L'édito du lundi : le conservatisme au défi de la jeunesse
C’est le feuilleton de l’été. Qui va nous occuper durant tout le mois d’août, jusqu’à l’ultime limite et la liste de Fabien Galthié dévoilée juste avant que ne débute le sprint final vers le Mondial. Alors, qui ? Oui, qui pour brouiller les cartes et jouer les « ovni » au sein d’un groupe dessiné et formaté sur l’autel de l’expérience ? Autrement dit, le sélectionneur lui-même donnera-t-il du crédit à l’imprévu en cédant aux sirènes de la nouveauté au point de renier une partie de ses principes fondateurs ?
Souvenez-vous, depuis son entrée en fonction, Galthié n’a cessé d’offrir des repères individuels et collectifs à ses joueurs majeurs, posant la quête absolue d’un quinze majeur et dressant le portrait-robot du prochain mondialiste tricolore : 28 ans et 50 sélections.
Mais le Covid est passé par là pour ralentir l’apprentissage et modifier les plans de l’ancien demi de mêlée. Autant que les méandres du calendrier franco-français qui l’ont conduit régulièrement à élargir la liste de ses sélectionnés. Du coup, le XV de France a gagné en fraîcheur ce qu’il a perdu en repères. Et c’est parfait pour nourrir la fameuse incertitude qui va planer sur la préparation estivale, plus encore sur les matchs amicaux du mois d’août.
Vous trouverez en point d’orgue les deux premiers rendez-vous face à l’Écosse, qui devraient servir d’ultimes révélateurs. Après eux, le déluge. Une fois passés les Écossais, le temps sera certainement venu de refermer les verrous autour d’un groupe appelé à peaufiner son rugby et à monter en puissance jusqu’au 8 septembre. L’Australie et les Fidji serviront alors de rampe de lancement.
Alors, qui face à l’Écosse ? Évidemment, les jeunes trois-quarts Louis Bielle-Biarrey (Bordeaux) ou Émilien Gailleton (Pau) qui, vous le lirez ici, ont marqué les esprits depuis le premier jour de stage. Et qui devraient avoir l’occasion de se montrer. C’est là qu’ils joueront leurs atouts, tels des chamboule-tout, et s’inscriront dans les traces d’un Thierry Dusautoir (2007) ou d’un Charles Ollivon (2019) qui furent les derniers invités tardifs et marquants des précédentes Coupes du monde.
Pour goûter à d’autres surprises, il faudra très certainement patienter et attendre la loterie des blessures qui vient à chaque fois modifier les plans de sélectionneurs. C’est à ce prix que les principales surprises pourraient survenir, jusqu’à la veille de la fameuse liste du 21 août. Et c’est là que nous pourrions voir apparaître des visages « surprises ». Et pourquoi pas alors un Posolo Tuilagi au moment de faire le nombre : l’imposant deuxième ligne présenterait l’avantage d’un profil atypique et ne viendrait pas perturber l’équilibre parfois précaire d’un groupe de mondialistes.
Mais, ne rêvez pas. Si le rugby actuel célèbre régulièrement la jeunesse, il ne devrait pas y avoir de grand chambardement dans toutes les lignes. Fabien Galthié est trop conservateur pour tenter ainsi le diable, oser l’impensable et remettre en cause tous les principes d’une construction voulue savante qu’il a si patiemment mise en place. En d’autres mots, la jeunesse n’aura pas la peau de l’expérience.
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