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Top 14 - Le rêve australien de Jean-Baptiste Dubié

  • Jean Baptiste Dubié.
    Jean Baptiste Dubié. Icon Sport
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Jean-Baptiste Dubié, qui a joué son dernier match à Chaban-Delmas dimanche dernier, a pour projet de partir en Australie dans les prochains mois. Pour Midi Olympique, le trois-quarts centre a accepté d’expliquer les raisons de ce choix et s’est projeté sur l’aventure qu’il s'apprête à vivre de l’autre côté du globe.

Jean-Baptiste Dubié (34 ans) a disputé le dernier match de sa carrière à Chaban-Delmas, avec le maillot de Bordeaux, dimanche face à Toulon. Arrivé en 2015 à l’UBB, le trois-quarts centre a vécu une sortie forte en émotions devant sa famille et ses amis, lors de cette douce soirée de septembre. “Je redescends doucement de mon nuage, avoue-t-il. Encore maintenant, j’ai du mal à réaliser que tout ça a été fait, en partie pour moi. C’était vraiment beau. J’ai été chamboulé et lorsque je prends un peu de hauteur, je me dis que j’ai eu de la chance.”

Si certains joueurs ne choisissent pas leur sortie - on pense notamment à ceux qui terminent sur blessure - l’ancien montois a eu le privilège d’être titularisé par Yannick Bru pour cette dernière à la maison, devant 90 de ses proches qui avaient fait le déplacement. “Je n’avais pas fait de bons matchs amicaux, concède le joueur. Je revenais bien malgré tout. Je n’étais pas loin du truc, mais quand tu connais l’enjeu de notre championnat et les objectifs de l’UBB, à un moment donné, ce sont les plus compétitifs qui sont sur le terrain. Il n’y a pas d’état d’âme. C’est pour ça que j’ai remercié le staff et Yannick de m’avoir fait confiance sur ça. C’est une preuve d’affection, de valeur du rugby et de respect. Pendant la semaine, il y a eu des mots et des attitudes qui ne trompent pas. À la fin du match, j’ai remercié les mecs par rapport à ça. Ce sont des moments forts, que tu n’imagines pas vivre et quand ça t’arrive, tu te dis que c’est beau.

Dubié : “D’en parler, ça me fout encore des frissons”

À Chaban, dimanche soir, Dubié est entré seul sur la pelouse, aux côtés de Vadim Cobîlaș, qui faisait aussi ses adieux au peuple bordelais. Il a pu savourer ce moment unique, avant d’être ovationné lors de sa sortie (55e). “Quand tu rentres sur un terrain, tu es dans un état second, souligne-t-il. Quand tout le monde t'applaudit et que tout est centré sur toi, c’est encore autre chose. En live, je m’étais dit, au moment de sortir, qu’il ne fallait pas que j’oublie de regarder ma famille en tribune. J’ai complètement oublié. Dans la cahute, je me suis dit “merde, je ne les ai pas salués !” Au final, je l’ai fait après, lorsque je suis re rentré. C’était fort en émotions, mais je n’ai pas calculé ce qui m'arrivait.

Pour pouvoir profiter pleinement de sa sortie, Dubié avait d’ailleurs demandé à l’arbitre du soir, Ludovic Cayre, une petite faveur, avant le coup d’envoi de la seconde période, à savoir, 30 ou 40 secondes “pour que je puisse faire la bise à mes copains”, précise-t-il, avant de poursuivre : “Il m’a dit qu’il n’y avait pas de souci. Il a arrêté le temps. Même d’en parler, ça me fout encore des frissons. C’est trop sympa d’avoir fait ça pour moi. Je n’ai pas souvent remercié les arbitres (sourire), mais là, je suis obligé.

Des liens avec Ducuing, Poirot, Maynadier…

De ses années bordelaises, pendant lesquelles il a aidé le club à grandir jusqu’à devenir un candidat régulier à la phase finale, le Lourdais retient un tas de choses. “En partant du Stade montois (2015, NDLR), j’ai quitté un groupe fort, se souvient-il. Je rêvais de retrouver la même chose à Bordeaux, mais pour ça, il fallait s’inscrire dans la durée.

C’est ce qu’il est parvenu à faire, puisqu’il aura passé huit saisons en Gironde et disputé près de 150 matchs. “J’aurais rêvé de soulever un trophée avec cette équipe-là, mais ce n’est pas si simple, poursuit le centre. Je retiens cette ambiance, ce stade, cette histoire, puis ce président qui ne lâche rien, veut absolument y arriver, et bâti son équipe sur des valeurs qui me sont proches. À Bordeaux, il y a un esprit de famille important. Malgré les périodes difficiles, le groupe aurait pu imploser, mais on s’est battu. L’UBB n’a pas passé le cap d’être championne, ce n’est pas facile à vivre, il y a eu beaucoup d’échecs. Même si nous avons fait des demi-finales, personne ne se souvient des demi-finalistes. C’est une belle évolution, certes, mais on s’en fiche de finir en demi. Chaque année, c’était vraiment dur.

