Abonnés

XV de France - Alldritt, Dupont, Ntamack... "Ces joueurs savent faire la décision", assure Clément Poitrenaud (Toulouse)

Par Jérémy Fadat
  • Clement Poitrenaud lors d'un match face à Toulon.
    Clement Poitrenaud lors d'un match face à Toulon. Icon Sport - Icon Sport
Publié le
Partager :

L’ancien arrière international, qui a vu grandir la plupart des membres de cette colonne vertébrale à Ernest-Wallon (Julien Marchand, Antoine Dupont, Romain Ntamack et Thomas Ramos), analyse leur évolution et leur complémentarité.

Depuis toujours, on parle de l’importance de la colonne vertébrale. Est-ce encore aussi vrai dans le rugby moderne ?
Oui, évidemment. À ces postes, ce sont des joueurs amenés à prendre des décisions capitales durant une rencontre, qui ont des gestes techniques à effectuer ayant une grande influence sur le déroulement du match. C’est peut-être vieux comme précepte mais ça n’a pas changé. On s’aperçoit que les équipes solides sur cet axe-là sont généralement très efficaces. Cela prouve bien que c’est toujours dans l’ère du temps.

Que vous inspire cet axe 2-8-9-10-15 français qui, à l’exception de Grégory Alldritt, est celui du Stade toulousain ?
Déjà, il m’inspire confiance. Mais aussi un sentiment de solidité et cette faculté à renverser les matchs quand le besoin s’en fait sentir. Parmi les joueurs évoqués, tous ont prouvé qu’ils étaient capables d’être de vrais facteurs X. Ils savent faire la décision, sur une inspiration individuelle ou étant parfaitement connectés aux autres membres de la colonne.

On pense forcément à la dernière action de Romain Ntamack en finale du Top 14, laquelle illustre bien vos propos…
Oui, elle est révélatrice. Si on reprend l’action dans son intégralité, c’est d’abord une séquence collective d’envergure, sur laquelle Romain a la sagesse de faire jouer ses partenaires à trois ou quatre reprises, sans essayer d’en faire trop justement. Elle est là toute sa force, d’avoir réussi à s’effacer et à sortir de la boîte quand l’opportunité s’est présentée et qu’il a fallu prendre cette décision tellement importante pour l’équipe. Ces joueurs-là ont la capacité à faire jouer les autres à bon escient puis, quand ça s’ouvre, à prendre le leadership et à faire la différence. C’est ce qu’on leur demande en club et je pense que c’est pareil en équipe de France.

Est-ce rassurant de les aligner ensemble, eux qui sont aussi des leaders ?
Oui. Quand on les a rencontrés, ils étaient de jeunes joueurs plein de talent et de fougue.Depuis cinq ans, ils ont gagné des titres, ils ont accumulé des sélections, ils commencent à avoir une certaine expérience malgré leur âge encore relativement jeune. Forcément, les rapports ont évolué, leur vision des choses et du jeu aussi. On essaye de les nourrir, de les accompagner, de les écouter également pour en tirer le meilleur.

Vous nous avez d’ailleurs déjà raconté que Dupont, Ntamack ou Ramos venaient parfois spontanément vous voir dans le bureau des coachs pour partager une idée sur le jeu…
Parce qu’ils ont cette expérience et savent ce qu’ils veulent. On peut avoir des choses à leur proposer mais c’est à eux de les mettre en place sur le terrain, donc on a besoin d’avoir leur validation. Mais ces garçons ne sont pas dans la polémique.Ils essaient.Si ça fonctionne, tant mieux.Si ça ne fonctionne pas, ils tentent d’apporter des modifications. Avec des joueurs pareils, le bureau des entraîneurs est toujours ouvert car c’est essentiel de les impliquer dans la stratégie globale.

Marchand et Dupont sont capitaines depuis longtemps à Toulouse, Ntamack et Ramos l’ont été ces deux dernières années, Alldritt l’est à La Rochelle. Est-ce révélateur ?
Cela ne doit rien au hasard mais cela vient d’abord de leur qualité de joueur. Avant de s’imposer comme un leader de vestiaire, il faut avoir une certaine légitimité sportive, ce qu’ils ont réussi à acquérir assez rapidement et qu’ils parviennent à tenir dans le temps. Voilà ce qui inspire la confiance les concernant, ce qui est rassurant pour l’ensemble du groupe autour d’eux. Ce ne sont pas étoiles filantes mais des mecs qui assurent sur la durée.

