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XV de France - Commentaire général : le chaudron magique

  • Les Bleus vont disputer leur premier test de l’été en France avec une grande majorité de leurs cadres sur la pelouse au coup d’envoi. magique
    Les Bleus vont disputer leur premier test de l’été en France avec une grande majorité de leurs cadres sur la pelouse au coup d’envoi. magique - Pablo Ordas
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Les Bleus vont disputer leur premier test de l’été en France avec une grande majorité de leurs cadres sur la pelouse au coup d’envoi. Le signe que les choses très sérieuses approchent. L’effervescence monte. Le niveau devrait aller crescendo aussi.

La cocotte landaise en guise d’échauffement au chaudron du Forez : avant de verser dans la mythique enceinte des Verts, samedi soir, les Bleus ont eu droit à une montée en température et en pression avec un bouillant bain de foule océanique. Ce mercredi, près de 3 000 personnes s’étaient massées autour du terrain municipal de Capbreton pour voir Antoine Dupont et compagnie répéter leurs gammes. Au vu du nombre de connexions sur la billetterie en ligne, le lundi matin, la barre des 10 000 amoureux et autres curieux aurait aisément pu être atteinte pour cet entraînement à haute intensité et à forte densité. Une affluence à faire pâlir de jalousie tous les clubs de Pro D2 et même plusieurs de Top 14 qui se reconnaîtront.

Au bout de quatre années de conquêtes et d’opérations séduction tous terrains, le XV de France postule désormais sérieusement au titre officieux de champion du monde de la popularité. Quelle autre sélection peut, à l’heure actuelle, s’asseoir à sa table et dire : "Je soulève autant d’enthousiasme et de passion que toi" ? On demande à voir… Les joueurs, les premiers, étaient surpris par cette effervescence, des prises d’assaut à la sortie de leur village vacances à l’interminable file d’attente autour du stade : "On sent bien que l’événement approche, il y a de plus en plus de monde autour de nous, remarque Thibaud Flament. L’excitation monte. De leur côté et du nôtre aussi." Une attente comme un levier et non un poids : "Ça nous aide beaucoup d’avoir ce soutien, apprécie Jonathan Danty. Le fait de changer de régions permet en plus de rameuter des supporters de partout." La contagieuse frénésie traverse l’Hexagone de part et d’autre, de Capbreton à Nantes en passant par Saint-Étienne : les guichets fermés se suivent et les ambiances vont se ressembler dans les semaines à venir. En plein cœur du mois d’août, les 42 000 sièges de l’enceinte d’une ville de ballon rond de moins de 200 000 âmes ont ainsi tous trouvé preneurs. Pour le coup, l’effort du déplacement dans la Loire sera justement récompensé.

Premiums ? Cadres ? Tauliers ? Qu’importe l’appellation...

Si le Chardon avait eu droit à une troupe tricolore terriblement excitante mais expérimentale, samedi dernier, le Chaudron verra le XV de France que des millions de supporters attendent et que ses adversaires craignent. Celui que l’on aura à n’en pas douter, dans les grandes lignes, sur la pelouse, le vendredi 8 septembre. Vécu, talent et repères obligent... Rafraîchi par le souffle de nouveauté dégagé par Bielle-Biarrey, Gailleton et autres Boudehent à Édimbourg, le grand public éprouvera cette fois l’agréable sensation de retrouver ses favoris, les Dupont, Alldritt, Ntamack, Marchand et consorts. On ne parlera pas de début des choses sérieuses, par respect pour les efforts consentis en juillet et pour la débauche d’énergie des premiers appelés mais, qu’on le veuille ou non, le retour en force des "premiums" - appelez-les tauliers, cadres ou joueurs d’expérience, si vous préférez, en sachant qu’il n’y a aucun mal à dire les choses comme elles sont... - va placer un peu plus la France du rugby en mode Coupe du monde. La rotation d’effectif était-elle ainsi initialement prévue ? William Servat l’affirmait haut et fort ce mardi : "On est fidèle à nos pensées, il n’y a pas eu de bouleversements de nos plans contrairement à ce qu’on a pu lire." Mais qu’importe la façon pourvu qu’on ait l’ivresse, l’allégresse…

