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Trente ans après, l’héritage Armand Vaquerin vit encore

Par Loïc Bessière
  • Armand Vaquerin, dix fois champion de France (un record qu’il sera dur à égaler) a également porté à 26 reprises le maillot de l’équipe de France. Photo archives Midi Olympique
    Armand Vaquerin, dix fois champion de France (un record qu’il sera dur à égaler) a également porté à 26 reprises le maillot de l’équipe de France. Photo archives Midi Olympique
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Le mystère autour de sa mort, ses dix Brennus ou les anecdotes d’une vie à deux cents à l’heure : la mémoire d’Armand Vaquerin reste vivante mais le sportif passe au second plan, malgré le formidable joueur qu’il a été.

"Tu sais qu’on est sur le chemin d’Armand, là ?" En sirotant sa grenadine dans un café place des Trois Six à Béziers, Alexandre Mognol donne rendez-vous sur l’itinéraire emprunté par Armand Vaquerin ce funeste 10 juillet 1993. De la boîte de nuit "L’Usine à Gaz", l’ancien pilier passe manger aux "Halles", se rend au "Bar de la Poste" puis arrive au "Bar des Amis". Ce fut sa dernière tournée.

Alexandre Mognol n’avait que 2 ans quand Armand Vaquerin décède. Fils de Claude, pilier gauche à l’ASB dans les années 80, il grandit avec la mémoire de l’homme aux dix Brennus.

Les années passent, il rejoint la capitale, devient journaliste et se lance dans un podcast sur la mort du pilier gauche. Un an de travail aboutit à sept épisodes du "Canon sur la tempe", en 2018. Principale difficulté : démêler le vrai du faux. "J’ai en tête, quand je commence, une phrase de mon grand-père : "Si tu écoutes les Biterroises et les Biterrois, ils y étaient tous !" Chacun veut un bout de la légende. Pour en avoir un, ils essayent de se lier à elle. Comment ? En racontant qu’on y était, qu’on l’a vu, qu’on l’a effleuré… Les gens veulent s’approprier la légende Armand Vaquerin. Cela peut se comprendre ?"

Le Biterrois nostalgique

Vaquerin à Béziers, c’est un nom qui parle encore. À la publication de son podcast, Alexandre Mognol reçoit des dizaines de messages. Les renseignements d’une personne lui donnent l’envie de se replonger dans la vie du natif de l’Aveyron. "La Dernière tournée" voit le jour, en 2022, un deuxième succès. La légende Vaquerin retrouve de l’allant, dépasse la sphère du rugby et de Béziers. "Des gens ont découvert Vaquerin à travers les podcasts, conclut Alexandre Mognol. C’est une histoire liée au rugby mais cela va au-delà du sport, c’est pour cela que ça a marché. Au cœur de l’histoire, il y a un personnage fort. Il a tout du héros, les hauts, les bas, la force, une certaine fragilité…"

Curiosité malsaine ou pas, le fait divers intéresse toujours. Encore plus quand il concerne une légende du rugby et un personnage haut en couleur comme Armand Vaquerin. Le mystère autour de sa mort, roulette russe ou pas, faisant le reste. Une histoire qui ne doit pas faire oublier le joueur, précurseur de ce que les spécialistes définissent aujourd’hui comme "un pilier moderne". Puis le public biterrois est éternellement nostalgique, faisant vivre l’héritage d’Armand Vaquerin, souvent avec des phrases chocs et des anecdotes. "Ça a perduré car, aujourd’hui encore, les réseaux sociaux reprennent cette période-là comme un exemple", lâche Richard Astre.

Un record suscitant le questionnement

À l’initiative de Diego Minarro, ex-directeur du centre de formation de l’ASBH, parti à la retraite vendredi, les joueurs du centre ont des cours sur l’histoire du club. Comme ceux de l’effectif professionnel. David Wozniak, auteur d’une thèse sur l’AS Béziers (lire ci-dessous), accompagne l’ancien talonneur. "Les joueurs s’intéressent aux anecdotes, comme celle du Bronx, que Vaquerin a visité tout seul. Ce côté de vie à deux cents à l’heure, ça plaît mais pas autant que le record des dix Brennus. Ceci les intéresse davantage que le joueur en lui-même." Diego Minarro a partagé la première ligne rouge et bleu avec Armand Vaquerin. Les anecdotes fusent. Certains joueurs les écoutent, "mais ils sont timides. Je ne sais pas si c’est dû aux datas, aux réseaux sociaux mais ils manquent de curiosité".

Il est 19 h 30 au 3 avenue Léon-Garibaldi. La chaleur de ce mois de juillet n’est pas lourde, elle est même agréable. Une petite poignée de personnes sont attablés au "Bar des Amis", devenu "Le Why Not". Les clients y dégustent un kebab, accompagné d’un soda. Combien savent ce qu’il s’est passé il y a trente ans ?

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