Au moment de se pencher sur les liens tissés à l’UBB, pendant toutes ces années, le trois-quarts centre rappelle : “Il y a eu des connexions avec des mecs comme Romain Lonca, Jean Marcellin Buttin. Nans, je n’en parle même pas. C’est mon alter-ego. On vient quasiment du même endroit, nos parents et oncles ont joué l’un contre l’autre. On ne se connaissait ni d’Eve, ni d’Adam. Il y a des mecs avec qui je suis lié pour toujours. Je pense à Jeff Poirot, Clément Maynadier, Cyril Cazeaux. Je n’aurais jamais cru que j’allais aussi bien m’entendre avec un cul-rouge (Cazeaux est originaire de Dax, NDLR). À Bordeaux, il y a un esprit bien sud-ouest. Ce club a une certaine âme.

Il lui reste un match à jouer avec Bordeaux

Joker Coupe du monde, “Boulou” est encore lié à l’UBB jusqu’à la fin du mois d’octobre. Actuellement en vacances, comme le reste de l’effectif, pour dix jours, il retrouvera ensuite le chemin de l’entraînement et il lui reste donc potentiellement un match à disputer avec les couleurs bordelaises, à Toulouse. “C’est aussi ce qui m’a permis de ne pas être trop ému sur la dernière à Chaban, note-t-il. Je sais que je vais pouvoir profiter, encore deux mois, du club, de mes coéquipiers, de cette vie rêvée de joueur de rugby. Aujourd’hui, je savoure tout. Je prends énormément de plaisir à être avec ce groupe.

Ensuite ? Il sera temps pour lui de se lancer dans une nouvelle vie qui devrait l’emmener à l’autre bout du monde, le joueur ayant pour projet de longue date de tenter une aventure en Australie, pendant un an. “L’idée, c’est qu’en novembre, je parte avec ma femme, mes crampons et quelques affaires pour jouer là-bas.

Les prémices de cette tentation remontent aux années montoises de Dubié, et à une rencontre avec l’ancien ailier Nicky Price. “Il avait atterri à Mont-de-Marsan, à côté de chez ma mère, en claquettes, se remémore le numéro treize. Nous nous sommes liés d’amitié. Je suis parti en Australie pour Noël, lorsque nous étions en Pro D2. J’avais adoré ça, j’ai perfectionné mon anglais, je traînais beaucoup avec lui.

Dubié : “J’ai toujours voulu être l’étranger du groupe”

Naturellement, lorsque sa fin d’aventure avec Bordeaux a été officialisée, plusieurs clubs de Pro D2 sont venus aux renseignements. Depuis un moment, le voisin montois, où il a commencé chez les professionnels, rêvait de le faire venir pour une dernière pige, mais le désir australien est trop fort. “La seule chose qui pourrait me faire changer d’avis, c’est si en dernière minute, un club de Top 14 a un besoin, à cause de blessures, indique-t-il. Je n’attends rien, mais si Bordeaux pète un mec et me demande de rester, je ne peux pas dire “non”. Mais la probabilité reste assez infime, dans ma tête, je suis déjà parti !

De l’autre côté du globe, il espère trouver un club prêt à l’accueillir en Super Rugby, alors qu’une équipe évoluant en Shute Shield (le championnat entre les douze meilleurs clubs de Sydney, NDLR) s’est aussi montrée intéressée. “Je bataille, j’ai trouvé un agent australien, mais ce n’est pas simple. Faire signer un frenchie de 34 ans, qui n’a pas de sélection en équipe de France, ce n’est pas anodin. De plus, je crois qu’aucun Français n’a joué dans une franchise australienne en Super Rugby. Pour moi, c’est un enjeu.

Au-delà d’une aventure humaine, c’est donc pour un projet rugby que le trois-quarts centre veut traverser la planète à l’automne prochain. “Je n’ai pas encore envie de raccrocher les crampons. De plus, je sortirai de deux prépas et si je joue avec une franchise, il y en aura une troisième ! À tout moment, je vais pouvoir postuler pour l’équipe de France (rires). C’est un peu l'aventure, c’est ça qui me fait vraiment kiffer. Dans nos carrières, nous avons toujours été choyés, encadrés. On savait ce qu’on faisait un an et demi à l’avance. Là, je pars en novembre avec un billet d’avion pour Sydney et après, on verra !

Pour s’acclimater au pays des kangourous, Dubié pourra aussi compter sur les nombreuses connexions qu’il possède en Australie. “J’ai toujours été attiré par les autres cultures, confie-t-il. J’avais suivi l’arrivée de Blair Connor. Il était venu avec sa planche de surf, des claquettes et un tee-shirt. J’ai eu la chance de jouer avec lui et de devenir hyper proche. J’ai rencontré ce fou de rugby. Je me suis dit que ces gars-là étaient différents. En fait, j’ai toujours eu envie de me sentir à leur place, d’être l’étranger de l’équipe.” Ce sera vraisemblablement le cas, dans quelques mois…

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Les commentaires (1)
CasimirLeYeti Il y a 7 mois Le 10/09/2023 à 09:59

Il faut lui refiler le numéro de Michalak !