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Coupe du monde 2023 - Uini Atonio (XV de France) : "Ce serait stupide d’être à notre pic de forme aujourd’hui"

Par Arnaud Beurdeley
  • Uini Atonio s'est longuement confié sur la préparation du XV de France avant le Mondial.
    Uini Atonio s'est longuement confié sur la préparation du XV de France avant le Mondial. Midi Olympique
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À la sortie de sa première titularisation de l’été, samedi à Nantes contre les Fidji, le pilier droit numéro un du XV de France Uini Atonio a accepté de revenir sur la préparation physique vécue depuis sept semaines mais aussi d’évoquer cette fameuse liste des 33 joueurs sélectionnés pour le Mondial. Entretien.

Vous êtes apparu plutôt en bonne forme physique samedi soir contre les Fidji pour votre première titularisation de l’été. Est-ce votre ressenti ?

Non, non, il ne faut pas dire ça (rires). C’était un premier match pour moi, même si j’avais un peu joué contre l’Écosse à Saint-Étienne. Ça a été dur. Oui, j’ai fait quelques percussions intéressantes mais il y a encore du boulot. Évidemment, je me sens de mieux en mieux. La préparation que nous avons faite, notamment à Monaco, commence à payer. Je parle pour moi. Après, chacun son cas. Mais je sais que pour moi, ça prend du temps pour m’amener à mon pic de forme. Est-ce que c’est lié à mon poids ou à mon âge ? Je n’en sais rien… De toute façon, c’est le 8 septembre avec ce match contre les Blacks qu’il faudra être en forme.

Pouvez-vous nous raconter comment vous avez vécu cette préparation physique ? On dit souvent que ce n’est pas le moment préféré des piliers…

Je confirme (rires). Après, c’est dans la tête. De toute façon, je sais que je n’irai jamais plus vite que Damian Penaud. Mon objectif, c’était juste de finir cette préparation. Je peux vous jurer que Thibault Giroud (directeur de la performance, NDLR) ne nous a pas épargnés. Il nous a mis des entraînements vraiment très durs. Peut-être les plus durs que je n’avais jamais vécus. Sur deux ou trois séances, je me suis retrouvé au fond de la gamelle. Je peux vous dire que j’ai rarement été le premier sur les tests, mais j’ai tout donné. Vraiment. Je savais que je devais en passer par là pour être performant.

Avez-vous parfois maudit Thibault Giroud ?

Non seulement je l’ai maudit, mais je l’ai quelques fois insulté tellement je n’en pouvais plus. C’était en rigolant, évidemment. Je savais que ses séances étaient pour notre bien.

Quelles étaient les attentes du staff à votre égard sur cette préparation ?

Fabien Galthié veut que je porte le ballon et que je sois solide en défense. Il sait que ce n’est pas moi qui vais déborder l’ailier adverse. Il sait aussi qu’après trois, quatre ou cinq mêlées, ça commence à piquer. Il me connaît.

Justement, puisque vous évoquez la mêlée, comment jugez-vous la prestation collective de samedi soir face aux Fidji ?

Nous avons vraiment appuyé sur ce secteur de jeu. Nous avions bien travaillé avec William (Servat) durant la semaine. Nous avons surtout bien regardé toutes leurs mêlées depuis leur premier match de préparation. On savait que ça taperait dur, que ce ne serait pas des mêlées de Top 14. Avec Reda (Wardi) et Peato (Mauvaka), on avait vraiment envie de faire une grosse partie dans ce secteur de jeu. Je crois qu’on a réussi à donner de l’énergie à l’équipe. Pourtant, j’ai trouvé cette mêlée fidjienne plus forte que celle de l’Écosse. Je n’en ai pas parlé avec les autres, mais personnellement, je l’ai trouvé dynamique, dure à l’impact. Souvent, ils ont essayé de pousser fort après l’impact. C’est un peu différent des mêlées que l’on a l’habitude d’affronter en Europe.

Vous serez assurément dans la liste des 33 joueurs sélectionnés pour la Coupe du monde annoncée ce lundi par le sélectionneur Fabien Galthié ? Ressentirez-vous une fierté particulière au regard de votre parcours avec le XV de France, fait de hauts mais aussi parfois de bas ?

Évidemment que je serai très fier. C’est la France qui m’a donné la chance de jouer au plus haut niveau international. Personne d’autre. Je serai un homme fier et heureux. Je veux tout donner pour ce maillot. Maintenant, attention, à part Dupont, personne n’a l’assurance d’être sur la liste. On sait qu’il y aura des déçus. C’est comme ça, c’est la vie. Aujourd’hui, nous avons un super groupe de 42 mecs. Demain, on ne sera plus que 33.

