Finale Top 14 - L'édito : Ali, Foreman

  • Antoine DUPONT (Toulouse) et Tawera KERR BARLOW (La Rochelle).
    Antoine DUPONT (Toulouse) et Tawera KERR BARLOW (La Rochelle). Icon Sport
Publié le
Partager :

Il faut aimer la boxe et son histoire, la connaître et la considérer à la hauteur qu’elle mérite pour bien apprécier ce qui va suivre. Aimer la violence noble d’un sport où les protagonistes se tombent dans les bras sitôt la cloche sonnée. Ils saluent ensuite le clan adverse et lèvent le gant du pugiliste d’en face, celui qui, pendant 12 rounds et 36 minutes, avait pourtant tenté de vous écraser le crâne. Drôles de mœurs, finalement si admirables. On ne doit que du respect à celui qui, comme vous, eut le cran de monter entre les cordes, à la vue de tous, au risque de sa santé et de son honneur.

La boxe, c’est l’histoire d’un sport roi et d’une catégorie reine, celle des poids lourds. Entre Hommes de 100 kg et plus, les uppercuts décollent les mâchoires, les crochets fracassent les pommettes et chaque coup peut sonner la fin du combat. Direction le sol.

La Rochelle et Toulouse sont de ce sang-là, de cette éthique-là et de ce tonnage-là. On veut bien entendre que le Stade toulousain ose plus, qu’il offre plus facilement un peu d’air au ballon. Il s’en revendique. D’accord. Jusqu’à plus ample informé, les onze Boucliers qu’il a compilés depuis trente ans le furent pourtant tous à la force du coffre et des poings. Devant, là où les hommes forts se toisent et où Toulouse a construit ses succès.

Le club du président Lacroix devra encore en passer par là, ce samedi. Toulouse, le Mohamed Ali du rugby français, son icône la plus titrée et la plus médiatique va enfin croiser la route de son George Foreman. Un Stade rochelais qui cogne, cogne et cogne encore, de ses mains d’enclume et qui finissent presque inexorablement par réduire en miettes les os et la volonté adverse.

Grande baston à venir dans la jungle du Stade de France. Question de force et d’orgueil. Une suprématie est en jeu.

Mohamed Ali, pour l’histoire et même la grande Histoire, avait battu George Foreman, le 30 octobre 1974. Le "stade du 20 mai" de Kinshasa était balayé par le souffle de la foule et la pluie diluvienne. Ali, durant huit rounds, avait surtout encaissé et souffert les assommoirs de Foreman. Sans jamais rompre, et avant de piquer à son tour. "Vole comme le papillon, pique comme l’abeille, et vas-y cogne mon gars, cogne."

C’est donc à pareil défi que seront confrontés les Toulousains. Résister à la horde de rhinocéros qui se jettera à leur abordage, avec méthode et répétition des impacts. Encaisser la charge de Danty, puis celles d’Alldritt, d’Atonio, de Skelton, de Botia, de Boudehent. Rien de sauvage : tout est ici méthodique, presque mécanique. Pensé au millimètre. Jusqu’au point de rupture, celui de l’épuisement auquel les deux colosses du rugby français ne manqueront pas de s’amener. K.-O. debout. Qui craquera le premier ?

La clé se nichera dans la capacité des uns et des autres à encaisser. À maintenir un niveau d’agressivité supérieur jusqu’au bout. À donner plus, et plus longtemps. Elle se logera dans l’appétit, en vrai, celui d’un doublé ou celui d’un titre qui rendrait sa stature. Ces ogres ont faim.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (2)
Gcone1 Il y a 10 mois Le 16/06/2023 à 09:04

Rugby de rhinocéros ! Bien vu !

cainry Il y a 10 mois Le 16/06/2023 à 08:42

Sublime référence au combat de 74, c'est le symbole éternel de la valeur des grands sports, la preuve ? revisionnez attentivement la vidéo..la jeune fille qui tient le panneau du 8eme round , le tient à l'envers et présente ainsi un symbole de l'infini..80mn d'infini ou d'éternel nous attendent et comme disait Audiard, "l'éternité c'est long , surtout vers la fin" ,il s'y connaissait en rugby...