mondial, désormais, devrait s’écrire autour des joueurs cadres habituels.
Galthié, pourtant, ne pourra pas se couper totalement de ses "coiffeurs". Il risquerait d’y scinder son groupe en deux et d’en perdre une partie, ce qui relèverait d’un caillou dans le crampon. Pour la fin de la compétition, qu’on se le dise, d’autres péripéties attendent encore les Bleus. D’autres blessures, d’autres cartons. Il faudra alors puiser dans les ressources et, auparavant, avoir maintenu concernées lesdites ressources. C’est peut-être la mission la plus épineuse qu’il aura à endosser depuis son début de mandat.
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