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Coupe du monde de rugby 2023 / XV de France - Les Bleus à la chasse aux Kangourous

Par Marc Duzan
  • Les Bleus s'étaient imposés dans les dernières secondes à l'automne dernier face aux Wallabies.
    Les Bleus s'étaient imposés dans les dernières secondes à l'automne dernier face aux Wallabies. Icon Sport
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Pour son dernier match de préparation, dimanche soir face à l’Australie, le XV de France a le devoir de dissiper les quelques doutes nés d’un été pas toujours maîtrisé… À quinze jours du "D-Day", les Bleus sont-ils prêts ?

Eddie Jones était déjà dans les parages, lorsque Fabien Galthié déclencha à l’hiver 2020 ce qu’il nomme dans l’une de ses innombrables coquetteries "la flèche du temps". Le bon Eddie, alors en charge des vice-champions du monde anglais, avait même largement contribué à amorcer l’aventure de la bande à Dupont, donnant au tout premier crunch de celle-ci les contours factices d’une guerre de cent ans : "Ces jeunes Français ne sont pas préparés à la violence physique avec laquelle nous allons jouer". Quatre ans plus tard et au quasi-crépuscule d’un cycle séparant Tokyo de Saint-Denis, l’actuel sélectionneur australien a depuis largement revu ses impressions originelles concernant les "frenchies" et, à moins qu’on ait raté quelque chose, n’a cette fois-ci pas osé se risquer à une guerre des mots que ses tendres Wallabies n’auraient pu vraiment assumer, le jour venu…

C’est que le XV de France, trente victoires en trente-huit matchs, n’a plus grand-chose à voir avec l’équipe en bretelles qui s’avançait jadis pour réveiller "un géant endormi", puisque c’est ainsi que Fabien Galthié définissait en ce temps un rugby français déclassé, impotent. C’est que la sélection tricolore, 80 % de victoires à son actif et quatrième nation mondiale, regarde à présent les trois cadors du circuit international (Irlande, Nouvelle-Zélande et Afrique du Sud) dans le blanc des yeux et a aussi conquis le droit de toiser tous les autres grands pays du rugby.

En fait, les Bleus n’ont sur le papier plus rien en commun avec cette Australie en haillons se présentant ce week-end au Stade de France, les Wallabies restant sur une campagne douloureuse en Rugby Championship, funeste expédition ponctuée de trois défaites en trois matchs et 115 points encaissés. Qu’on le veuille ou non, l’équipe de France poursuit donc à l’inverse une montée en puissance dont le pic de forme est attendu pour les quarts de finale de la compétition planétaire, a écarté l’Ecosse sans trop forcer à Saint-Etienne avant de venir à bout des assassins fidjiens avec une marge confortable, si l’on prend en compte que Peato Mauvaka termina cette rencontre en numéro 8 quand plusieurs "premiums" du groupe (Antoine Dupont, Gaël Fickou, Thomas Ramos, Damian Penaud, Julien Marchand, Charles Ollivon…) avaient été à Nantes laissés dans le formol par les gardiens du troupeau.

Le compte à rebours est lancé…

Pour autant, et malgré ces deux dernières victoires, ne la sentez-vous pas monter, vous, la pression inhérente à tout évènement retransmis en mondovision ? Ne voyez-vous pas que, tout autour de l’équipe de France, des voix s’élèvent publiquement pour retoquer à l’envi la liste des trente-trois, éprouver certains choix de jeu ou remettre en cause une partie de la préparation concoctée par Fabien Galhié et sa garde prétorienne ? D’évidence, le compte à rebours a d’ores et déjà commencé et soudainement, ces citoyens "unis pour un rêve" – pour reprendre le doucereux slogan mis en avant par la fédé - ont tous un avis sur une équipe de France qu’ils regardaient jusqu’ici d’assez loin et tout à coup devenue "res publica"*. Et nous les voyons, d’ici, les gonzes regrettant que la ligne de trois-quarts tricolore n’ait cet été produit le moindre lancement de jeu digne de ce nom.

