L'édito : "Promesse d’avenir"

  • Le XV de France U20, champion du monde 2023.
    Le XV de France U20, champion du monde 2023. Icon Sport - PA Images
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L'édito du lundi par Emmanuel Massicard...

Vous savez quoi, le rugby français est aujourd’hui l’égal de la Nouvelle-Zélande. Non, vous ne rêvez pas, forts de leur troisième titre de champion du monde, les Bleuets regardent droit dans les yeux et tutoient les Baby Blacks. Au regard de la domination, réelle et fantasmée, des hommes à la fougère, ce n’est pas la moindre des performances, il faut en convenir

Qui peut en dire autant ? Personne. Qui peut avoir concassé tous ses adversaires avant de s’installer sur la première marche du podium, pour mieux partager le trône avec ces « Blacks » qui incarnaient jusqu’ici la référence suprême ? Personne, on vous le répète, à part cette nouvelle génération de Bleuets qui tranche tant avec ses devancières. Dans l’art, la construction et la manière, les partenaires du trio majeur Jauneau-Tuilagi-Gazzotti ont rempli leur contrat avec le sentiment d’une force en tous points impressionnante.

La promesse ainsi tenue est merveilleuse pour ce qu’elle suppose de certitudes déjà acquises, à ne surtout pas oublier et, mieux, à cultiver. C’est ainsi notre devoir de mémoire, qui s’est renforcé puissance 3 après avoir bouté les Irlandais en finale.

D’abord les « Jiff » ont transformé le rugby français en limitant le nombre de joueurs étrangers et, par voie de conséquence directe, en redonnant une raison d’être et un avenir à la formation tricolore. Merci Pierre-Yves Revol pour l’avoir créé, merci Paul Goze pour l’avoir renforcé. L’ancien boss de la Ligue mit fin à la folie de certains présidents qui se sont offert la gloire sur le dos des Bleus en construisant des équipes bien trop largement composées par la main-d’œuvre internationale ; il fallait n’avoir rien compris au rugby français, à son histoire et à ses problématiques pour se nourrir ainsi de succès parfois grandioses mais personnels, suintant l’ego et l’absence de vision.

Ensuite, la structure « club » reste le meilleur support de formation du joueur pour peu que les moyens et objectifs soient en adéquation. Ici, bravo à Bernard Laporte. Dès son élection en décembre 2016, l’ancien président de la FFR sonna le glas du pôle France avec pour effet direct de renvoyer les meilleurs joueurs espoirs dans les clubs, plutôt que les retenir à Marcoussis dans une forme d’entrisme néfaste à tous. En passant leur semaine à Marcoussis, ces jeunes talents avaient l’horizon bouché en club et végétaient en catégorie « Espoir ». La faute aussi à leurs managers qui, les voyant trop peu, préféraient miser leurs cacahuètes sur le recrutement venu d’ailleurs.

Depuis, tout a donc changé. Ces jeunes jouent tous ou presque en Top 14 ou en Pro D2. Ils progressent chaque jour au contact des pros, s’imprègnent comme des éponges et se nourrissent de toutes les expériences. Résultat, les talents émergent dans toutes les lignes avec des joueurs « factor x » qu’hier nous badions chez les autres et qui sont aujourd’hui les nôtres, héritiers de la génération Dupont-Ntamack.

Résultat, ils sont champions tels des grands, matures avant l’heure, maîtres de leur sujet et capables de rester dans les clous d’un plan de jeu taillé sur mesure. Résultat, ils collent parfaitement à ce rugby qui célèbre les vertus de la jeunesse : fraîcheur, vitesse, culot et liberté. La clé du sport dit moderne parce que justement de son temps.

La promesse est respectée. Elle reste d’actualité. Belle pour l’avenir et pour ce qu’elle porte d’évidence, d’engagement et de mémoire. Surtout, ne jamais oublier d’où l’on vient et ne surtout pas jouer avec cette jeunesse qui mérite et méritera toujours le meilleur de nous-mêmes.

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Les commentaires (2)
en1515 Il y a 9 mois Le 17/07/2023 à 17:54

"Bouté les irlandais en finale" joli contresens pour un homme de plume supposé parler correctement le français... Bouter veut dire pousser, conduire, chasser. Donc les bleuets n'ont sûrement pas bouté les irlandais en finale ils y étaient venus tous seuls !

bazar-maniaque40 Il y a 9 mois Le 17/07/2023 à 13:03

Merci Emmanuel. Je partage cette analyse car il faut effectivement savoir pourquoi on peut aujourd'hui savourer cet état de grâce des u20. Oui c'est le temps de jeu au niveau pro qui fait la différence, oui c'est l'audace, l'énergie et le talent de cette sélection d'une génération bien mieux préparées niveau national et tellement mieux accompagnée dans les clubs
Mais les autres nations vont vite apprendre soyons vigilants et toujours en avance, le prochain défi de la fédération.