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Coupe du monde U20 - Gazzotti, Nouchi, Jegou, portraits de la 3e ligne des Bleuets

Par Simon Valzer, Nicolas Zanardi et Marc Duzan
  • Lenni Nouchi, Marko Gazzotti et Oscar Jégou (de gauche à droite).
    Lenni Nouchi, Marko Gazzotti et Oscar Jégou (de gauche à droite). Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Depuis le début de cette Coupe du monde en Afrique du Sud, le Montpelliérain Lenni Nouchi, le Grenoblois Marko Gazzotti et le Rochelais Oscar Jégou forment à n’en pas douter la troisième ligne la plus complémentaire de la compétition. Après avoir fait si mal aux Baby Blacks, ces trois hommes ont encore élevé leur niveau la semaine dernière contre le XV de la Rose. De quoi attiser, s’il le fallait encore, la curiosité de tout ce que le pays compte de rugbyphiles et aborder la finale face aux diables verts de façon sereine. Enfin, presque…

Lenni Nouchi : l’homme à tout (très bien) faire

Si le MHR a traversé une vraie saison morose l’année dernière (on rappelle que le club héraultais a terminé à la onzième place du Top 14 et a été éliminé en huitième de finale de Champions Cup par les Anglais d’Exeter), celle-ci a toutefois été égayée par quelques vrais rayons de soleil. Et l’éclosion de Lenni Nouchi fut clairement de ceux-ci. Pour sa première saison avec les pros, le fils de Samuel, ancien deuxième ligne de Béziers et de Montpellier, a signé une saison remarquée. On se souvient de ses belles entrées en jeu contre Exeter, lors du huitième de finale complètement fou qui se solda sur un match nul (33-33) ou encore à Castres pour la victoire montpelliéraine (19-28), ainsi que de son excellente prestation à Bayonne, en tant que titulaire, et ce malgré la courte défaite (33-30).
Avec un effectif comptant dans ses rangs des Camara, Bécognée, Mercer, Dakuwaqa, Tauleigne, Van Rensburg et même Doumenc, qui débarquait de Pro D2 avec un beau CV, on se demandait franchement comment le jeune, le très jeune, Lenni Nouchi allait se faire une place dans la rotation. Mais il y est arrivé. Avec le MHR, il a terminé l’exercice avec onze feuilles de match, dont sixcomme titulaire. Un passage qui lui a fait le plus grand bien : « Personnellement, jouer avec les pros m’a beaucoup servi. Le Tournoi des 6 Nations m’a, lui aussi, fait basculer du bon côté. J’ai joué avec des personnes qui ont beaucoup d’expérience. Cela m’a aussi fait gagner de la confiance et j’ai évolué beaucoup plus rapidement que prévu. »
Avec les moins de 20 ans, il s’est en revanche affirmé dans le rôle du joueur irremplaçable, comme en a témoigné son omniprésence durant le Tournoi de la catégorie (cinq apparitions pour autant de titularisations), ainsi que son nouveau statut de capitaine à la Coupe du monde en Afrique du Sud. Un rôle qui l’honora au plus haut point : « Ça va être la première fois que je vais être capitaine, c’est un véritable honneur. Je sais que je vais avoir aussi l’appui de quelques joueurs qui parlent très bien anglais, pour échanger avec l’arbitre. Je n’ai pas de soucis à me faire là-dessus. Aujourd’hui, nous sommes plusieurs à être des leaders, des capitaines. C’est un honneur de pouvoir se partager la tâche. »

Ultra-polyvalent

Sur un terrain, Lenni Nouchi n’est pourtant pas dans le partage de tâche. Son truc serait plutôt de tout faire. Et très bien. À tel point qu’au gré de ses équipes, il a couvert tous les postes du pack, hormis la première ligne. Au Tournoi des moins de 20 ans, il a commencé en flanker côté ouvert avant de grimper dans la cage, d’abord à droite puis à gauche. En club, le staff du MHR n’a pas hésité à le titulariser sur le côté fermé de la mêlée et même en troisième ligne centre le 28 mai à Pau. Dans cette surprenante polyvalence, il faut voir les multiples talents du jeune Ciste : la goût du combat et la puissance en deuxième ligne, la mobilité de la troisième ligne, l’habileté technique du numéro 8… sans oublier ses qualités aériennes, qui font de lui l’un des maillons forts de l’alignement français.

Marko Gazzotti : «Beau bébé» covid

On n’écrira probablement jamais assez la richesse éternelle d’un club comme le FCG, capable de sortir des pépites de son centre de formation avec une régularité invraisemblable. Qu’un Ange Capuozzo soit à peine sorti de son cocon pour s’installer au Stade toulousain et devenir une star planétaire de ce jeu? C’est désormais (en attendant Barnabé Massa dont la Coupe du monde n’a pas fait long feu mais qui se rattrapera probablement en 2024) sur un autre phénomène à consonance ritale que tous les regards se portent désormais. On veut évidemment parler ici de Marko Gazzotti, homme de base des Bleuets depuis le début de l’aventure sud-africaine et homme du match lors de la demi-finale face aux Anglais.
L’occasion, plus que jamais, de se pencher sur le parcours d’une des grandes révélations de la saison 2022-2023, formée à Aix-les-Bains puis passée un an par Rumilly avant d’atterrir à Grenoble en deuxième année cadets, dont la trajectoire météorique ne semble pas partie pour s’arrêter. «C’est vrai que tout est arrivé très vite, je n’ai pas trop eu le temps de réfléchir, nous confiait voilà quelques semaines le numéro 8 du FCG. Gagner du temps de jeu avec les pros et disputer le Tournoi M20 pour postuler à la Coupe du monde en juin, c’étaient les objectifs que je m’étais fixés en début de saison. J’ai essayé de prendre les choses comme elles venaient, en prenant un maximum de plaisir.»

