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Coupe du monde 2023 - "Lettre à mon fils" : la déclaration d'amour des parents des Bleus avant le Mondial

Par la rédaction
  • La mère de Peato Mauvaka a rédigé une lettre touchante pour Peato.
    La mère de Peato Mauvaka a rédigé une lettre touchante pour Peato. DR
Publié le Mis à jour
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Avant de devenir les ambassadeurs d’un pays et peut-être ses héros, les Dupont, Alldritt, Ramos et autres Danty ont été, comme tout un chacun, des enfants qui ont rêvé, appris, grandi, au sein de familles qui les ont vus s’élever au fil du temps et en dépit des coups du sort.
Qui mieux que leur premier supporter pouvait nous amener dans l’envers du décor et nous faire remonter le cours de leur parcours jusqu’à sa source ?

Nous avons proposé à plusieurs pères et mères de joueurs du XV de France d’écrire une lettre à l’attention de leur fils. Carte blanche leur a été donnée : ils pouvaient parler de leur fierté, convoquer des souvenirs, faire passer un message, verser dans l’émotion… La démarche, résolument intime, n’a pas trouvé le même écho chez tous nos interlocuteurs : certains ont préféré, par pudeur, s’abstenir de prendre la plume, la plupart ont été emballés à cette idée, quelques-uns ont hésité avant d’accepter ou de se rétracter. Au travers des lettres rassemblées, on découvre les Tricolores sous un jour différent. Et on prend pleinement conscience de l’émotion qui affleure à l’approche d’un événement qui place chacun face à son histoire et à la grande. Frissons garantis.

Le père de Flament : "Quel parcours Thibaud"

Mon cher Thibaud, en cette veille de Coupe du monde, me reviennent quelques lueurs sur ton chemin de vie et au moment de t’écrire ces quelques mots, je suis aujourd’hui parcouru par diverses émotions. 29 avril 1997 : nous hésitons avec ta maman sur le choix de ton prénom ; nous consultons un livre, nous tombons sur… Thibaud. Je me dis, moi l’ancien troisième ligne du RC Versailles : « Ah ! Quel fabuleux joueur de rugby il ferait ». Sans hésiter, notre décision est prise, tu te nommeras Thibaud. Vingt ans plus tard, tu nous appelles pour nous annoncer que plutôt que de rédiger ton CV et chercher un travail, tu veux tenter ta chance en tant que professionnel de rugby. Notre réponse est incertaine : « Tu es sûr, fiston ? » Ta conclusion : « Oui, je le sens bien ! ».

À partir de cette décision, les choses s’accélèrent : les Wasps d’abord, puis Pierre-Henry Broncan qui te repère, le Stade toulousain, l’équipe de France, ta première sélection et un premier essai international face à ton équipe de cœur, l’Argentine, un titre champion de France, un autre de champion d’Europe, un grand chelem en 2022, ton premier match à Twickenham et tes deux essais pour une victoire historique dans le Temple et plus globalement, un succès face à toutes les nations majeures du rugby mondial…
De ce parcours dont je suis si fier, je retiens également quelques anecdotes : en 2005, après des tentatives infructueuses au judo et au foot, nous te faisons découvrir le rugby. Tu reviens aux anges de ton premier entraînement, te fais une place dans l’équipe et quelques mois plus tard, tu es même sacré champion de Belgique dès ta première année de pratique, avec les moins de 10 ans de l’Asub Waterloo.

En 2011, tu es convié à une journée de détection par la fédération Belge et le soir venu, tu rentres déçu, malheureux comme les pierres… Tu vis là ton premier échec et tu comprends alors que la charge émotionnelle inhérente à ce premier grand évènement t’a probablement fait perdre tes moyens et qu’il faut que tu travailles. En 2014, tu es titulaire à l’ouverture avec l’Asub Waterloo pour la finale du championnat des moins de 18 ans et je vis ce moment avec une oreille plaquée sur la porte du vestiaire, afin de pouvoir partager et vivre vos émotions ; je me revois même, la larme à l’œil, lorsque tu marques l’essai de la gagne…

Quel parcours, Thibaud. Quel destin et pour nous, tes parents, ta famille et tes amis, quelle immense fierté ! Et puis, le fait que tu sois toujours resté un bon mec, humble, humain, jovial, attentionné et lucide ne fait qu’accroître notre bonheur. Nous te souhaitons donc, à toi et à l’équipe de France dans son intégralité, une inoubliable aventure automnale et à nous, Français de tout horizon, un premier titre de champion du monde. Parce que si tu en as rêvé, nous en rêvons tous autant que toi.

 

La mère de Mauvaka : "Papa te regarde, te suit comme ton ombre..."

Peato, bonjour mon Cœur, si’i aku mon Cœur,
Ce sont des mots dont les familles Mauvaka savent à qui ils s’adressent…
Vous êtes une fratrie de 5 enfants et chacun a son surnom.

Papa te regarde, te suit comme ton ombre. Il doit sûrement pleurer de ne pas pouvoir être à nos côtés pour te soutenir de toute notre force.
Etre en Équipe de France, c’est une fierté, pas seulement pour le joueur, mais pour nous tous, familles, amis, relations, collègues.

