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XV de France/Coupe du monde - Labit : "Nous avons délibérément choisi de ne rien montrer de nos lancements"

Par Arnaud BEURDELEY
  • Laurent Labit fait le point sur cette préparation d'avant Coupe du monde. Laurent Labit fait le point sur cette préparation d'avant Coupe du monde.
    Laurent Labit fait le point sur cette préparation d'avant Coupe du monde. Midi Olympique - Patrick Derewiany
  • Laurent Labit fait le point sur cette préparation d'avant Coupe du monde.
    Laurent Labit fait le point sur cette préparation d'avant Coupe du monde. Midi Olympique - Patrick Derewiany
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Comme tous les joueurs, l’entraîneur de l’attaque du XV de France Laurent Labit a profité de quelques jours de repos, chez lui à Revel, avant d’entrer dans le vif du sujet dès ce samedi. L’occasion de dresser un bilan de la préparation estivale et de se projeter vers le match d’ouverture contre la Nouvelle-Zélande, le 8 septembre prochain au Stade de France.

Quel bilan tirez-vous de la préparation estivale ?

Nous sommes dans la continuité de nos quatre dernières années. Nos joueurs ont compris et adopté notre méthode de travail. Ils ont une grande confiance dans le projet de Fabien (Galthié) et du staff, que ce soit sur la partie "performance" ou rugby. Et quand ils sont arrivés le 1er juillet à Monaco, ils étaient dans de bonnes dispositions pour préparer cette Coupe du monde. Si je devais comparer, ça n’avait rien à voir avec la préparation du Mondial au Japon. Nous n’avions pas de retard à rattraper. Nous avons pu directement attaquer dans le dur avec un programme préparé par Thibault (Giroud) parce que les joueurs étaient en capacité d’encaisser les charges de travail. Ça, c’est déjà une vraie satisfaction.

Sur le plan offensif, êtes-vous au niveau où vous souhaitiez l’être à ce jour ?

Pour être totalement franc, non. L’attaque est le secteur le plus difficile à mettre en place pour que les joueurs soient parfaitement connectés. Le gros travail physique réalisé nous a aussi empêchés de mettre en place tout ce que nous avions prévu sur nos matchs de préparation. Nous le savions, mais l’avance physique par exemple des Écossais, qui avaient plus de fraîcheur en raison d’une préparation débutée plus tôt, leur a permis d’avoir plus de vitesse. Sur cette double confrontation, nous avons eu des difficultés à mettre notre jeu en place. À cela s’est ajouté le fait que nos adversaires modifient bien plus leur stratégie que par le passé lorsqu’ils nous affrontent. C’est particulièrement vrai sur la défense, que ce soit sur la couverture du terrain ou autour des zones de combat au sol. À chaque fois, nos adversaires tentent de perturber la construction de notre animation offensive. Voilà aussi pourquoi nous voulions jouer quatre matchs avec des adversaires différents. Des adversaires qui ont, eux, l’obligation d’être prêts dès le début de la Coupe du monde.

C’est-à-dire ?

Tout le monde attend ce match d’ouverture contre la Nouvelle-Zélande, mais ce ne sera pas un match décisif pour nous. Évidemment, il faut que l’on soit au rendez-vous. Ensuite, nous aurons deux matchs à bien gérer qui doivent nous amener à la rencontre face à l’Italie et au quart de finale. Ça nous laisse encore du temps pour bien travailler. Or, si vous regardez la poule dans laquelle figure l’Écosse, elle doit être prête dès le départ. Quant à l’Australie, au regard de sa situation, tous les matchs vont compter.

Êtes-vous tout de même inquiet de ne pas être au niveau souhaité sur le plan offensif ?

Non, parce que nous sommes montés en puissance notamment sur les deux derniers matchs. La rencontre face aux Fidji était un piège, nous l’avons bien abordé, bien maîtrisé. On sous-estime parfois cette équipe fidjienne, mais regardez ce qu’elle a réussi à faire une semaine plus tard en Angleterre (victoire 30-22, NDLR). Nous étions donc très satisfaits de la production des joueurs présents sur le terrain à Nantes. Et contre l’Australie, la première période s’est révélée très fermée car les Wallabies ont beaucoup haché le jeu. Nous n’avons pas réussi à mettre en place ce que nous voulions faire. Mais la deuxième mi-temps a montré des choses intéressantes en termes d’intentions et d’énergie.

Est-ce un fantasme d’affirmer que l’équipe de France a cherché à cacher son jeu avant le début du Mondial ?

Sur nos principes de base, nous n’avons rien caché. Ça, c’était impossible de faire autrement. En revanche, que ce soit certains lancements de jeu ou circuits de circulation des joueurs, nous avons délibérément choisi de ne rien montrer. Sur aucun des quatre matchs de préparation. Nous avons gardé beaucoup de choses pour ce match d’ouverture contre les Blacks.

En revanche, l’Australie vous a pris à votre propre piège sur le premier essai encaissé dimanche dernier…

Ce premier essai australien, c’est effectivement la forme de jeu après ballon porté sur laquelle nous marquons le plus. Ce fut vrai contre l’Italie dans le dernier Tournoi, mais aussi lors de l’année du grand chelem contre l’Angleterre ou l’Écosse. Cette fois, ce sont les Australiens qui ont réussi à le faire en raison d’un très mauvais positionnement de notre défense.

Justement, comment expliquez-vous cette montée défensive avec quatre joueurs très serrés en direction du porteur de balle ?