Et qui aiment les responsabilités, même en-dehors du terrain ?
En l’occurrence, pour les Toulousains que je connais bien, ce ne sont pas forcément ceux qui parlent le plus.Mais quand Julien (Marchand), «Toto» (surnom de Dupont, NDLR), Romain (Ntamack) ou Thomas (Ramos) ont quelque chose à dire, ils sont écoutés. D’ailleurs, c’est souvent pertinent. Ces garçons influencent beaucoup les autres au quotidien.

Vous connaissez moins Grégory Alldritt humainement…
(Il coupe) Mais c’est la même bande.

Oui, il est ami avec Antoine Dupont depuis l’adolescence et passe beaucoup de temps avec les Toulousains en équipe de France…
C’est quelque chose d’important.Ils sont proches humainement et le numéro 8 doit bien sûr être connecté au demi de mêlée, sur les mêlées ou dans le jeu courant. «Greg» Alldritt est un porteur de balle préférentiel de l’équipe de France, donc il est amené naturellement à être en phase avec «Toto». C’est la même logique avec le jeu sur la profondeur du XV de France, qu’on pratique depuis longtemps à Toulouse, avec notamment Romain et Thomas qui sont là aussi amenés à être très connectés. Et c’est pareil pour Julien, qui est un peu le leader de combat de cette colonne vertébrale. Ce ne sont que des garçons qui pèsent beaucoup sur le jeu.

Julien Marchand est décrit comme un leader de vestiaire.Est-il moteur dans un groupe ?
C’est quelqu’un qui, par l’exemple et par son engagement sur le terrain, emmène les autres dans son sillage. Pour ce qui est de la prise de décision, dans les moments importants, il est évidemment épaulé par Toto, Romain ou Thomas qui sont en charge de la conduite du jeu. Tout ceci est une affaire collective, pour un groupe de joueurs qui décident un peu pour l’ensemble du groupe.

Vous n’êtes donc pas étonné de les retrouver à un tel niveau, avec un XV de France qui s’articule aujourd’hui autour d’eux…
Non, je ne suis pas vraiment surpris. C’est peut-être un peu moins vrai pour Thomas, qui a eu un parcours moins linéaire, mais ces joueurs étaient programmés pour le très haut niveau. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont commencé très jeune, qu’ils ont gagné très jeune, qu’ils ont été internationaux très jeune et qu’ils font partie de la génération du renouveau du XVde France.

Ce sont tous de grands joueurs, avec de fortes personnalités et donc des ego.N’est-ce jamais difficile de les faire cohabiter ?
Ce que je sais, c’est que les bons joueurs ont envie de jouer avec les bons joueurs. Certes, ils ont tous du caractère et savent se dire les choses. Mais ils sont aussi conscients qu’ils seront toujours meilleurs ensemble que séparément. Ils parviennent très bien à s’en accommoder et chacun a trouvé sa place dans le leadership. Ils collaborent et ont l’intelligence de ne pas laisser leur ego prendre le dessus sur le collectif. C’est ce qui permet à leur association de fonctionner aussi bien.

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (5)
JiaimeP Il y a 8 mois Le 12/08/2023 à 04:40

Super lecture. Ça fait plaisir, merci.

marielle63 Il y a 8 mois Le 11/08/2023 à 14:53

Dans « l'ère du temps. » je rêve. J'arrête de lire

Ledranob Il y a 8 mois Le 11/08/2023 à 15:28

Et du coup tu as l'air de quoi ?

JiaimeP Il y a 8 mois Le 12/08/2023 à 04:37

Les fautes de français du Midol, depuis toujours :))))

Djive-ST Il y a 8 mois Le 11/08/2023 à 11:26

Waouaaahhh ! Quelle belle analyse ! On prend une belle leçon et démonstration de stratégie rugbytisque ! Cette colonne vertébrale d'une équipe on la visualise maintenant ! On vient bien cet axe 2,8, 15 renforcé par les 9 et 10 capable de perforer le centre ou d'ouvrir les portes aux ailiers ! Bravo Clément et Jérémy !