Pensez-vous vraiment ce que vous dîtes au regard de votre statut ?

J’ai quand même un peu de stress… Je me souviens qu’en 2019 je croyais dur comme fer que je serais sélectionné, je n’ai même pas été retenu pour participer à la préparation. Je sortais tout de même d’une très bonne saison avec La Rochelle. J’ai quand même le sentiment d’être un peu plus en place qu’en 2019 et je pense que ça va bien se passer. Nous sommes quatre piliers droits pour trois places et je suis celui qui a le plus d’expérience. Mais bon…

Comment vos partenaires ont-ils vécu les derniers jours par rapport à cet événement ?

Franchement, les jeunes m’impressionnent. Quand je vois Louis ou Émilien, des gamins qui ont quatorze ans de moins que moi, qui ont donc moins d’expérience, je les ai sentis tranquilles. Un peu comme sur le terrain finalement. J’ai l’impression qu’ils n’ont jamais subi la pression. Ils ont fait de belles performances, comme si de rien n’était. Je préfère être à ma place plutôt qu’à celle des coachs.

Vous, les plus anciens, avez-vous joué un rôle dans l’intégration des plus jeunes comme Émilien Gailleton ou Louis Bielle-Biarrey ?

Oui, je crois. Je me souviens qu’ils étaient un peu timides au début. Mais bon, ils ont vite compris qu’il n’y aurait que 33 places (rires).

Comment le staff a-t-il organisé la sensibilisation autour de l’annonce de la liste des 33 joueurs sélectionnés pour la Coupe du monde ?

Un gros travail mental a été fait. Nous avons travaillé tous ensemble : les 42 joueurs et le staff. Durant toute la semaine, nous en avons beaucoup parlé. Il y a eu de la sensibilisation. Mais on savait qu’il fallait en passer par là. C’est assez violent, mais c’est le jeu.

Vous semblez prendre beaucoup de recul par rapport à l’annonce de cette liste. Comment faites-vous ?

Nous avons travaillé avec les deux psychologues qui nous suivent, notamment sur le début des deux dernières semaines. On a parlé de notre stress, de nos peurs. Chaque nouvel événement au sein du groupe apporte son lot d’interrogations. Il y a eu des joueurs blessés depuis longtemps qui sont revenus, d’autres qui se sont blessés durant la préparation mais qui sont restés, d’autres qui sont partis. À chaque fois, on se pose des questions. Maintenant, je pense que ça va être plus difficile pour certains que pour d’autres.

Fabien Galthié insiste depuis une dizaine de jours pour que même les joueurs non présents dans la liste des 33 sélectionnés pour le Mondial restent mobilisés. Vous a-t-il parlé de son expérience personnelle en 1995 et 1999 où par deux fois il a été appelé en cours de compétition ?

Oui il nous en a parlé un peu, Karim (Ghezal) aussi. On sait très bien qu’il y aura des blessures et des forfaits. Fabien nous a aussi parlé du forfait pendant la Coupe du monde de Dan Carter en 2011. Le staff nous a préparés à ce genre d’événement pour que tout le monde reste mobilisé. Je ne crois pas, malheureusement, que les 33 sélectionnés lundi finiront la Coupe du monde. Le rugby est un sport traumatisant. Mais ce n’est pas grave, nous avons un très bon groupe de 42.

Sur les matchs de préparation, les Sud-Africains, l’Irlande ou encore la Nouvelle-Zélande ont bien plus impressionné que le XV de France. Partagez-vous ce sentiment ?

Ce n’est pas aujourd’hui qu’il faut être en forme, c’est le 8 septembre. Nous sommes toujours en phase de préparation. Ce serait stupide d’être à notre pic de forme aujourd’hui.

Mais partagez-vous notre sentiment sur la Nouvelle-Zélande qui semble vraiment revenue à son meilleur niveau après un passage à vide ?

Les Blacks, ce sont les Blacks. Ils sont toujours prêts pour la Coupe du monde. Mais le plus important, c’est celui qui aura marqué un point de plus que l’autre le 8 septembre. Ensuite, nous aurons six matchs pour être champions du monde.

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Les commentaires (1)
DanylAuvergnat Il y a 8 mois Le 21/08/2023 à 22:09

Ils y sont déjà et les autres le savent.