Shaun (Edwards) l’a corrigé directement à la mi-temps et nous avons mieux défendu en seconde période. Heureusement car ils ont essayé de le refaire à deux reprises. Mais c’est exactement ce que ce genre d’animation offensive provoque, avec un joueur au milieu qui va faire une erreur de placement. Nous avons pris deux essais contre l’Écosse sur le même lancement. Et je peux vous dire que lorsque les Australiens ont marqué de cette façon, nous n’étions pas très contents dans le box des entraîneurs. On était même assez remontés car nous l’avions travaillé durant la semaine.

Lors du Tournoi des 6 Nations 2022, année du grand chelem, le XV de France affichait une moyenne d’essais encaissés de 1,4. Or elle est à 2,9 aujourd’hui. Est-ce un point d’inquiétude ?

Non pour la simple raison que c’est une tendance mondiale. C’est lié au changement de philosophie de l’arbitrage qui favorise et récompense beaucoup plus l’attaque. Toutes les équipes encaissent plus de points. Maintenant, c’est un point d’amélioration que l’on prend en compte. Sur ces matchs, notre attaque n’a pas aidé notre défense. Au contraire. Quand on perd 17 ballons dans le jeu d’attaque lors du deuxième match contre l’Écosse, ça fait autant de situations où la défense peut être en difficulté.

Nous ne pouvions pas faire une meilleure préparation. Tant sur le plan physique que rugbystique [...] Vraiment, je ne vois pas ce que nous aurions pu faire de plus.

Comment avez-vous jugé la prestation de Matthieu Jalibert ?

Il a fait un très bon match, nous étions heureux pour lui et nous le lui avons dit. Ça n’a pas été une surprise pour nous. Dans le Tournoi des 6 Nations 2021, quand Romain (Ntamack) était blessé, il avait beaucoup joué. Et face à l’Australie, il a été à l’image de l’équipe. Une première période difficile car il n’y a pas eu de jeu, mais le scénario de la seconde période l’a aidé à se débrider. Avec ses qualités, il a trouvé des solutions et des espaces qui nous ont permis de jouer dans l’avancée de façon plus efficace.

En défense, vous avez tout de même aménagé votre système pour lui faciliter la tâche…

Beaucoup d’équipes font ça près des lignes d’en-but. Soit on place un avant supplémentaire, soit on serre les deux centres pour décaler l’ouvreur. C’est une façon de protéger les ouvreurs qui doivent conduire le jeu et garder l’énergie nécessaire le pour cela.

Vous allez vivre à titre personnel votre deuxième Coupe du monde dans le staff de l’équipe de France. Comment l’appréhendez-vous ?

C’est très différent d’il y a quatre ans. Le fait d’avoir pu être aux côtés de Jacques Brunel en 2019 nous a permis de gagner du temps pour préparer 2023. Nous ne sommes pas du tout dans les mêmes conditions. Aujourd’hui, notre méthode est bien en place, connue de tous et assimilée.

La différence aussi, c’est que vous allez vivre cette compétition en famille puisque votre fils a rejoint le staff du XV de France…

C’est anecdotique mais très sympa. Mon fils était analyste vidéo au Racing depuis quelques années après avoir passé son diplôme universitaire à Montpellier. Et quand Fabien (Galthié) a décidé de prendre un troisième analyste vidéo et qu’il le connaît depuis toujours, il a lui a proposé d’intégrer le staff du XV de France. C’est une belle expérience pour lui.

Comment expliquez-vous la performance de la Nouvelle-Zélande contre l’Afrique du Sud ?

Les Blacks sont dans la même logique que nous. Ils savent que ce match d’ouverture est un rendez-vous important, qu’il sera regardé par le monde de rugby. Mais, pour eux, comme pour nous, il n’est pas décisif. Qui sait s’il y aura un avantage à être premier ou second de notre poule ? Leur objectif est d’être prêt pour leur match contre l’Italie (29 septembre) et leur quart de finale, pas le 8 septembre. Un peu comme nous. Forcément, leur forme du moment n’est pas celle de l’Afrique du Sud qui va devoir affronter l’Irlande, l’Écosse ou encore le Tonga. Dans cette poule, malheur à celui qui rate son départ.

La pression populaire avait parfois été étouffante en 2007. L’appréhendez-vous à l’aube du match d’ouverture ?

Non, pas du tout. C’est de l’énergie pour le staff et pour les joueurs. Cet engouement populaire que les joueurs sont allés chercher doit les nourrir. Souvenez-vous du dernier match de préparation contre l’Italie en 2019 : il y avait 25 000 spectateurs au Stade de France… Aujourd’hui, la France entière est derrière nous. C’était notre objectif. "Rassembler", "partager", "fédérer" étaient nos mots en 2020 au lancement de notre mandat. Aujourd’hui, nous sommes des privilégiés.

Des privilégiés prêts pour le match d’ouverture ?

Nous ne pouvions pas faire une meilleure préparation. Tant sur le plan physique que rugbystique. Nous avons même optimisé le bien-être des joueurs, avec peu de voyages, du temps en famille, du repos comme ces cinq derniers jours avant nos grandes retrouvailles de samedi. Vraiment, je ne vois pas ce que nous aurions pu faire de plus. Nous voulions être sur la même ligne de départ que les autres grandes nations du rugby mondial, pouvoir les regarder les yeux dans les yeux, je crois que c’est le cas.

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Les commentaires (1)
CasimirLeYeti Il y a 7 mois Le 04/09/2023 à 18:14

J'espère qu'il dit vrai pour les "lancements de jeu ou [les] circuits de circulation des joueurs", pour ce qui est de la forme pour l'Italie et le quart, je le crois et pour le match contre les Blacks, non décisif, je le crois... bluffeur !