Pour nous les gens du Pacifique, c’est un honneur que de représenter la France, la Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna.
Vous commencez la compétition avec les All Blacks face à vous.
Il ne faut pas, ni les prendre de haut, ni les sous-estimer… juste égal à égal. C’est ça aussi le mental, avoir le respect pour l’équipe adverse.
Nous sommes là, jamais très loin.

Je ne suis pas très très « fan » de rugby, je suis juste « fan » de toi, mon fils.
Depuis que Papa n’est plus avec nous, j’ai appris à mettre des noms sur les joueurs de Toulouse et ceux en équipe de France.
Le cœur bat la chamade, la peur est latente, car une blessure est un risque inévitable pour vous tous, que ça soit en club ou en équipe de France.
Je regarde tes matchs la main sur le cœur, comme si je pouvais le « retenir » d’exploser…

Je te souhaite le meilleur à toi mon fils, mon cœur, tout comme je souhaite le meilleur à toute l’équipe de France.
Nous vous regardons tous avec ferveur. Nous avons foi en vous tous…
Oscar Wilde disait ceci « Il faut viser la lune, car même en cas d’échec, on tombe dans les étoiles »… mais pour le coup, la Lune, il faut y aller avec conviction… force et courage.

Je t’embrasse fort fort fort. Je t’aime,

 

La mère de Jonathan Danty : "A toi de jouer, mon fils"

Mon fils, quelques secondes, quelques minutes, quelques heures ne suffiront pas pour te dire à quel point, je suis fière de toi.

Qui aurait cru qu’une virée sur un terrain de l’Asptt Pantin ferait de toi le grand joueur de rugby que tu es aujourd’hui ! Une montée en puissance qui ne cessera d’augmenter grâce à ta détermination et ton travail ! Ton ascension inspire les jeunes des quartiers populaires. Paris XVIIe a de grands talents !
Merci à toi et tes coéquipiers pour ces belles performances que vous nous faites vivre au fil des matchs.

Toute la famille, les amis, la Guadeloupe sont derrière vous !

D’ailleurs ta tatie Chantal a aussi voulu te faire passer un message que je te transmets ici : « Depuis ton départ du Stade français vers le club de La Rochelle, des centaines de kilomètres t’ont séparé un peu plus de ta famille, mais tu n’as pas cessé de nous éblouir, de nous faire vibrer et là était notre consolation, notre fierté, notre joie. Merci à toi « Jo » pour tout le travail que tu as fourni au cours de toutes ces merveilleuses années qui t’ont permis de te hisser à ce niveau où tu as pu t’épanouir et évoluer jusqu’au XV de France.
Des blessures il y en a eu, et bien heureusement tu as toujours su te remettre sur pied et repartir de plus belle avec toujours la même force et une détermination sans faille.
Et depuis quelques mois tu es devenu papa ! Notre petit Jo est à son tour parent … Quelle joie de te voir vivre cette nouvelle aventure. Désormais, nous avons hâte de te voir briller sur le terrain, et partager de beaux moments. Et quel que soit le résultat, saches que nous sommes et serons toujours très fiers de toi et de ton parcours. On t’aime fort Jo. »

Voilà mon fils, toute la famille est derrière toi, derrière vous. Même ta filleule Tiana a tenu à te dire quelques mots : «Tu sais bien que je suis ta plus grande fan, Parrain. Et je le serai toujours. J’ai tellement hâte de te voir sur le terrain. Je t’aime fort. »

À toi de jouer, mon fils. Faites nous rêver. On compte sur vous pour nous ramener cette coupe à la maison !
The show must go on !

 

Le père de Jaminet : "Mon regret, tu me l’as enlevé"

Melvyn, je t’ai déjà dit ce que j’écris là. Même si c’est ta grande histoire qui est en train de s’écrire, je m’adresse à toi et à tes frères car vous êtes liés dans mon cœur. Dans ma vie, j’ai toujours eu le regret de ne pas avoir fait de carrière professionnelle à haut niveau. C’est un regret qui a été énorme, qui m’a longtemps pesé. Jeune, j’avais des prétentions. C’était une époque différente, il n’y avait pas le même suivi médical.

Et il y a le facteur chance qui n’avait pas été avec moi. Mes trois perles, vous m’avez enlevé ce regret. Il est parti. Désormais, vous me faites vivre des moments insolites, exceptionnels. Toi, Melvyn, tu n’en finis plus de passer les caps. Tu es un joyau. Comme je l’avais dit dès le début à ton agent, tu es un diamant brut qui devait rencontrer la bonne personne pour être taillée. David Marty a su le faire. J’ai toujours cru en toi. Même quand tu étais en espoirs, je te voyais tout en haut. Je savais que tu compterais dans le rugby mondial, que tu serais un joueur de l’univers. Tes qualités, ce sont des dons. Mais tout ce qui t’arrive n’est pas tombé du ciel.

