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Coupe du monde 2023 - Édimbourg, le trésor ou le tombeau pour les nouveaux Bleus face à l'Ecosse

  • À l'instar des nouveaux sélectionnés, Yoram Moefana aura beaucoup à prouver face à l'Ecosse.
    À l'instar des nouveaux sélectionnés, Yoram Moefana aura beaucoup à prouver face à l'Ecosse. Icon Sport
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Au sein d’une équipe plus que "bis" samedi, beaucoup de Tricolores auront une opportunité unique d’aller mettre le bazar dans l’esprit de Fabien Galthié et espérer renverser la hiérarchie. Mais, dans ce contexte, certains peuvent aussi dire définitivement adieu à leur rêve de Coupe du monde.

Connaissez-vous seulement la particularité du cimetière Greyfriars Kirkyard, situé à quelques pas du célèbre château d’Édimbourg ? Il doit surtout sa forte attractivité touristique au fait d’être réputé comme le plus hanté du monde… Pas sûr pour autant que Fabien Galthié et ses adjoints aient pris le soin d’organiser une petite virée culturelle sur place pour faire comprendre à leurs troupes le sens de la métaphore. N’empêche, c’est sur la pelouse du mythique Murrayfield - à quelques kilomètres de là - que certains Tricolores pourraient enterrer leurs rêves et leurs illusions de Mondial samedi après-midi. Allez donc demander au Lyonnais Félix Lambey, celui qui nous était présenté durant le mandat de Jacques Brunel comme le deuxième ligne 2.0 à longueur de conférences de presse, comme le prototype ultime du joueur moderne à son poste.

Le 24 août 2019, c’est dans l’antre écossais qu’il a célébré sa dernière titularisation au niveau international, une petite semaine avant sa dernière apparition avec le XV de France, contre l’Italie, et l’annonce de la liste des garçons retenus pour la Coupe du monde 2019. Lui n’a jamais vu le Japon, ni même revu les Bleus. L’exemple a de quoi pousser à réfléchir… Depuis des semaines, et l’entame de la préparation sous le soleil brûlant de Monaco, il est question du même refrain à l’instant d’évoquer le copieux programme d’août, avec ses quatre matchs à la clé.

Paul Boudehent sera titulaire face à l'Ecosse.
Paul Boudehent sera titulaire face à l'Ecosse. Icon Sport

Pêle-mêle, c’est "une chance" ou "une formidable opportunité". Bref, chacun entonne officiellement l’air du "tout à gagner". Mais, et c’est purement mathématique à défaut d’être totalement cynique, si certains ont beaucoup à gagner… C’est forcément que d’autres ont davantage à perdre. Et c’est depuis la nuit des temps - ou au moins depuis que la plus grande des compétitions internationales existe - le lot de tous ces rendez-vous pré-Mondial.

Voilà aussi pourquoi, au milieu des belles tirades sur cette saine concurrence qui habite le groupe France ou sur l’apport de ces jeunes et talentueux novices prêts à vivre une expérience magnifique, l’entraîneur de l’attaque Laurent Labit est tout de même venu climatiser l’ambiance d’apparence idyllique la semaine dernière : "Les 42 joueurs ne sont pas garantis de jouer. […] Puis, on reste latins et, quand on sait les choses acquises, on a parfois tendance à se reposer, à ne plus tirer l’équipe vers le haut. Cette émulation, c’est donc un bon moyen de ne pas s’endormir. Pour ceux qui pensent être sûrs de jouer, ils doivent être au niveau pour rester dans les 33." C’est ce qui s’appelle une piqûre de rappel.

Pression sur Jalibert, Woki, Macalou ou Moefana ?