La préparation estivale, transition à géométrie variable, doit autant permettre de mener à bien le processus de sélection des 33 que de placer les éléments confirmés dans des dispositions optimales. Et en l’occurrence, rien ne remplacera jamais le terrain. Les Blacks, que l’on disait moribonds avant cet été - tout est relatif, évidemment - paraissent déjà sacrément affûtés et aiguisés a milieu d’une série de tests concluante. À ce jour, Aaron Smith affiche 200 minutes de compétition tout rond quand Antoine Dupont n’a pas encore débloqué son compteur. Logique, direz-vous, au regard de la cacophonie des calendriers et de la nécessité pour les marathoniens du Top 14 de s’offrir une relâche en juillet. Mais à l’arrivée, même le meilleur joueur de rugby au monde a besoin de jouer pour performer. Cette heure a sonné, justement. Il en va de l’intérêt du groupe, de la nécessité de trouver le rythme et de la santé mentale, aussi, des intéressés : "On se le disait justement entre nous, évoque Thibaud Flament. La fin du championnat est loin maintenant et après avoir fait beaucoup de préparation physique, nous avons hâte de rejouer. Ça commence à nous démanger." La bascule est toute proche, qu’il se rassure. Depuis le milieu de semaine, le compte à rebours de la bande à Galthié s’égrène même en jours : J-30, J-29… Les Bleus sont entrés dans le dernier mois de préparation et vont entamer, ce samedi, leur Tour de France des stades. Une tournée royale de deux mois et demi amenée à se conclure le 28 octobre. Rendez-vous est pris depuis si longtemps. De Saint-Étienne à Saint-Denis, la marche promet d’être longue. Le premier pas n’en reste pas moins déterminant pour se mettre sereinement dans l'avancée. Pour la confiance et le symbole. Toutes les certitudes et les bonnes ondes accumulées ne seront pas de trop quand viendra l’heure de défier les Blacks, repassés deuxièmes au classement mondial. Sans que ça ne traumatise personne, on s’entend…

Une montée en puissance jusqu’à la forme de leur vie

Geoffroy-Guichard est censé lancer la communion nationale autour de la sélection et offrir un bon aperçu de ce qui doit suivre et de ce que tout le monde espère, à savoir les deux plus beaux mois de l’histoire du XV de France, ni plus ni moins. La responsabilité de ces gars-là est proportionnelle à l’attente. Et à leur potentiel, censé avoir été optimisé, magnifié par un mois de labeur et par la perspective du défi ultime. S’ils baignent dans le chaudron du rugby de très haut niveau depuis un bon moment, les Dupont, Ntamack et compagnie ont, depuis le 3 juillet, repris quelques rasades de potion magique, sous la houlette du druide Thibault Giroud. Avec pour ambition d’arriver, au bout, à la meilleure version d’eux-mêmes, physiquement et mentalement. Toujours plus haut, plus vite, plus fort : le rendez-vous d’une vie exige la forme d’une vie. "Je me sens vraiment affûté et je pense que c’est pareil pour tout le monde", sourit Thibaud Flament après avoir tant grimacé en juillet.

Que peut-on donc raisonnablement escompter, samedi soir, pour le retour à la compétition du XV "premium" face à une Écosse un chouïa remaniée ? Voir les cadres en forme - et en bonne santé au coup de sifflet final, Gabin Villière en cannes comme à ses plus belles heures, Paul Boudehent en fer de lance, Louis Bielle-Biarrey en finisseur décomplexé... On espère, à l’arrivée, une belle et large victoire, convaincante, quand bien même le score final importera peu… Les vérités d’août peuvent être aussi mensongères que prémonitoires, ne l’oublions pas. Ne boudons pas notre plaisir pour autant. Car par-delà les plans de développement, l’avalanche de données chiffrées et autres flèches du temps, les Bleus ont pour mission, pour devoir même, de diffuser du bonheur sur le chemin de leur conquête. D’en prendre aussi. Si la destination compte plus que tout, le voyage, aussi, a son importance. Et ce dès samedi. Pour que ceux qui ne seront pas au Stade de France dans un ou deux mois mais qui étaient à Capbreton et qui seront à Saint-Étienne ou à Nantes puissent avoir le luxe de dire, en cas de bonheur suprême : "J’y étais, j’ai vu les champions du monde au début de leur aventure. C’était parti de là."

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