Avec ta maman Isabelle, on t’a élevé dans l’amour et le goût du travail. Au quotidien, tu as toujours été impliqué, désireux d’avancer, de découvrir les choses, à nos côtés : je te revois aider aux travaux, dans le jardin, conduire les machines. Tu fais partie de ces gens qui avancent plus vite que les autres. Pour moi, tu es un grand. Tu me procures tellement de bonheur. Je connais ta valeur. Ce que je veux que tu retrouves et ce que tu vas retrouver, pour passer un palier supplémentaire, c’est cette capacité à déchirer les lignes. Je suis sûr que tu vas y arriver.

Je ne sais pas ce que va nous réserver cette Coupe du monde mais j’ai l’intime conviction que tu pourras faire basculer un match. Quoi qu’il arrive, tu es mon champion.

 

Hervé Jaminet a avoué sa fierté de voir Melvyn en équipe de France et à la Coupe du monde.
Hervé Jaminet a avoué sa fierté de voir Melvyn en équipe de France et à la Coupe du monde. DR

Le père d'Anthony Jelonch : "Je me rends compte de la chance que j’ai"

Je me rends compte de la chance que j’ai. Plein d’autres pères, ou mères, mériteraient ma place. Je connais le bonheur avec toi depuis plusieurs saisons. Et parfois, j’aimerais partager ça avec de nombreuses autres personnes, car c’est beaucoup trop pour le simple homme que je suis.

Tu le sais, je suis fier des valeurs que tu démontres. Sur le terrain, il faut sans cesse rester humble et ne pas oublier d’où on vient. Je sais que tu l’as bien compris.
Les hasards de la vie ont fait que ton rêve aurait pu s’envoler face à l’Écosse, lors du dernier Tournoi. Tu as tout fait pour revenir à temps, et j’ai l’impression que tu as brillamment relevé ce défi. En parlant de ça, je suis obligé d’avoir une pensée pour Romain (Ntamack), qui lui a été frappé par la malchance il y a quelques semaines.
Tu es toujours optimiste, c’est ce qui t’a aidé. Nous avons connu de gros coups durs dans notre famille, bien plus grave qu’une rupture des ligaments croisés d’un genou. Alors ces mois de rééducation, tu les as dévorés avec appétit, sans la certitude de faire partie des 33. Fils de paysan, tu sais qu’à l’automne, on sème le grain sans savoir si on va pouvoir le récolter au mois de juillet.

Je sais que tu te rappelles de notre pari lors de ta blessure. Nous avions chacun notre objectif avant la date de la finale de la Coupe du monde (28 octobre). Toi, de revenir à temps pour participer au Mondial et possiblement jouer la finale. Moi, de mon côté, j’ai promis de construire une palombière sur ton terrain pour y passer du temps dans les prochains mois.

J’ai l’impression qu’à ce jour, je suis en retard sur toi. Mais comme tu l’as fait, je vais m’entourer d’une bonne équipe pour réussir ma mission. Au fond, j’espère que je vais le perdre ce pari.

Comme tu le dis si bien depuis que tu as commencé ce sport : « le rugby n’est qu’un jeu ». Alors tentez de faire de ce jeu un pur moment de bonheur pour nous, les parents, mais surtout les Français.

Jérôme Jelonch s'est exprimé au sujet d'Anthony avant le début de la Coupe du monde.
Jérôme Jelonch s'est exprimé au sujet d'Anthony avant le début de la Coupe du monde. DR

La mère de Villière : "Un joli pied de nez..."

Gabin, tu la voyais dans tes rêves les plus fous. Te voilà enfin arrivé là où tu voulais, aux portes de cet incroyable évènement. La Coupe du monde est là, devant toi aujourd’hui. Le rêve est devenu réalité. Quand je repense à toute ton histoire, je me dis que c’est un joli pied de nez aux échecs de tes débuts et à toutes ces blessures dont tu t’es toujours relevé. La stratégie des petits pas a payé.

Tu peux être fier de toi et de ton parcours.Nous te souhaitons de vivre pleinement ce moment, de profiter de chaque instant qui va s’offrir à toi. Nous t’envoyons toutes nos pensées et nos encouragements, nous serons près de toi pour partager ce moment unique et historique. Allez les Bleus, faites nous vibrer, faites nous rêver ! Rendez-vous le 28 octobre !

Tout ce beau monde vibrera pendant tout le Mondial, et cela commence dès ce vendredi soir avec le fameux France - Nouvelle-Zélande. 

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Les commentaires (5)
jppphilippe12 Il y a 8 mois Le 05/09/2023 à 21:34

Les journalistes ne se souviennent plus de 2007 . Plus d'énergie et un peu moins de larmoyant.

Odilederaie Il y a 8 mois Le 05/09/2023 à 16:46

On refait l'erreur Guy Moquet! Il faut des mots de conquêtes, de motivation, d'enthousiasme !

Gcone1 Il y a 8 mois Le 05/09/2023 à 11:35

Mon petit ,
Maintenant que tu as obtenu le pactole en faisant scrupuleusement tout ce que l'adjudant demandait, porte-toi pâle à l'entraînement afin de ne pas te faire cabosser au cours d'un match.
Pense aussi à boire beaucoup d'eau pour éliminer !
On est fier de toi !
Pap et Mam !