Douze kilos en un an et le déclic…

Et cela avec une régularité de métronome : premier match en pro à Vannes en octobre, première au stade des Alpes contre Soyaux-Angoulême un mois plus tard, première titularisation à Colomiers fin novembre, premier essai contre Massy en décembre… Une progression aussi inexorable et logique (même si quelque peu gâchée par son absence de la feuille de match lors de la finale de ProD2, que le garçon a ruminé pendant quelques semaines) que Marko Gazzotti s’avère discret et brillant, à en écouter le manager de l’académie pole espoirs de Grenoble, Geoffray Henry. « Marko a toujours eu des facilités dans tout ce qu’il entreprend (détenteur d’un bac scientifique mention bien, il suit actuellement une licence d’économie-gestion, N.D.L.R.), mais surtout de la détermination. Même si les proviseurs du lycée Louis-Michel jouent le jeu avec nous, le pôle espoirs, ça reste très dur, avec trente-deux heures de cours et treize heures d’entraînement par semaine. Si les gamins ne sont pas solides et déterminés, ça ne peut pas fonctionner. En cela, on peut dire que Marko a particulièrement bénéficié de l’effet covid, dans le sens où l’arrêt des compétitions lui a permis de travailler physiquement très fort. Sa chance a été de tomber dans une génération où les gamins se sont tiré la bourre. Avec lui, il y avait Louis Bielle-Biarrey, Barnabé Massa et Zaccharie Affane, mais aussi Loris de Concilio (actuellement blessé), sans oublier Gabin Rocher et Karsen Talalua (respectivement partis à Montpellier et Toulon). En un an, il a pris douze kilos. Et comme physiquement c’était déjà un animal, la seule question pour nous était de savoir où il pouvait s’arrêter… »
Une interrogation qui se posera avec toujours plus d’acuité après cette Coupe du monde qui l’a définitivement propulsé sur le devant de la scène, attisant notamment des convoitises en provenance de Toulouse et Bordeaux-Bègles.

Oscar Jégou : un Oscar d’or

Pour tout dire, le Top14 a eu, en fin de saison dernière, un petit aperçu de qui était Oscar Jégou, l’actuel troisième ligne des moins de 20 ans tricolores : cet après-midi-là, au stade Marcel-Deflandre et face aux Soldats roses parisiens (14-10), la cisaille des Bleuets avait disputé, aux côtés de onze autres espoirs du club, trente minutes de jeu et prouvé qu’il aurait, très bientôt, l’étoffe pour intégrer une troisième ligne qui compte pourtant, avec Grégory Alldritt, Levani Botia, Paul Boudehent, Yoan Tanga-Mangene ou Matthias Haddad, des flankers de stature internationale.
Oscar Jégou ? Formé sur l’île d’Oléron, il est arrivé au Stade rochelais un peu avant l’adolescence et très vite, sa détermination en défense et surtout, sa capacité à créer des surnombres sur les extérieurs, a marqué les esprits du côté de l’Atlantique et depuis le coup d’envoi du Mondial des moins de 20 ans en Afrique du Sud -et même s’il avait été ménagé du premier match face au Japon (75-12) en raison d’un léger virus- le flanker du Stade rochelais a largement impressionné tout ce que le pays compte de rugbyphiles.

Jégou, un plaquage assassin

Concernant Oscar Jégou (1,90 m et 90 kg), l’entraîneur des espoirs du Stade rochelais, Sébastien Morel, explique en préambule : « Ce garçon met un engagement total dans tout ce qu’il entreprend. Il possède à ce titre une énergie incroyable. Si la défense reste à mes yeux son point fort, Oscar est également un bon leader d’alignement et quelqu’un de très intéressant d’un point de vue offensif parce qu’il peut évoluer dans les couloirs, au milieu du terrain et qu’il parvient le plus souvent à faire jouer ses partenaires autour de lui. Il a de très bonnes mains, comme on dit, et peut à moyen terme devenir un joueur de très haut niveau. » S’il reste néanmoins à Oscar Jégou une marge de progression, elle concerne aujourd’hui la dimension physique. Sébastien Morel, ancien centre du club maritime et de Clermont, poursuit ainsi : « Il va continuer de s’étoffer physiquement dans les deux ou trois années à venir. Mais il ne faut surtout pas qu’il devienne trop volumineux parce que cela desservirait nécessairement les qualités naturelles de son jeu. »
Le profil d’Oscar Jégou, un flanker qui se déplace énormément sur un terrain de rugby, colle donc plutôt bien aux caractéristiques des moins de 20 ans tricolores, lesquels signent la plupart de leurs victoires sur un important volume offensif et une possession qui ne se dément que rarement. À ce sujet, Sébastien Morel conclut : « En défense, on n’a pas encore vu le vrai Oscar Jégou sur ce Mondial des moins de 20 ans parce qu’offensivement, cette équipe de France roule sur tout le monde et a le ballon plus souvent que l’adversaire. Mais pour l’avoir vu à l’œuvre maintes et maintes fois, je peux vous assurer qu’Oscar surprend souvent les porteurs de balle au plaquage, faisant reculer des adversaires qui le dominent pourtant physiquement. En espoirs, il a cette saison survolé les rencontres. »
Et à l’heure où Ronan O’Gara s’apprête à faire le deuil provisoire d’Alldritt, Botia voire Paul Boudehent ou Tanga-Mangene, qui seront pour la plupart d’entre eux retenus dans les groupes du Mondial, l’éclosion d’Oscar Jégou tombe à point nommé…

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