L'édito : le calme, et après

  • L'équipe de France lors de son stage de préparation à Monaco.
    L'équipe de France lors de son stage de préparation à Monaco. Icon Sport - Icon Sport
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Soufflez un bon coup. Comme nous, vous venez certainement de vivre votre premier week-end de l’année sans trace de crampons sur les terrains et sans ballon sur les écrans. Pas d’équipe de France, pas de club, personne à l’horizon. Oui, c’est une première !

En dehors des plages, il n’y eut rien à l’horizon. Pas la moindre compétition à se mettre sous la dent à part ces deux matchs amicaux comme des miettes joués à l’autre bout du monde : Fidji-Tonga et Japon-Samoa.

Soufflez donc face au vide. Ce manque d’actualité est une exception nous renvoyant à la froide réalité de notre sport qui vit comme il joue : à cent à l’heure, ne supportant plus le moindre relâchement. Et c’est encore plus vrai en France où le rugby vibre d’une frénésie boulimique et addictive.

À peine une saison est-elle ainsi bouclée qu’une autre démarre. Pas le temps de digérer qu’il faut passer à autre chose ; pas le temps d’analyser qu’il faut inventer la suite. Alors, on fonce. Tête baissée.

C’est le cas de l’équipe de France qui fait son travail d’épure avant le Mondial. C’est le cas, aussi, des clubs qui se préparent et tentent aujourd’hui d’apprendre à jongler avec un calendrier de Top 14 morcelé comme jamais. Et c’est le cas, enfin, du gratin de nos rugbymen qui mène un train d’enfer et n’a jamais eu aussi peu de repos entre deux échéances.

Même si nous ne pouvons bouder notre plaisir, avec cette passion qui brûle et la promesse d’avoir à tutoyer bientôt l’exceptionnel, cet enchaînement des défis a de quoi donner le tournis. Faut-il donc que nous soyons fous pour mener un tel train, parfois tout confondre, tirer plus que de raison sur la corde du raisonnable et risquer ainsi l’overdose ? Peut-être bien, oui.

Évidemment, que ce n’est plus le moment de réfléchir à poser le pied sur la pédale du frein pour ralentir. Évidemment, qu’il est trop risqué de changer un modèle fragile. Évidemment que ce n’est pas tous les jours la Coupe du monde… Oui, oui, on sait tout ça. Et on sait aussi combien notre rugby a une sacrée propension pour tout oublier.

Dans quelques mois, il faudra pourtant se souvenir du rythme d’enfer imposé à cette génération de Bleus tiraillée sur tous les fronts : entre sélection et club, entre sportif et business qui déborde jusqu’au cœur des vacances…

Elle devra donc bientôt souffler, laisser respirer les corps et les esprits. Et il faudra également apprendre à faire sans elle, par moments, pour un temps ou pour longtemps. C’est la loi du genre, quand les shows s’enchaînent sans relâche, toujours plus forts que tout.

En choisissant de ne jamais se poser, notre rugby doit assumer. D’abord accepter de faire tourner les têtes d’affiche plus vite que prévu. Et ensuite assurer la qualité du spectacle, pour que le rugby – notre institution- reste plus fort que tout. Voilà qui tombe bien, grâce au récent titre de champion du monde de nos Bleuets la promesse d’avenir n’est jamais apparue aussi farouche !

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Les commentaires (3)
whinerey Il y a 9 mois Le 25/07/2023 à 09:56

Bientôt ce sera l'overdose. Quand tous les joueurs pourront-ils prendre du repos pour nous proposer le spectacle que nous attendons tous. Quand nous voyons le niveau d'engagement ( La Rochelle-Leinster, Toulouse- La Rochelle, etc....) , nous pouvons être inquiet sur la santé future des joueurs. Feront-ils de beaux vieux? L'arthrose les attend.

Holedrop Il y a 9 mois Le 24/07/2023 à 13:58

On peut toujours faire autrement. Encore faut-il connaître le fondement de notre désir , moteur de toute vie; en somme, ce qui prime sur toute autre considération.

La fatalité n' existe pas. À part dans l'esprit de ceux qui veulent nous emmener vers une destination infernale pour la majorité d' entre nous et paradisiaque pour une infime minorité.

Ils vous diront alors " le train de l' Histoire est lancé , on ne peut pas arrêter l' Histoire" oubliant au passage que ce sont les hommes du présent qui font l' Histoire par les choix qu' ils posent courageusement ou pas .
La financiarisation internationale de l'économie ne fait pas dans la dentelle de l' équilibre des forces,l'intérêt et le bien être des nations et du vivant , contrairement à toute la belle devanture humaniste et écologique qu' ils affichent en permanence . Pourquoi? Parce que c' est tout bonnement contre nature puisque le but est la rentabilité à très court terme et la marchandisation de ...tout , le vivant y compris . Donc son bien être individuel et collectif , ils s' en tapent. L'humain est une variable d'ajustement inanimée que l'on peut déraciner et replanter à l' envie. Sauf qu' à un moment donné , ça ne fonctionne plus . Le réel , la naturel reprenant ses droits .

Il n' y a plus aucune limite dans un monde mû exclusivement par les forces de l'argent . Les exemples pullulent au niveau social et politique et dans tous les secteurs d'activité ( le sport n' y échappant pas) .


Alors ? Rugby business rouleau compresseur , lessiveuse essoreuse des corps et des psychés ou rugby professionnel, permettant à tous de gagner plus que correctement sa vie mais pouvant encore se regarder en face sans se parjurer ?

Gcone1 Il y a 9 mois Le 24/07/2023 à 12:26

Oui, bien vu et merci pour ce regard un peu bref. Elie Wiesel parlait du train à bord duquel nous étions. Un train qui fonce trop vite pour pouvoir sauter en marche, et qu'il est dorénavant impossible de ralentir. Il reste, disait-il, à essayer d'infléchir sa trajectoire. Avant le mur...
Bons matchs !