Abonnés

Coupe du monde de rugby 2023 - Imanol Harinordoquy : "Impossible de laisser les joueurs cadres au placard pendant trois semaines"

  • Coupe du monde de rugby 2023 - Imanol Harinordoquy
    Coupe du monde de rugby 2023 - Imanol Harinordoquy Icon Sport - Icon Sport
Publié le
Partager :

Un peu déçu de la performance du XV de France face à l’Uruguay, notre consultant Imanol Harinordoquy se veut tout de même résolument optimiste pour la suite de la compétition. Toutefois, il alerte les problèmes défensifs assez récurrents ces derniers mois...

Quelle impression générale vous a laissé le XV de France face à l’Uruguay ?

C’est assez paradoxal, mais ce sont les Uruguayens qui m’ont le plus séduit. Ils ont mis du cœur et de l’envie. Ils ont aussi bien joué au rugby. Je dois faire un mea culpa car je n’avais pas donné cher de leur peau. J’ai vraiment été agréablement surpris. Quant à l’équipe de France, elle n’a pas été au niveau espéré. Le constat est cruel : de nombreux joueurs avaient des points à gagner, je pense qu’ils en ont finalement perdu. Les finisseurs devraient rester des finisseurs pour la suite de la compétition.

Fabien Galthié a déclaré que l’équipe de France n’était pas là pour être en "démonstration ou rendre une copie propre." Qu’en pensez-vous ?

Il n’a pas tort, le plus important, c’était de gagner. On ne va quand même pas tout remettre en question pour une sortie un peu ratée, ni remettre en cause la valeur des joueurs. Je suis convaincu que tous, individuellement, ont l’étoffe de titulaire au sein de l’équipe "Premium". S’ils n’ont pas réussi à le montrer contre l’Uruguay, c’est aussi parce qu’il y a eu peut-être trop de changements sur ce match.

Mais comment expliquez-vous cette copie brouillonne ?

Il y a eu beaucoup de turn-over dans l’effectif pour cette rencontre, ça n’a pas aidé. Cette équipe n’a pas réussi à tenir le ballon. La seule action où elle a réussi à le faire en mettant de la vitesse, c’est sur l’essai de Louis Bielle-Biarrey. Mais le match a été trop haché, il a manqué de rythme. Les Bleus n’ont pas réussi à enchaîner trois ou quatre temps de jeu. Un match compliqué.

Les Bleus sont à l’entraînement ce dimanche matin pour préparer le match contre la Namibie.

On peut notamment voir Jonathan Danty avec une chasuble bleue sur les épaules \ud83d\udc40 #XVdeFrance #RWC2023 pic.twitter.com/pFrk3L5Qiz

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) September 17, 2023

La défense française semble moins étanche que par le passé. L’avez-vous constaté ?

Je m’inquiète de ce choix de laisser le ballon à l’adversaire. J’ai l’impression de me répéter, mais le grand chelem 2022 a été réalisé notamment en raison de la qualité de cette défense très agressive qui étouffait l’adversaire. C’était même violent. Avec cette défense, les Bleus empêchaient leurs adversaires de construire leur jeu. Les Anglais ont d’ailleurs construit leur succès sur cette stratégie face à l’Argentine. Là, ce n’est plus le cas pour l’équipe de France. La défense est plus en contrôle, ce qui laisse l’initiative à l’adversaire. Et si tant est que l’adversaire ait cette volonté de tenir un peu le ballon, de jouer dans l’avancée, ça devient dangereux pour les Bleus. Face à L’Uruguay, il y a eu en plus pas mal de plaquages ratés. Le XV de France prend des essais trop facilement.

Le XV de France est passé de quatre fautes contre les Blacks à quinze contre l’Uruguay. Comment l’expliquez-vous ?

C’est un secteur que l’on peut relier à la qualité de la défense. Moins tu défends fort, plus tu subis et plus tu commets de fautes. C’est un paramètre qui a lourdement pesé dans le scénario de la rencontre. À force de répéter les fautes, les Bleus se sont mis sous pression et ont laissé l’adversaire jouer dans leur camp. Autant d’opportunités de prendre des points. Ce qui n’avait pas été le cas contre la Nouvelle-Zélande. Peut-être que les joueurs français avaient imaginé un match plus facile et qu’ils ont été surpris par les Uruguayens, leur engagement, leur capacité à jouer. Et puis, la discipline, c’est quelque chose de très collectif. Or, les Bleus n’ont pas joué collectivement.

"Inconsciemment, peut-être que certains joueurs veulent en faire un peu plus et donc un peu trop"

Nous sommes revenus dans La Troisième Mi-Temps sur certaines actions des Bleus face à l'Uruguay, trop peu collectives à notre goût...#FRAvURU #RWC2023 pic.twitter.com/ltXQHm6qfx

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) September 16, 2023

De nombreux observateurs pensaient cette équipe de France à l’abri d’une telle performance notamment parce que le sélectionneur Fabien Galthié avait, depuis le début de son mandat, inculqué un état d’esprit différent, peut-être plus anglo-saxon, plus froid, dans l’approche de ce genre de rencontre. Ce match n’est-il finalement pas très "français" ?

Moi aussi, je me suis trompé. J’étais convaincu que cette équipe de France avait franchi un cap dans ce registre. J’étais sûr d’une large victoire après la performance aperçue contre les Blacks. D’ailleurs, j’aurai aimé que cette équipe soit capable de faire comme la Nouvelle-Zélande contre la Namibie. Ça aurait été mieux pour la confiance. Mais bon…

Oui ?

Dans l’inconscient collectif, les joueurs avaient sûrement en tête l’idée d’une carte individuelle à jouer pour la suite de la compétition. Pour moi, la principale problématique, elle est là. Voilà pourquoi je ne suis pas très inquiet. C’est le lot de chaque coupe du monde : il y a toujours un match piège. Désormais, il est passé. Place à la suite.

Cette victoire pénible des "finisseurs" facilite-t-elle le management de Fabien Galthié ?

En 2003, il y avait les "Toasts", en 2007, il y avait les "coiffeurs", en 2011 on n’a jamais trop su qui était titulaire ou remplaçant… Cette année, même si c’est un peu dur pour les joueurs qui étaient sur le terrain à Lille, aucun n’a remis en cause la hiérarchie bien établie.

Si vous étiez sélectionneur, comment composeriez-vous votre équipe pour affronter la Namibie jeudi à Marseille ?

Impossible de laisser les joueurs "Premium" au placard pendant quinze jours ou trois semaines. Rien ne remplace l’intensité d’un match, même pas les entraînements de Thibaud Giroud, aussi durs soient-ils. C’était bien de faire tourner contre l’Uruguay, mais il faut remettre l’église au milieu du village. Les mecs ont besoin de confiance. Contre la Namibie, si j’étais Fabien Galthié, je ferais jouer l’équipe "Premium".

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (1)
CasimirLeYeti Il y a 7 mois Le 18/09/2023 à 22:35

Bien d'accord, beaucoup trop de changements sur le match...