Qui pourrait se sentir visé par les propos du technicien ? Pas évident qu’un joueur en particulier le soit. Mais il n’est pas anodin d’être titulaire ce samedi à Murrayfield, et cela n’a certainement pas échappé à quelques-uns, plutôt installés sous l’ère Galthié. Quand Karim Ghezal fut interrogé, mardi, sur le mode de scrutin pour élire ce XV de départ, il a fallu décrypter : "Nous avons l’habitude de faire des réunions où on travaille sur les listes. Nous avons toujours le même fonctionnement. Ce qui change, c’est que nous devons tenir compte des joueurs qui ont fait une finale et qui ont repris un peu plus tard. Sur le groupe qui va jouer en Écosse, on en tient forcément compte dans la composition d’équipe. Nous avons quatre matchs de préparation et nous savons qu’il faudra équilibrer les temps de jeu."

Matthieu Jalibert aura lui aussi gros à jouer au poste d'ouvreur.
Matthieu Jalibert aura lui aussi gros à jouer au poste d'ouvreur. Icon Sport

Traduisez que les Dupont, Alldritt, Ntamack, Danty et autres cadres - à de très rares exceptions suivant les besoins - resteront à Marcoussis pour travailler en vue de la suite, lorsque la formation dite "premium" - entendez celle qui affrontera les All Blacks le 8 septembre - sera alignée un peu plus tard en août. Ce n’est pas faire offense aux hommes concernés par le déplacement d’Édimbourg de dire qu’ils sont pour la plupart (sur la ligne de départ) en troisième ou quatrième position à leurs postes.

Au milieu, se trouvent aussi Cameron Woki et Matthieu Jalibert, tauliers du mandat de Galthié, voire Sekou Macalou, Yoram Moefana et Ethan Dumortier, lesquels ont joué - à un moment où un autre - un rôle majeur dans l’aventure. De là à en conclure que leur billet pour septembre est en danger ? Non, il faut raison garder et rappeler que ceux-là ont leur destin entre leurs mains. Mais, entre blessures pour les uns ou saison mitigée pour les autres, il s’agissait peut-être de leur mettre un brin de pression sur les épaules dès le premier match qui n’a d’amical que le nom. Eux ne pourront pas simplement être portés par leur insouciance…

Devenir champions du monde, pas de l’entraînement

Pour le reste ? Oui, il conviendra d’abord d’oublier les préjugés et d’aller mettre le bazar dans l’esprit de Galthié pour croire encore en son étoile. Louis Bielle-Biarrey et émilien Gailleton, ces gamins pétris de qualités et de culot, n’ont cessé d’afficher leur grande forme et de traverser le terrain depuis un mois. Mais l’objectif est bel et bien d’être champions du monde, pas de l’entraînement. Car l’histoire est faite de mecs qui ont impressionné en semaine ou en préparation, puis beaucoup moins sur les matchs qui comptent.

Sinon, à force d’étés encourageants et de stages probants en altitude, le trophée Webb-Ellis trônerait déjà dans les vitrines du CNR. Alors, messieurs Gros, Bamba, Chalureau, Boudehent, Tanga, Couilloud, Dulin et consorts, c’est votre heure. "Ceux qui vont jouer ce week-end, c’est parce qu’ils l’auront mérité, a insisté Ghezal. On ne leur donne pas le maillot en disant : "Tu as participé à la préparation alors tu vas jouer." Ils sont venus le chercher." Quatre-vingts premières minutes pour monter dans le bon wagon…

Là où le moindre retard sera sans doute rédhibitoire. C’est aussi ça, la loi du plus fort que veut plus que tout devenir ce XV de France. L’ironie veut qu’Édimbourg, à la tombée de la nuit, présente un décor rappelant en tout point celui d’Harry Potter. Et si le tombeau de Murrayfield peut ainsi s’avérer maudit samedi, il doit aussi et évidemment cacher un sacré trésor pour les plus intrépides de ces drôles de sorciers français.

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Les commentaires (1)
CasimirLeYeti Il y a 8 mois Le 08/08/2023 à 01:21

Il est vrai que Félix Lambey avait fait un Tournoi extraordinaire et faisait partie de ces premiers "4" qui jouait comme un "6" ; un autre en suivant est tombé, tout aussi talentueux, voire plus Arthur Iturria... Lui, est tombé pendant la Coupe du Monde et on ne l'a jamais revu. On l'avait fait changer de poste !