Nous les entendons, aussi, les furibards de la cage regrettant qu’il manque au bataillon tricolore un Bastien Chalureau en deuxième-ligne, des fois que le grand Tao traîne encore la patte. Nous les lisons avec attention, les toxicos de la passe sur un pas assurant que Baptiste Serin et Emilien Gailleton offraient des options plus en raccord avec le french flair que ceux les ayant récemment doublés. Nous haussons également les épaules, quand les sceptiques de multiples chapelles nous demandent si la sélection de Cyril Baille et Anthony Jelonch, seulement aptes dans trois semaines, n’est pas "trop risquée". Nous tendons enfin l’oreille lorsque Vincent Moscato, le souverain pontife des heures de grande écoute, juge qu’à trop vouloir muscler la préparation, Thibaut Giroud a rendu la blessure de Romain Ntamack inévitable et qu’à ne jurer que par la haute intensité, le staff des Bleus en a de son côté oublié qu’avant de défier George Foreman, Mohamed Ali choisissait rarement Joe Frazier comme sparring-partner…

Ultime chausse-trappe d’un été meurtrier

Du jour au lendemain, le pays s’est donc approprié la sélection tricolore et celle-ci s’apprête semble-t-il à faire face à une fièvre qu’elle n’a jamais connue jusqu’alors. Y est-elle réellement préparée ? Ou s’effondrera-t-elle, comme son aînée de 2007, au soir du 8 septembre où le monde aura les yeux vissés sur elle ? On n’en sait foutre rien. Alors, pour donner le change, on se raccroche, avec la même foi en l’avenir qu’un ours polaire, à ce que nous contait-il y a quelques semaines Gaël Fickou, au sujet de notre futur proche : "Fabien (Galthié) n’a rien occulté. Il calcule tout, pense à tout… Franchement, ce mec est une machine. Des fois, je me dis : "Mais comment peut-il penser à un truc comme ça ?" On croit parfois que les bons résultats du XV de France sont dus au hasard. Mais rien n’est dû au hasard, en fait…" À ce point, jeune homme ? "Lors du dernier Tournoi, il savait que l’on serait moyens contre l’Italie, trop justes contre en Irlande mais que l’on serait au top pour le match en Angleterre. C’est la raison pour laquelle il a souhaité quatre matchs de préparation cet été, avant la Coupe du monde : pour que l’on monte peu à peu en puissance. Il faut lui faire confiance".

"Confiance" ou pas, la "négativité" que reprocha Eddie Jones aux journalistes australiens au moment où les Wallabies quittèrent récemment l’hémisphère Sud, le staff tricolore a quant à lui choisi de l’appeler "contagion". De notre côté, on sait surtout qu’en république, "sans liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur"** et qu’à l’heure où ce XV de France en mission s’avance avec son équipe type vers l’ultime match amical de sa préparation, la dernière fois que les Australiens ont visité le Stade de France (novembre 2022), la bande à Galthié n’avait dû son salut, sur le gong, qu’à un exploit personnel de Damian Penaud. In fine, et ne sachant pas vraiment ce qu’il faudra retenir de ce France-Australie sans enjeu majuscule, on en vient aujourd’hui à exhorter tout ce que le rugby compte de divinités pour qu’Antoine Dupont et ceux qui affronteront les All Blacks dans quinze jours sortent indemnes de l’ultime chausse-trappe de cet été meurtrier…

* Chose publique

** Beaumarchais

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Les commentaires (5)
Tintin31 Il y a 8 mois Le 25/08/2023 à 17:09

A part que les Kangourous c'est le Rugby à XIII et les Wallabies le Rugby à XV pas terrible pour le journal du Rugby.

DanylAuvergnat Il y a 8 mois Le 24/08/2023 à 20:14

les australiens vont chasser les pinguoins

CasimirLeYeti Il y a 8 mois Le 24/08/2023 à 19:35

"assassins fidjiens", c'est un peu fort quand même, traite-t'on toujours ainsi les sud-africains alors qu'ils commettent beaucoup plus de brutalités sur le terrain ? Passons...
Comme ce journaliste le rappelle à la fin, l'année dernière nous avions vraiment failli perdre alors une victoire un peu plus confortable serait la bienvenue !