Coupe du monde de rugby 2023 - Les Springboks à l’heure de la polyvalence

Ils ont quitté le Var et la Méditerranée à regret. Dans leur quête d’un doublé historique, les Springboks partent à la conquête de l’ouest, et de Bordeaux, avant un saut dans la capitale, pour défier, en point culminant, l’Irlande.

Avant ce match de prestige, qui donnera le probable leader de la poule B, l’Afrique du Sud veut poursuivre sa mue, entraperçue par de trop petites brides face au XV du Chardon. "De toute manière, je ne pense pas qu’on sera un jour pleinement satisfaits de notre jeu offensif, s’est amusé l’entraîneur de l’attaque Felix Jones. On est loin d’avoir joué le match parfait, mais je pense que nous allons dans la bonne direction. Au cours des dix-huit derniers mois, des jeunes joueurs, comme Canan (Moodie, NDLR) ou Manie (Libbok, NDLR), ont amené des choses brillantes par leur façon de voir le jeu. On doit encore améliorer notre connexion pour renforcer notre croyance en cette direction."

Des Boks en quête d’imprévisibilité

Depuis les nouvelles consignes arbitrales, Jacques Nienaber répète inlassablement qu’un nouveau sacre passe par la volonté de marquer plus de points. Il croit en la défense, mais celle-ci n’est plus "récompensée" comme il y a quatre ans. À l’image du XV de France, la nation arc-en-ciel s’est mise en quête de nouvelles flèches pour garnir l’arc.

Contre la modeste Roumanie, le sélectionneur veut faire de l’antre des Girondins de Bordeaux un laboratoire scientifique. S’il est certain de voir des essais, dans le sens rugbystique du terme, l’ex-Munsterman veut se servir de cette partie pour réaliser des essais de groupe.

Après le banc à sept avants, il innove avec quatre demis de mêlée parmi les vingt-trois. "Il y a plusieurs semaines, les gens se demandaient pourquoi on en emmenait autant. Nous avons dans l’idée d’avoir des joueurs interchangeables. Nous sommes persuadés que Grant (Williams, NDLR) peut être aussi un ailier redoutable. Sur le papier, nous avons quatre numéros 9, mais la majeure partie d’entre eux ont joué à plusieurs postes dans leur formation."

Faf de Klerk sera essayé à l’ouverture

Avec le retour de Moodie (voir ci-contre), l’Afrique du Sud, malgré "un respect évident pour la Roumanie" (Nienaber), part avec la volonté de plus déplacer le ballon par le jeu de passes.

Une politique à contre-courant de leur identité, mais qui doit aider le groupe à l’orée des grands rendez-vous. "Nous mettons toujours une équipe en capacité de battre l’adversaire, poursuit le sélectionneur. […] Mais bien évidemment, nous voulons tirer de ce match des enseignements tactiques et techniques. C’est un défi pour les joueurs, qui doivent répondre à la pression inhérente au poids du maillot. On se met la pression en interne pour nous assurer d’atteindre notre objectif tactique. On entrera dans le détail à la fin de la partie (rires)."

Laissé au repos, Libbok a transmis le numéro 10 à Willemse. Quid de l’ouvreur remplaçant ? "Ce sera Faf de Klerk", a annoncé Nienaber. En professionnel, il n’a démarré qu’une rencontre à ce poste, avec Sale, le 23 septembre… 2017 ! "Tout ça, ce ne sont pas des risques, car ils sont bons à l’entraînement. C’est un garçon courageux, qui sait prendre ses responsabilités en attaque et en défense." Un Springbok cache désormais l’incertitude d’un caméléon.